J'ai vu en recevant la promo du nouvel opus des
Cannabis Corpse qu'aucune chronique n'avait été faite en français sur
Spirit of
Metal, sur quelque album que ce soit. Il convient donc de faire un très rapide historique :
Cannabis Corpse (la référence n'échappera à personne) est un groupe américain crée en 2006, et dont le troisième album sorti en 2014 s'intitule «
From Wisdom to Baked » (autre référence à un album de
Gorguts cette fois).
Le gros tort, lorsqu'on se penche sur
Cannabis Corpse, c'est de penser qu'on met les pieds dans de l'amusement, du parodique, voire du grotesque. Ne nous mentons pas : si le nom du groupe et les titres des pistes sont humoristiques, faits de détournements majijuana-isés (au hasard « Considered Dank », "dank" signifiant la qualité de l'herbe), l'esprit est décomplexé et on a affaire à de la très bonne came musicale.
Une dynamique bien thrash engagée dès les trente premières secondes de l'album nous met direct les pieds dans nos pantoufles de headbanger ou nos bottes, si vous préférez (c'est d'ailleurs la galette la plus thrashy de tout ce que le groupe a pu sortir). Par contre, « Baptized in Bud », ce morceau inaugural, joue un peu trop la carte du break en guise de transitions entre les parties, ce qui est assez déplaisant car c'est trahir d'une certaine fainéantise de composition sur le coup(« T'emmerde pas à chercher l'accord qui fera le pont on va faire un break, mec » « Encore ? » « T'inquiète »). Heureusement ce petit défaut est abandonné lors de la suite d'un disque qui va avec délectation osciller entre le thrash trapu (à ce titre «
Zero Weed Tolerance » est un cas d'école et « With Their Hash He
Will Create » est lourdissime) et un death énergique (entre autres le « Medicinal Healing » de clôture qui n'a rien d'un médicament pour les tympans).
En parlant d'ouverture de morceaux, on remarque, soit dit en passant, que nos musiciens ont un sacré sens de l'intro, entre la double-pédale massive de « Weedless Ones », la triturade (si l'on me permet le néologisme) sonore de « Individual Pot Patterns » , et la lointaine sitar de « Son of the Bowl ».
Ce dit morceau, septième piste du disque, nous gratifie d'ailleurs d'un très beau solo de guitare, qui ne ferait pas tache sur du death mélodique, voire technique, preuve flagrante du talent de
Cannabis Corpse pour ceux qui ne pensaient qu'à la blague.
La qualité remarquable de la production permet d'apprécier chacun des instruments et notamment la basse : un grand plaisir d'entendre sans effort un instrument trop souvent noyé dans le mur de son général. Le label Season of
Mist (poids lourd indépendant et français qui compte parmi ses artistes
Mayhem ou
The Dillinger Escape Plan pour ne citer qu'eux) donne visiblement à
Cannabis Corpse les moyens techniques de qualité qui leur ont notamment fait défaut sur leur premier opus «
Tube of the Resinated », signé chez Tankcrimes Records.
Je conseillerais simplement cet album à n'importe quel groupe de death metal débutant. Car « From Widsdom to Baked » est un modèle d'efficacité, sachant mettre à profit des compétences musicales idéales au service d'un caractère, d'une puissance, sans prétention, en d'autres termes , abreuver avec poigne les affamés auditifs que nous sommes.
Pour compléter la chronique, il serait judicieux de parler des guests : Chris Barnes, Trevor Strnad (Black Dahlia Murder) et Digestor (Ghoul), band avec lequel ils ont pondu un split début 2014 mais que je n'ai pas encore eu l'occasion d'entendre.
Par ailleurs, le guitariste/bassiste/vocaliste Land Phil est le bassiste/backing vocals des Municipal Waste.
"Cannabis Corpse a tout signé sur Tankcrimes, mais effectivement pas ce dernier opus qui sort chez Season of Mist"
A nouveau, ce n'est pas exact. Il n'y a que "Beneath Grow Lights..." et le EP "The Weeding" qui ont été signés chez Tankcrimes. Les précédents ("Tube..." et "Blunted..") l'ont été chez Forcefields Records. Ces derniers ont été réédités chez Tankcrimes mais, de fait, plus tard.
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