So Much. Too Much.

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17/20
Nom du groupe Destrage
Nom de l'album So Much. Too Much.
Type Album
Date de parution 16 Septembre 2022
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album5

Tracklist

1.
 A Commercial Break That Lasts Forever
 04:04
2.
 Everything Sucks and I Think I'm a Big Part of It
 04:18
3.
 Venice Has Sunk
 05:12
4.
 Italian Boi
 04:24
5.
 Private Party
 04:00
6.
 Sometimes I Forget What I Was About to
 01:40
7.
 An Imposter
 03:58
8.
 Is It Still Today?
 04:17
9.
 Vasoline
 02:38
10.
 Rimashi
 01:54
11.
 Unisex Unibrow
 02:40
12.
 Everything Sucks Less
 03:34

Durée totale : 42:39

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Destrage


Chronique @ JeanEdernDesecrator

27 Novembre 2022

Les fadas ont retrouvé le chemin de la déraison !

Si Destrage était une femme, ce serait une nana un peu déjantée et fofolle, une capitaine Marleau du métal, euh non...une Audrey Fleurot du mathcore, enfin vous me comprenez, j'espère, je prends les comparaisons qui me tombent sous la main. Venus d'Italie, ces musiciens à l'imagination débordante m'avaient subjugué il y a quelques années avec leurs albums "Are You Kidding Me ? No." (2014) et surtout "A Means to No End" (2017), deux fourre-tout joyeusement bordéliques et groovy, télescopages entre Hed(Pe), The Mars Volta et Periphery. Leur patte était aisément reconnaissable avec un coté acidulé et hyperactif, à l'image des vocalises de Paolo Colavolpe, dont le registre allie ceux de Perry Farrell, Vince Neil et un vilain growler.
J'avais cependant été assez déçu en 2019 par leur cinquième LP "The Chosen One", où ils avaient choisi une voie plus metal et directe avec un metalcore/deathcore toujours cyclothymique, mais bien moins original. Avaient-ils décidé de moins prendre de risques et s'étaient-ils rangés des voitures ?

La vie n'est pas un long fleuve tranquille, et en mars 2020, leur tournée s'est interrompue en même temps qu'une grande partie du globe, avec l'annulation de leurs shows allemands. Nos joyeux drilles essayaient de relativiser sur le net avec le hashtag DestrageBoredAsFuck, et de l'eau a coulé sous les ponts un temps désertés par le Covid. Les six premiers mois de pandémie ont mis le groupe en suspens, mais après cela l'inspiration est revenue et Matteo et ses compères ont repris les affaires.
Le guitariste Matteo Di Giola, tête pensante du groupe, est à l'initiative du processus de création. Il enregistre ses idées de son côté au fur et à mesure qu'elles viennent, puis décide desquelles il va soumettre aux autres membres du groupe, et tous travaillent inlassablement jusqu'à ce que chaque composition ait pris sa forme définitive. Ainsi il peut émerger jusqu'à plusieurs versions d'un même morceau sur des semaines ou des mois…

Gabriel Pignata ayant quitté le groupe fin 2019 -tout en restant dans son entourage, la basse a été enregistrée par les guitaristes Matteo et Ralph, plus l'ingénieur du son Matteo Tabacco en studio. Pour le solo de basse de "Venice Has Sunk", l'identité du guest un temps tenue secrète n'est autre que Federico Malaman, virtuose italien de l'instrument. Puisqu'on parle des invités, rien moins que Devin Townsend a posé ses parties à distance sur le morceau "Private Party". Ce sixième full length, terminé depuis mai, est paru le 16 septembre 2022, sur 3DOT Recordings (Periphery, King Mothership…), alors que les trois précédents étaient sortis sur Metal Blade Records.

