Le groupe américain
Deathwhite semble vouloir cultiver un certain mystère.
Pas de site internet, pas de page facebook, pas ou très peu de publicité.
Pas d'images claires non plus, juste des photos à contre-jour. Pour le line-up, on sait que le groupe évolue sous la forme d'un trio, mais on ne connait des membres que leurs initiales (et encore je sais pas si on l'aurait su si je ne leur avais pas demandé ...). On sait seulement que les trois musiciens ont fait partie de plusieurs groupes plus ou moins connus auparavant, mais on ne sait pas lesquels évidemment. Le mystère semble être à la mode ces temps-ci, quand on pense à
Ghost ou même Daft Punk ...
Deathwhite débute donc sa carrière sur un EP, du nom d'
Ethereal. C'est un EP correctement rempli, avec six morceaux pour plus de vingt minutes de musique.
Deathwhite réhausse un peu le niveau d'un support souvent mésestimé, où souvent on enregistre deux inédits, quelques lives en plus et on vend ça finalement à peine moins cher qu'un album normal. L'artwork crayonné est ici sombre, mais sobre, et pas dépressif, qui ajoute un côté soigné à l'ensemble. La production aussi viendra d'ailleurs appuyer cette impression de travail finement réalisé, avec un son très clair, très métallique, et assez bien équilibré. Du bon boulot pour une autoproduction, mais les musiciens sont certainement plus expérimentés qu'ils ne le laissent paraître.
Même si ce n'est finalement qu'un demi-album dont il est question ici, les américains tiennent à faire les choses bien en offrant une petite introduction ; c'est loin d'être indispensable, mais comme la musique est de qualité on accepte. Ce titre éponyme d'un peu plus d'une minute laisse le champ libre à la guitare sèche, pour un début tout en douceur. De toute façon, ce disque ne comporte aucune partie extrême, le chant est tout le temps clair, et on joue ici sur le contraste entre heavy metal et passages plus calmes et aériens. Le trio garde néanmoins un côté sombre et mélancolique pour un rendu très mélodique. Les musiciens le disent : ils viennent du milieu du metal extrême et ont fondé
Deathwhite dans le but d'explorer de nouvelles choses.
Dans un registre très dark metal et proche du doom on retrouve un intéressant Silenced. Le début est basé sur un heavy metal assez classique, mais la mélancolie de la mélodie lui donne une dimension supérieure. Le chant lent donne un ton plus psychédélique à l'ensemble, le faisant se rapprocher du doom, et évoquant en même temps
Black Sabbath. Mais hormis ce morceau vraiment plus noir, le reste de l'EP se situe dans un dark metal plus gentil, très mélodique, lorgnant parfois vers l'atmosphérique. Le disque est constellé de plusieurs passages aériens, plus proches d'
Anathema que d'un morceau lambda de
Paradise Lost.
A
Burden to Carry propose ainsi en son milieu un passage calme presque minimaliste, alors que Give Up the
Ghost voit plusieurs fois la puissance baisser, pour une alternance réussie entre le léger et le lourd. On notera aussi une montée en puissance magnifiquement réalisée en fin de titre, avec une très bonne batterie.
Du côté du chant c'est très convainquant, le vocaliste sait transmettre de belles émotions dans sa voix et arrive à créer une mélancolie sombre tout en restant en chant clair.
Feeding the
Illusion montre bien son talent avec des couplets où il s'approche beaucoup de Neige, du groupe français
Alcest. Il sait aussi maîtriser sa voix dans les aiguës pour des refrains frissonnants. Les couplets de Give Up the
Ghost ne sont pas mal non plus, à la limite de la justesse, mais touchants comme il faut.
Il me reste un morceau dont je n'ai pas encore parlé, et s'en est presque une honte, vu sa qualité (on va dire que je garde le meilleur pour la fin). When I (Wasn't) You est le titre présenté en avance, comme un avant-goût de ce qui va suivre. Dans l'ensemble il ressemble aux autres morceaux, un peu mélancolique, avec des guitares très saturées mais mélodiques. Mais
Deathwhite joue en plus sur une étonnante mélodie entre les parties chantées qui ne peut que vous faire apprécier le morceau. Ce genre de mélodie est ineffable (je me suis cassé la tête pour essayer de vous la décrire, mais rien n'y fait), et on ne peut que saluer l'artiste à l'origine de ces lignes de guitare.
A
Burden to Carry, enregistré à part, un peu plus tard que les autres morceaux, termine cette galette. Le son est cette fois bien plus heavy, et les chœurs ramènent la musique vers quelque chose de plus connu déjà, de plus conventionnel. On notera la présence d'un solo de guitare, qui fait bien plus heavy mélodique que dark metal. C'est maintenant terminé, les vingt-quatre minutes sont dernière nous, et nous avons passé un bon moment.
Un bon moment ? Oui, assurément. Sans trop expérimenter,
Deathwhite nous offre cinq compositions bien personnelles, mélancoliques et touchantes. C'est agréable, ça se laisse écouter facilement, c'est gentil quoi. Tout n'est pas excellent par contre ; et quelques détails seront à revoir. La production par exemple, si elle donne à la guitare un son très intéressant et rend justice à une batterie inventive, elle semble toutefois oublier la basse qui est complètement noyée sous le flot. De plus, les compositions, si elles sont toutes bonnes indépendamment les unes des autres, ont tendance à se ressembler un peu trop.
Plus de variété dans les morceaux aurait été souhaitable, mais rappelons qu'il ne s'agit ici que d'un EP, et laissons donc ces considérations pour un futur album.
Ethereal est donc un bon début vers une scène plus calme de la part de ces trois musiciens issus du milieu extrême.
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