Ils sont trois hommes, américains, et leurs initiales sont LM, DG, et AM. C'est à peu près tout ce que l'on sait d'eux, sinon qu'en
2012 le groupe dans lequel ils officiaient a splitté, et qu'ils ont formé
Deathwhite dans la foulée. Ils n'ont de photos que des silhouettes ou des images trop sombres, et visiblement ne connaissent pas facebook. Le tout sans l'aide d'aucune maison de disques, en auto-production. Alors inutile de chercher, vous n'en saurez pas plus sur les personnalités de cet étrange trio ! Moi même je me demande bien comment cet EP a pu parvenir jusqu'à moi ...
L'an dernier, au début de l'été, sortait un premier EP du nom d'
Ethereal au visuel crayonné plutôt marquant. La musique aussi méritait d'être retenue, dans un style assez hybride de metal atmosphérique assez sombre et probablement d'inspiration gothique. Le trio tente un deuxième essai à peine un an plus tard, avec ce deuxième EP du nom de
Solitary Martyr. Concernant la pochette, si la forme diffère (on croirait cette fois une photo), le thème reste le même, avec cette silhouette humaine abstraite, à l'image des photos promotionnelles du groupe lui-même.
Le disque s'ouvre sur le bien-nommé Pressure, qui impose d'emblée une pression infernale grâce à un riff étouffant et sec. Rapidement, plusieurs choses frappent l'auditeur : en comparaison d'
Ethereal, nous nous situons cette-fois-ci dans un trip beaucoup plus moderne, plus heavy, et moins mélancolique. Cela a ses avantages et ses inconvénients. Du côté des bons points, on retiendra une production vraiment bonne, surtout pour une auto-production. Le son est assez gros, mais le mix fait parfaitement ressortir toutes les composantes, en particulier la basse (c'est un petit plaisir de l'entendre sur Only Imagined). Avec le
Deathwhite 2.0 les compositions gagnent aussi en maturité et en homogénéité : le groupe donne plus l'impression de savoir ce qu'il fait. Les cinq morceaux sont plus proches les uns des autres, tout en restant reconnaissables. Le chant de LM se fait aussi plus assuré, et se concentre dans des octaves moins larges mais plus maîtrisés.
Malheureusement, ces évolutions se font aux dépens de plusieurs aspects essentiels du premier EP, qui ne semblent plus être d'actualité. Avec ces sonorités plus actuelles,
Deathwhite perd beaucoup de sa mélancolie sincère et belle, qui rayonnait sur
Ethereal. Les influences doom/gothique à la
Paradise Lost,
Alcest,
Green Carnation ont quasiment disparu, mis à part quelques sympathiques passages, notamment sur
Suffer Abandonment (et ses relents heavy doom) et le morceau éponyme. En revanche, l'empreinte d'
Anathema époque
Alternative 4 est toujours aussi présente, même s'il est difficile d'égaler en sensibilité la musique des frères Cavanagh.
Ce que l'on gagne en précision (ces riffs carrés presque mathcore) on le perd aussi en folie créative. Exemple typique : la dualité acoustique/électrique est importante dans la musique de
Deathwhite, mais ici plus question de faire se mélanger les deux, on les alterne simplement, comme sur l'assez fade Vein. Peu aussi de passages grandioses et tristes, où la voix sublime la mélancolie des guitares (seul le titre
Solitary Martyr nous le propose). Les mouvances dark/doom mélodiques semblent bien plus accueillantes pour ce groupe, qui a besoin de sa dose de noirceur pour pouvoir s'exprimer pleinement.
Vous l'aurez compris, ma relative déception face à ce second EP tient surtout de la comparaison avec le premier. Aussi je ne saurais trop conseiller à qui veut s'essayer à
Deathwhite de commencer par
Ethereal. Cependant, beaucoup d'avis émis dans cette chronique ne sont que spéculatifs : il s'agit d'un EP, ce qui ne signifie pas nécessairement que le groupe va continuer dans cette voie. Des EPs aux caractéristiques bien différentes montre que le trio hésite encore avant de s'engager et de définir sa personnalité. En revanche, bien que moins brillant et rayonnant que son prédécesseur, ce
Solitary Martyr apporte à
Deathwhite des expériences nouvelles, et gageons qu'ils sauront en tirer correctement profit tout autant que du premier EP, pour nous offrir un full-lenght qui dévoilera enfin toutes les qualités du combo américain.
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