Qu'elle est belle et mystérieuse, la langue de Goethe, quand elle est scandée et triturée jusqu'à la moëlle par la hargne de
Skald Draugir, chanteur et auteur de ce groupe ultra-rhénan, qui n'hésite pas à en rajouter une couche en nous proposant des textes de vieux norrois et autres joyeusetés ! Les clichés des bruits de bottes et des "krosse Fraulein" n'ont qu'à bien se tenir et
Rammstein à retourner sur les bancs d'école pour potasser leur langue maternelle et celles de leurs cousins du grand Nord ! Les professeurs "
Helrunar" sont là et il faudrait presque avoir rédigé une thèse de philologie germanico-nordique pour retirer tout le jus de ce noir fruit de pagan black-metal !
Pagan, il en est bien question car comme dans leurs précédents albums, on sent une profonde connaissance de la mythologie nordico-germanique (je pense pouvoir mettre les deux dans le même panier étant donné les rapprochements plus qu'évidents entre les deux cultures !), avec une prédilection pour les sagas islandaises, thème de nouveau couplé avec l'obsession du froid glaçant et des éléments hivernaux qui se déchaînent... La Rune de l'Enfer est bien marquée du sceau du gel éternel...
Ce double cd, remarquablement "packagé", avec de superbes photos noir et blanc où la nature semble tout figer dans un hiver sans fin, a déjà toutes les qualités pour être un objet de collection... Mais le plus important, à mon humble opinion, reste à venir...
Car ce qui fait la qualité d'
Helrunar, c'est avant tout la musique, lancinante, hypnotique et puissante tout à la fois.
Pagan, ai-je dit tout à l'heure, mais aussi black metal !
Pas ou peu de fioritures, des riffs aux accroches diaboliques dignes des plus grands, des ambiances lourdes et sombres qui peuvent basculer à tout moment dans un déluge électrique avant de s'arrêter sur de petites perles de guitare sèche aux relents presque folk.
Si l’on connaît déjà leurs albums plus anciens, on retrouvera tous les éléments qui ont pu plaire avec une production encore supérieure et des bijoux sur chacun des deux tomes. Pour "Sól I : Der
Dorn Im Nebel", mention spéciale à "Unter Dem Gletscher" avec son introduction hypnotique où la guitare bientôt rejointe par la batterie d’
Alsvartr nous emmène dans une partie de headbanging presque forcé à chaque écoute ainsi qu’à « Nebelspinne ». L’instrumental « Praeludium Eclipsis » reviendra parfois hanter les oreilles par son vortex de guitares. Ne pas oublier « Tiefer als der Tag », qui explose dès l’ouverture avant de laisser la place quelques instants aux guitares acoustiques pour un interlude digne de Jön Nödveidt (j’ose !). Le deuxième tome "Sól II : "Zweige der Erinnerung" assènera à l’auditeur une succession d’hymnes plus prenants les uns que les autres. Dans l’ordre, « Aschevolk », «
Die Mühle », « Rattenkönig », et surtout, surtout, le dernier morceau éponyme de ce double album au riff diablement simple mais ô combien efficace !
Bref, si l’on aime
Odin et ses ases, si l’on n’a pas mal aux cervicales, si le brouillard et le gel sont des éléments familiers et par dessus tout, si l’on aime le black metal, cet album (ainsi que toutes les autres productions de ce groupe !) mérite une place d’honneur dans toute metalthèque qui se respecte !
Concernant l'album, je n'ai pas vraiment accroché au début. Contrairement à ce que tu as pu dire, je trouve que cet album ne reprend pas vraiment ce qui caractérisait les anciens, peut être est-ce ce qui m'a rebuté. Il me faudrait me replonger là-dedans.
Il est clair qu'Helrunar fait partie de l'élite BM européenne.
Les allemands sont définitivement en train de devenir la nation dominante en terme de Black tous courants confondus...
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