Quand on regarde la carrière de
Path Of Desolation, on se dit que tout s'est passé très vite. En effet, le combo suisse ne voit le jour qu'en 2013 sous la forme d'un sextet regroupant de jeunes membres, tous issus de formations pour le moins nébuleuses. Nos voisins du canton de Vaud ne mettent cependant qu'une petite année pour nous servir leur premier EP. "Soaked
Jester", mini trois-titres de moins d'un quart d'heure.
Cette première réalisation est auto-produite et munie d'un artwork sombre et plutôt simple, sérieux sans aguicher outre-mesure. Une première réalisation aussi rapide pour un groupe peu expérimenté, on aurait de quoi s'inquiéter.
Path Of Desolation (dont le patronyme ne sonne pas non plus très original) serait-il un groupe de plus dans la constellation mélodeath ? Trêve de spéculations cependant, penchons-nous sur ce disque.
En trois petits titres à peine,
Path Of Desolation va nous donner une leçon d'efficacité et de talent dont pas mal de formations feraient bien de s'inspirer, en distillant un mélodeath ayant parfaitement digéré ses influences, en total équilibre entre tradition et modernité. De l'aspect traditionnel, les suisses ont tiré ce riffing acéré tout droit sorti des nineties (l'intro de "The Word" agrémentée par ailleurs d'un double-pédalage furieux) avec une petite touche mélancolique qui nous renvoie tout droit du côté du premier album de
Lahmia (et immanquablement chez
Dark Tranquillity).
Les claviers et le chant clair, éléments dont l'intégration est l'éternelle pomme de discorde entre les fans de mélodeath old-school et les tenants d'une approche plus moderne sont aussi très bien incorporés. Les premiers ne sonnent pas synthétique et offrent des lignes entraînantes et sobres (sur les couplets du morceau-titre) tandis que le second est utilisé avec une parcimonie extrême, renforçant son impact, à l'image de l'intervention toute en sobriété d'Anna Murphy (la chanteuse d'
Eluveitie) sur "The Word".
Enfin et ce n'est pas la moindre des choses,
Path Of Desolation fait montre d'un talent de composition certain. J'en veux pour preuve l'équilibre remarquable de "Rest In Your Fears" depuis cette magnifique intro au piano à ce refrain ultra-puissant doublé de growl, sans compter un solo très technique plein de feeling qui enchaîne sur une accélération au riff mortel typiquement mélodeath nineties. Ou encore parler de "The Word", tuerie finale dont le refrain ne vous lâchera pas de sitôt.
S'il fallait donner un mauvais point, ce ne serait pas la prod, d'une justesse remarquable pour un effort auto-produit, mais peut-être le scream qui manque un poil de puissance et s'éraille parfois un peu trop. Mais tout ceci viendra évidemment avec le temps et si l'on en est réduit à chercher ainsi la petite bête c'est souvent gage de qualité. "Soaked
Jester" n'y déroge pas et constitue un premier effort très réussi. Aux suisses maintenant de transformer l'essai.
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