Side-project regroupant Brendan Schieppati (chanteur de
Bleeding Through), Mick Kenney (guitariste et principal compositeur du duo
Anaal Nathrakh), Trevor Friedrich (batteur d’
Eighteen Visions et Combichrist) et Adam
Vex (guitarist d’Imperactive
Reaction), le groupe
Suffer Well (comme le célèbre titre de Depeche Mode) fut créé fin 2010/début 2011 à l’initiative de Schieppati et Kenney. Souhaitant mélanger leurs principales influences que sont le metalcore et le black metal, les trublions américains sont restés dans l’ombre durant toute l’année, ne délivrant que quelques singles et informations au public, promettant sans cesse des news à chaque fois abandonnées.
Quittant rapidement Rise Records (label actuel de
Bleeding Through) pour signer chez
Century Media, la formation sort finalement dans l’anonymat le plus total, à la surprise générale et contre toute attente leur premier album, intitulé
Sorrows (premier nom choisi pour le groupe), en téléchargement gratuit sur Internet. Empli de mystères et de non-dits quant à sa production, l’album n’est à ce jour pas vraiment prévu pour être distribué sous format CD. A voir la pochette simpliste (une simple photo du groupe datant d’il y a un an) et le peu d’informations de la part du label, on se doute qu’il va falloir attendre encore un peu… Alors, précipitation ou au contraire attente trop contenue ? La réponse tout de suite.
Bénéficiant de talentueux musiciens tous issus ou presque de formations ayant fait leurs preuves, mélangeant avec brio la puissance et la structure de
Bleeding Through (et d’autres types de groupes metal/hardcore) aux sonorités black metal déjà bien utilisées dans les derniers opus du groupe californien,
Suffer Well nous entraîne dans un univers finalement peu différent de
Bleeding Through. Les claviers en moins, le côté BM plus exploité et quelques légères différences de tons soulignent la petite dissimilitude. On ne sera donc que légèrement déçu du résultat final si on attendait de ce side-project quelque chose de novateur,
Sorrows n’étant qu’un produit en somme tout à fait banal. Cependant, ce premier effort n’est pas dénué d’une certaine maîtrise et de morceaux très agréables à l’écoute, bien au contraire…
Dès le premier morceau, "Follow Me to Disappointment", le ton est donné : ça sera du
Bleeding Through en plus glauque. Brendan Schieppati scande de son timbre rauque inimitable et screame et use de son chant clair autour d’une musique violente, rapide et mélodique, aux sonorités morbides et aux légers samples indus. Des saccades brutales mais ordonnées, quelques harmoniques bien placées, un refrain catchy, un solo inspiré et un jeu de batterie changeant, passant du metalcore syncopé au punk-hardcore virulent, ajoutant de la double-pédale effrénée et du blast-beat ici et là, diversifiant donc une composition quelque peu formatée mais néanmoins efficace. Tel est le style de
Suffer Well, style qui ne changera quasiment pas de la totalité de l’album.
Les morceaux s’enchaînent donc naturellement, single sur single (la plupart des titres ne dépasse que rarement les 3mn / 3mn30), avec tous la même structure couplet-refrain-pont-solo.
Pas d’étonnement donc, le groupe privilégiant l’efficacité à l’innovation. Constitué de 14 pistes dont deux court interludes et un bref final, d’une durée de 40 minutes,
Sorrows reste un album « simple » donc, restant dans les clous afin de satisfaire un public pas très exigeant.
Et si quelques morceaux ont des airs de déjà-vus ("Thirty Below", "The
Heart is a Sinking
Betrayer" et son chant aussi laid qu’inutile ici ou encore "
Blasphemous", titre le plus hardcore de l’album), d’autres tirent quand même leur épingle du lot grâce à une palette de riffs et une ligne de chant plus agréables, comme les excellents "This World is
Decay" et "
Never Surrender,
Never Give In", les mémorables "Sweat Away This
Venom" et "Treachery" et leurs refrains au chant clair plus distinctifs ou encore le surprenant "
Empty and
Defiant" qui bénéficie d’une production plus black industriel ainsi que la présence en featuring d’Andy LaPlegua, chanteur du groupe d’electro dark Combichrist.
Au final, ce premier album-surprise de
Suffer Well n’est pas révolutionnaire et ne conquerra que les fans du groupe principal de son frontman alors bien habitués à des sonorités plus black metal. Ce mix de metalcore, de black, de punk-hardcore et d’indus reste donc très facile d’accès malgré son efficacité et sa mini-diversité. On en attendait peut-être trop ou pas assez mais pour ceux qui découvrent, ils vont être comblés par le rendement sans aucun doute puissant de cet album manifestement sympathique. En attendant un second effort un poil plus personnel et surtout plus poussé dans sa volonté d’être différent car, en définitive,
Suffer Well n’est rien de plus qu’un
Bleeding Through bis et c’est bien dommage.
Enfin, je suppose qu'il y a pas grand chose de black pour ne pas changer, comme dh'abitude dans ce genre de mix..
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