Tankcrimes Records réunit ici deux de ses artistes fétiches pour un split très court (deux pistes pour chacun des groupes) en guise d'amuse-gueule avant les albums respectifs de
Cannabis Corpse et de
Ghoul. Avant d'aller plus loin, je crois qu'il serait injuste de faire l'impasse sur une pochette surréaliste, à base de cannabis humanisé et plutôt vindicatif, et un bang énorme brandi comme une mitraillette...Voilà, l'injustice est évitée.
On retrouve le groupe adepte de plantes plus ou moins médicinales
Cannabis Corpse et leur death metal solide, ici beaucoup moins Thrashy que sur leurs albums. Le groupe américain fondé en 2006 fait démarrer le split sur les chapeaux de roue avec "The Inhalation Plague": riff communicatif, vocaux enragés (jusqu'à un surprenant cri aigu en toute fin de compo) et blasts imposants semés avec parcimonie comme d’écrasants sursauts dans un train lancé à toute vitesse par un conducteur trop "high" pour mener la machine en toute sécurité (je pense que ces messieurs californiens apprécieraient la comparaison).
Bien qu'un chouïa moins brutal, "Splatter Their Bongs" n'est pas en reste et semble même faire revivre pendant quelques minutes le groupe si séminal qu'était Death. Solos, chorus, harmoniques, structure, mixage, tout renvoie directement à ce Death metal initial sorti du cerveau créatif et innovant du regretté Chuck Schuldiner.
Par une posture ultra-référentielle,
Cannabis Corpse ne fait donc clairement pas avancer le genre mais on ne peut que constater la redoutable efficacité de cette formation.
A titre personnel,
Ghoul me convainc moins. Passée une voix volontairement second degré renvoyant directement aux personnages maléfiques du cinéma (notamment le
Krypt-Keeper des fameux "Contes de la Crypte"), on est dans un Thrash metal énervé mais parfois assez daté (à moins que ce ne soit un choix de production/mixage).
L'entité ayant vu le jour en 2001 entame sa part du gâteau avec un "Spill Your Guts" qui malgré une durée très courte, peine à emballer à cause de sa principale phrase mélodique trop répétitive. Dans la dernière partie de la composition, un chorus de guitares vient rafraîchir un riff déjà fatigué au bout d'une minute trente...
Le quatuor poursuit avec un "
Inner Sanctum" cadencé, à l'énergie presque punk...
Ghoul donne ainsi l'image d'un groupe protéiforme, mais il y a comme un "quelque chose" en moins...La qualité relative de la composition et de la technique (une transition assez mal amenée sur "
Inner Sanctum") y sont certainement pour quelque chose. Cela dit, ça n'empêche pas ce groupe vampirique de clore la galette sur une bonne note ambiante, douce porte de sortie.
Quoi qu'il en soit, pour chacun des deux groupes "
Splatterhash" est une très bonne porte d'entrée, réussissant à synthétiser en quatre morceaux bien choisis ce qui fait le sel de ces deux entités joyeusement délurées.
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