« Si tu veux changer de route, tâche de ne pas brûler tes ailes. »
Qui n’a jamais rêvé dans sa vie de tout abandonner afin de mieux recommencer ? Que l’on parle d’une job, d’un projet personnel ou d’un dessein musical, notre personnalité est toujours confrontée à la liberté et au changement. Si ce bouleversement s’avère de temps à autre payant, il peut aussi se montrer fallacieux et brouillon. Certains ont pourtant les armes nécessaires et des arguments convaincants pour proposer un résultat prometteur et réfléchi.
C’est par exemple le cas du groupe
Fire From The Gods, un sextuor de metalcore nous venant tout droit des Etats-Unis. Avec seulement deux opus à leur actif, notre troupe de musiciens s’est déjà fait remarquée par plusieurs tubes qu’ils leur a permis d’ores et déjà de s’illustrer sur leur scène (
Excuse Me,
End Transmission) mais aussi par leurs diverses influences comprenant le reggae, le rapcore ou le hip-hop, donnant un mélange subtil, osé mais innovant et réussi.
Au-delà de l’originalité et de la prise de risque, l’aspect lyrique de nos américains est également un point fort. Révolte, raciste et abus de pouvoir sont les principaux sujets évoqués dans les titres du groupe. Mais pour que ces messages poignants aient un réel impact, il faut pouvoir l’exprimer d’une bien belle façon. Pour cela, notre sextuor peut compter sur la présence du vocaliste AJ Channer. De par ses origines jamaïcaines, qui expliquent entre autres l’omniprésence des aspects reggae, ce talentueux chanteur est capable de varier son chant avec une maîtrise remarquable. Rap, chant clair ou encore chant hurlé, l’étendue de son registre vocal est épatante.
L’arrivée du troisième album,
American Sun, ne devrait donc pas tant effrayer notre combo. Et pourtant … Le groupe propose par rapport à ses précédents travaux plus de mélodies mais avec des durées à peu près équivalentes. Si au départ, on prend du plaisir à écouter ces nouvelles toiles, cet enthousiasme redescend bien vite une fois trois titres passées. L’album offre une bonne dynamique, un excellent flow et n’oublie pas d’énoncer un discours profond.
Malheureusement, l’ensemble est beaucoup trop homogène. Les schémas deviennent récurrents, l’instrumental semble dessiné par avance tant il semble identique à chaque morceau et le chant est trop souvent axé sur le chant clair ou le chant rappé. Résultat des courses : l’effet de surprise s’estompe rapidement et on tente vainement de trouver de quoi se rabattre. Bien entendu, certains morceaux arriveront à se démarquer.
Fight The World est l’un des rares titres présentant de l’agressivité et un instrumental ressemblant aux premières esquisses du groupe.
De l’autre côté du navire se trouve les épaves. Parmi celles-ci, nous pouvons citer
Victory. Si le travail vocal est tout à fait correct sans être exceptionnel, l’instrumental quant à lui est relativement fade, sans grande réflexion et totalement linéaire. They Don’t Like It, aux légers airs de
Skindred, présentera les mêmes imperfections et plus encore avec une prestation vocale plutôt ennuyeuse et fastidieuse.
American Sun est loin d’être un mauvais album et se laisse même facilement écouté. Mais les attentes pour un tel groupe sont hautes et notre sextuor n’a pas su les relever. Si certaines mélodies offrent un visage encore encourageant (
Fight The World, All My Heroes Are
Dead), d’autres montrent un visage plutôt désolant et dépitant (
Out Of Time,
Victory, They Don’t Like It). On attend donc au tournant le groupe afin qu’il nous fasse vibrer comme à ses premiers temps.
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