Nouvel entrant dans un espace metal symphonique à chant féminin déjà surinvesti en formations de tous poils, dont de jeunes loups aux dents longues, ce jeune sextet espagnol né 2016 à Séville compte pourtant, et en toute légitimité, y faire largement entendre sa voix et essaimer ses riffs. Conscient des enjeux et des risques courus à se lancer tête baissée dans la mêlée, le combo s'est précisément laissé le temps nécessaire à la pleine maturité de ses gammes et de ses arpèges. Ainsi, trois ans seront requis pour voir nos six acolytes nous dévoiler leur introductif et présent EP, «
Sound of Creation », où cinq pistes se dispatchent sur un ruban auditif de 23 minutes tout au plus. Cette première et menue rondelle serait-elle à même de faire de nos belligérants de redoutables opposants face à leurs si nombreux challengers ? Pourrait-elle dès lors leur offrir l'opportunité de rejoindre les sérieux espoirs d'un registre metal qui ne les aura pas nécessairement attendus ?
Dans cette aventure nous embarquent de concert :
Isa Gonzalez et Marian Hervas en qualité de frontwomen, Loreto Sabido aux guitares, Rafa Salés à la basse, Kevin Salés à la batterie, sans oublier Fran Benitez aux claviers. De cette étroite collaboration émane un propos rock'n'metal mélodico-symphonique gothique à la fois frétillant, pimpant et acidulé dans le sillage coalisé de
Lunatica,
Arven,
Nightwish et
Against Myself, Laissant entrevoir un réel potentiel technique et des lignes mélodiques convenues, le plus souvent, mais finement ciselées, in fine, la galette se suivra de bout en bout sans encombre. Jouissant d'un mixage bien équilibré mais accusant un manque de profondeur de champ acoustique ainsi que de lacunaires finitions, la production d'ensemble restera cependant en-deçà de nos attentes. Mais suivons plutôt nos six flibustiers ibériques dans leurs pérégrinations...
C'est à l'aune de leurs passages les plus enflammés que la troupe marquera ses premiers points. Ainsi, c'est cheveux au vent que l'on parcourra «
Necromancer » comme « Your Last Song », up tempi aux riffs crochetés, à mi-chemin entre
Lunatica et
Nightwish. Pourvus de couplets bien customisés et délicatement esquissés, relayés chacun d'un entêtant refrain mis en habits de lumière par le gracile filet de voix de deux déesses bien habitées, recelant d'ondoyantes nappes synthétiques tout en n'ayant de cesse de nous asséner de virulents coups d'olives, ces deux pétillants efforts pousseront assurément le chaland à un headbang bien senti et quasi ininterrompu. Un poil plus incisif et bien que recelant une sente mélodique en proie à quelque linéarité, l'''arvenien'' «
Rage Hounds » n'ira pas sans générer une énergie aisément communicative.
Quand la cadence du convoi instrumental se fait un poil moins vive, nos compères trouvent non moins les clés pour nous retenir, un peu malgré nous. Ce qu'atteste, d'une part, «
Sound of Creation », engageant mid/up tempo aux riffs épais et à la basse vrombissante, dans la veine de
Lunatica. Greffé sur une sente mélodique, certes, déjà courue mais des plus efficaces, doté d'un refrain immersif à souhait mis en exergue par les gracieuses et frémissantes inflexions de deux sirènes en parfaite osmose et agrémenté d'un pont techniciste sous-tendu par de sémillantes rampes de claviers, le ''tubesque'' méfait ne se quittera qu'à regret. Dans le sillage d'
Against Myself, l'intrigant mid/up tempo « Pirate Tales », quant à lui, démarre en trombe avant de se voir invest d'un pont mélodico-techniciste plus en retenue et bien amené, nourri de délicats arpèges au piano, que relaie un fin legato à la lead guitare.
En définitive, à la lecture d'une œuvre à la fois enjouée, pulsionnelle et énigmatique, force est d'observer que le collectif ibérique parvient à maintenir l'attention constante. Pour nous retenir plus durablement, il lui faudra toutefois consentir à varier davantage ses exercices de style qu'il ne le fait, ballades, fresques et autres instrumentaux manquant ici cruellement à l'appel. Au-delà de ce constat, une ingénierie du son moins tâtonnante, des sources d'inspiration mieux digérées et quelques prises de risques supplémentaires sont des conditions sine qua non pour valoriser davantage le potentiel du groupe, voire lui assurer sa pérennité dans ce foisonnant espace metal. S'il peut néanmoins compter sur une technicité instrumentale maîtrisée, des lignes mélodiques, certes, souvent convenues mais assez efficaces, et sur un duo féminin amène, il semble cependant prématuré de compter nos six acolytes parmi les sérieux espoirs de ce registre. Bref, un pimpant et grisant mais si classique premier élan esquissé par le combo ibérique...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire