Liste des groupes Metalcore Fire From The Gods (USA-2) Soul Revolution

Il est de ces groupes qui frappent fort d’entrée de jeu avec une musique inédite, des compositions mémorables à la fois pleines de promesses mais aussi captivantes par leur authenticité. Dans le cas du sextet américain Fire From The Gods, l’extravagance est au cœur d’un projet ambitieux mais néanmoins remarquable. Difficile de classer le collectif dans une case précise tant leurs musiciens explorent bon nombre de styles comme le metalcore, le neo metal, le reggae et parfois même le R’n’B et le rap.
Cette fusion musicale est le fruit de son vocaliste AJ Channer : entre rap, influences rastafari, chant clair et screaming, l’incroyable étendue vocale du frontman est un chamboulement ainsi qu’une sacrée sensation sur la scène metal, une voix que l’on reconnaît dès les premières syllabes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette curiosité musicale est un franc succès.

Relativement silencieux à ses débuts avec des démos et EPs ici et là, il faudra attendre 2014 soit sept longues années après la création du groupe pour avoir l’honneur d’un premier full-length du nom de Narrative. Néanmoins, le délai ne fut pas de trop pour nos Américains qui ont réussi un véritable tour de force avec une empreinte moderne, un dynamisme inépuisable et communicatif, un mélange de registres risqué mais finalement cohérent et hypnotisant.
Malheureusement, la suite de l’épopée musicale fut bien moins reluisante avec Narrative Retold qui reprend en grande partie les titres du premier opus et surtout American Sun, un disque sans grandes prétentions, plutôt poussif et très en-deçà des capacités de la formation. C’est avec Soul Revolution, sa quatrième pièce que le sextet va essayer de faire revivre les flammes d’antan et de poursuivre sa quête de l’exotisme.

En ce qui concerne la prestation vocale, AJ Channer prolonge sa palette claire et rappée dans une suite plutôt logique d’American Sun. Le chant hargneux affiché sur Narrative a définitivement été mis au placard pour un rendu plus accessible et mélodique. Si le chant se veut globalement plus ouvert et abordable, elle préserve une certaine diversité et surtout un timbre bien reconnaissable. Le vocaliste garde en ce sens une curiosité, une particularité que peu de chanteurs possèdent.
Dans le titre éponyme également morceau d’ouverture de l’album, sans rentrer dans le screaming, notre frontman s’élance pendant les refrains dans un chant assez éraillé mais aussi clair, une puissance brute et ce même appel à la révolte. Le refrain se voit lui apaisant, bien plus fortifiant et dans une optique plus groovy, accrocheuse.


Au milieu de ce dynamisme, le sextet s’exerce également sur quelques ballades dont on avait déjà eu un aperçu comme sur End Transmission ou Make You Feel It. Bien que les atouts vocaux d’AJ Channer permettent des rendus pleinement convaincants, l’atmosphère un peu plus mélancolique qui se dégage des mélodies brouille quelque peu les messages de justice, d’égalité et de rébellion du groupe.
Sur Love Is Dangerous, dans un registre d’ailleurs plus rock que sur l’ensemble de l’opus, si l’instrumentalisation parfois symphonique et la voix si suave et déchirante de notre vocaliste sont d’une justesse et d’une douceur rêveuses, avec même quelques poussées dans les aiguës, le lyrisme peine à nous atteindre. Si le danger est mis au premier plan du morceau, on peine clairement à le ressentir ou même à l’imaginer ce qui rend la composition assez terne.

Mais la principale amélioration de Soul Revolution par rapport à son prédécesseur provient des travaux instrumentaux. Les mélodies proposées par American Sun, sans être médiocres, tournaient en rond et masquaient l’identité pourtant si novatrice de la formation américaine. Sur cette toile, on observe six musiciens qui ont développé leurs ambiances sans forcément entrer dans la technicité.
Ainsi, sur The Message ou sur Rapture (Fool Dem), on ressent ces influences africaines, ce flanc dansant avec sa vigueur révolutionnaire qui n'est pas sans rappeler un certain Skindred. Sur 8 Billion Rats, c’est une approche sur le neo metal des années 2000 qui nous frappe avec sa hargne, sa rage qui traduit parfaitement le discours de nos Américains. Le titre éponyme nous étonne quant à lui par ces quelques breakdowns qui démontrent que le sextet peut encore se montrer menaçant.

Tout n’est pas encore totalement rose sur Soul Revolution qui, par ses abords plus pop ou baladeuses rend la narration de Fire From The Gods moins crédible, moins forte. Cependant, dans ses attaques directes et dans ses atmosphères plus atypiques, le sextet américain est un véritable foudre de guerre où ses convictions, ses volontés d’un monde plus juste, plus droit et plus libre tapent dans le mille. Le groupe peut aussi compter sur un AJ Channer irréprochable dans sa palette vocale qui combine toujours aussi parfaitement diverses techniques vocales comme le chant clair, le rap ou encore le reggae. Il ne manque désormais qu’un opus plus cohérent, une franchise totale pour nos Américains pour revivre sa folle épopée de ses débuts et de nous marquer d’une nouvelle pierre blanche.