Je dois avouer que j'ai été désarçonné à la première écoute, alors que j'étais plus que prévenu, sachant de quoi les bougres étaient capables. La dextérité des quatre musiciens est assez affolante, et cette technique parfois aux limites de l'inhumain est mise en sons par une production aux accents cybernétiques, puissante et précise. Ce n'est pas clinique pour autant car l'aspect mélodique rajoute de la chaleur, et d'autre part la batterie sonne de manière naturelle, sans excès de compression.
Destrage peut délivrer la folie la plus brutale, comme sur "Everything Sucks and I Think I'm a Big Part of It" où des sons techno hardcore hurlent avec des gros chugs des familles, sur le rythme d'un D beat furieux, bousculés par des blasts à géométrie variable, et laisser ensuite une mélodie planante vous faire glisser dans le Chill le plus cool.
"Venice Has Sunk" pourrait aussi bien être un hommage à The Dillinger Escape Plan, tant il va à fond dans le Jazz Mathcore. C'est l'écrin rêvé pour un solo de basse impressionnant de Federico Malaman, dont j'ai parlé plus haut. Je réalise que la plupart des groupes les plus barrés et expérimentaux que j'aime, TDEP, The Mars Volta, ou Mr Bungle, ont soit arrêté, soit ont changé radicalement de direction musicale, et c'est Destrage qui se retrouve à hisser le flambeau.
Il y a tout de même quelques plages courtes pour faire retomber ce rythme essoufflant, et laisser quelques idées se poser de manière plus simple, comme sur "Sometimes I Forget I Was About", qui me rappelle les simili ballades amères à la Steven Wilson, ou Greg Puciato.
L'enchaînement des titres bien étudié permet de faire tenir ensemble des titres dont les ambiances peuvent changer radicalement de l'un à l'autre, par exemple lorsque le mélancolique "Is It Today ?" fournit une respiration contemplative après le déluge de the "The Imposter". Aussi, l'instrumental acoustique "Rimashi" change totalement de registre, lumineux et angélique, avant de monter dans un crescendo qui précède la violence débridée de "Unisex Unibrow", qui redescend dans des arpèges acoustiques sur sa fin.
Il y a des colorations très diverses, comme ce riff principal très bluesy de "Private Party" qui n'est pas sans rappeler le style blues metal de Moon Tooth.
On trouve aussi un coté très pop sur "Italian Boi" avec son refrain radio friendly addictif et un habillage électro déjanté qui n'empêche pas les grosses guitares de foutre le bordel et de partir en djent décérébré et sous accordé.
Et s'il y a comme un air de déjà entendu de "Everything Sucks and I Think I'm a Big Part of It" sur "Everything Sucks Less", c'est normal, puisque la première était en quelque sorte le brouillon de la deuxième, et les version ont tellement divergé dans le processus qu'ils ont pu garder les deux.
Les Milanais sont vraiment capables de tout, même de nous sortir du folk à la Simon And Garfunkel pour clôturer cet opus schizophrénique au dernier degré.

Sur cette galette virevoltante, le tempo est souvent soutenu, groovy et excité ("An Imposter"), avec des changements de rythme à l'emporte pièce et des transitions réglées au millimètre par le batteur Federico Paulovich. Coté guitares, les mélodies les plus harmonieuses peuvent enchaîner avec les dissonances les plus grinçantes, et les contrastes sont extrêmes. Il y a parfois un coté haché sur les guitares rythmiques, avec un gate qui massicote le son sans pitié. Les six-cordes s'entrecroisent en essayant de surprendre l'auditeur et donnent énormément de choses à écouter. Vocalement, Paolo Colavolpe passe du growl le plus violent à des passages à la Jane's Addiction sans qu'on voie le coup arriver. Je trouve qu'avec les années, il est parvenu à gommer le coté parfois strident de son chant, et à être toujours dans une juste utilisation de l'étendue de ses capacités.
Le travail sur les samples et éléments électroniques est soigné et très bien intégré dans la musique ("Vasoline"), suffisamment présent pour apporter plus de folie et d'ambiances s'il en était besoin, sans prendre le dessus sur l'instrumentation.


Eclaté, mais pas au sol, "SO MUCH, Too Much" part dans tous les sens mais vous garde les yeux bien ouverts façon Orange Mécanique pour vous infliger un kaléidoscope stroboscopique de sensations. Bien qu'il ne se dégage pas de hit ou classique ultime, l'album est très homogène en qualité dans le tout haut du panier. Au fur et à mesure des écoutes, alors que je trouvais ça trop much au début, c'est le cas de le dire, je trouve cet opus de plus en plus jubilatoire. C'est avec plaisir que je retrouve Destrage tel qu'il est vraiment, fou branquignole, et délicieusement imprévisible.

2 Commentaires

4 J'aime

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Jibe - 27 Novembre 2022:

Bravo pour la chronique et merci pour la découverte.
Le titre en écoute est intéressant, c'est original et ça change des sons plus habituels.
Mais pourquoi ce passage avec le chant clair ?!? Grrrr...

JeanEdernDesecrator - 27 Novembre 2022:

Jibe : De rien ! De mon coté, c'est le contraire, j'aime bien son chant clair justement ! Sur l'album précédent, il est plus rentre-dedans, ça te plaira peut-être plus...

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