Véritable phénomène de mode au début des années 2000, le Pop-Punk, alors adulé par les pré-pubères, semblait condamné à s’éteindre lentement avec le virage électro-pop de la génération Mtv. Ce style, qui savait comme aucun autre allier efficacité et simplicité, avait d’abord vu le jour sur une plage californienne dans la première partie des 90s, et semblait être la meilleure alternative à la disparition de la scène Grunge, que
Kurt Cobain avait emmenée avec lui. Pourtant, malgré l’immense succès critique et commercial de ses pères fondateurs, Green Day avec Dookie (17 millions d’exemplaires écoulé dans le monde), et The Offspring avec
Smash (14 millions de copies), le Pop-Punk dû attendre son heure, le public orphelin du Grunge en manque de gros son simpliste se tournant alors vers le Néo-metal de
Korn, des
Deftones et autre
Limp Bizkit.
Il faudra attendre la toute fin du siècle pour que vienne enfin l’heure des teenager-skateurs rebelles et des trois accords de guitares qu’ils trimballaient dans leur valise jusque-là, qu’y explosèrent une nouvelles fois aux yeux du monde grâce à, entre autres, Blink-182 et Sum 41. Et là vous vous dites, « non mais pourquoi il nous parle de ça lui ? ». Et bien sachez que contrairement à ce que vous pensiez (ou espériez peut être), le Pop-Punk n’est pas mort. Et c’est là que je voulais en venir.
Il a su évoluer, le bougre. C’est ainsi qu’en 2008, un quintet parisien au nom bizarre,
Chunk No Captain Chunk (qu’il conviendra d’appeler ici « CNCC », parce que bon la flemme quoi), sort de l’ombre et balance son premier EP, « Cum On » (nom respirant le bon gout caractéristique des groupes post-pubères, à la manière d’un « Rock
Out With Your Cock
Out » de Sum 41), adroit mélange de l’esprit Pop-Punk et d’éléments guitaristiques typiquement coreux. Repérés par la firme anglaise
Fearless Record, ils balancent ensuite la galette qui nous intéresse ici, «
Something for Nothing », leur premier album complet.
L’album s’ouvre sur «
Born for Adversity », qui donne tout de suite le ton. Guitares sous-accordées, rythmique saccadée superposée à quelques notes mi-clean mi-saturée, voix oscillant entre chant suraigu assez enfantin et growl maladroit, mélange de caisse clair et de double pédale pour la batterie, et on remarque même une petite touche électro donnant une saveur éminemment moderne à l’ensemble.
Pas de doute, c’est bien un mélange de Pop-Punk et de Metalcore que l’on a là. On appelle ça de l’Easycore, ou Happy Hardcore (ou encore « Faggotcore » pour les plus metaleux qui détestent au plus haut point ce style, qu’ils aiment à qualifier de batard). La deuxième piste, « In Friend We
Trust » vous emmène directement dans l’univers de CNCC, un univers très enfantin reposant principalement sur les valeurs de l’amitié. C’est sûr, on est parfois très loin de la maturité lyrique. Mais bon, si vous cherchez un album pour ambiancer vos prochains barbecues entre potes, cet opus est fait pour vous. De la musique qui se prend pas la tête et qui donne la pèche sans prétention, voilà ce que c’est CNCC.
Certaines pistes laissent toutes fois transpirer une indéniable maturité musicale et possèdent des paroles loin d’être stupides (notamment « Positiv-O », assurément la meilleur chanson de l’album, ou encore «
Sink or Swim » par exemple), alors que certaines restent vraiment trop collée à l’étiquette immature du Pop-Punk (« Milf »). Cela étant dit, il faut également souligner que le groupe laisse parfois entrevoir son côté metaleux de manière plus évidente et appréciable (« We Fell Fast », « Xoxo ») tout en sachant rester fidèle à ses influences premières («
For All We Know »). Quant à l’ovni de l’album, c’est l’atmosphérique «Alex Kidd in Miracle World », superbe partition instrumentale, mélange osé de guitare clean et de rythme électro distordu. Mieux qu’un simple instant de respiration, la piste en question vous transporte pendant un peu moins de deux minutes bien loin du reste de l’album et démontre si vous en doutiez qu’il y a bel et bien une bonne dose de talent chez ces jeunes parisiens.
Le premier album de CNCC est un pari ambitieux et réussi, mélangeant avec adresse deux horizons distincts, aboutissant sur une musique résolument moderne. Il est bien sûr facile de ne pas aimer la musique des parisiens, surtout pour les metaleux pur souches. Mais ils ont le potentiel nécessaire pour devenir un très bon groupe s’ils trouvent les clefs pour s’améliorer, à commencer par le chanteur. Croisons les doigts en attendant le deuxième album, car après tout, ce n’est pas tous les jours qu’un groupe français sort de l’ombre avec autant de promesses.
Et bon autant préciser aussi que c'est clair qu'"In Friends We Trust" véhicule une image super niaise, et qu'en plus elle ne représente pas la qualité de l'album dans son ensemble.
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