High on Fire -
Snakes for the Divine 18/20
Suite à la séparation de
Sleep deux groupes ont été fondés, Om et
High on Fire. C'est à l'écoute de ces deux groupes que l'on peut prendre conscience du sens de "divergences musicales". En effet entre l'expérimental Om et l'enragé
High on Fire il y a un monde d'écart. D'une certaine façon
High on Fire est le Motörhead du Stoner. Un trio mené par un leader charismatique à la voix caractéristique forgée probablement au bourbon et autres substances plus ou moins recommandables. L'autre point commun entre ces deux groupes est que leur agressivité si manifeste pousse à les sortir du genre auquel on les associe. Tout en état plus speed et virulent que la plupart des groupes de Stoner,
High on Fire est pourtant en plein dedans. Et leur petit dernier, 5° album du groupe,
Snakes for the Divine en est la preuve.
Déjà Matt Pike et ses deux excellents compères n'ont pas hésité à balancer deux morceaux énormes en ouverture de leur album. Deux morceaux qui vont me permettre d'expliciter ma longue introduction.
Snakes for the Divine d'abord envoie sec dés son intro, un petit gimmick de guitare inspiré qui reviendra régulièrement pendant les 8'24 du morceau puis gros riff de Pike ponctué par les coups de boutoirs du batteur Des Kensel et de son collègue de la section rythmique le bassiste Jeff Matz. Dés l'intro on ne peut-être que bluffé par le mur du son sur lequel on adore cogner sa tête. Et l'arrivée du chant n'arrange pas les choses, entre les lignes de chant rageuses de Pike et les roulements de toms de Kensel. On aime également le refrain sur lequel Matz reprend à la basse le gimmick du début du morceau. Le groupe se montre à l'aise sur le break instrumental porté par la guitare de Pike. Un premier morceau qui place la barre très haut.
On enchaîne avec le morceau choisi comme single et comme base pour un clip,
Frost Hammer. Le groupe ne baisse pas en régime et ce morceau est une sacré mandale. L'intro met à l'honneur la guitare et la batterie pour aboutir sur un couplet bien up-tempo porté par un chant rageur. Le refrain se fait extrêmement efficace. A la moitié morceau le groupe s'embarque dans un break planant, qui peut rappeler certains moments du dernier album de
Mastodon, surtout dans les jeux entre la voix de Pike et les choeurs de Matz. Pike nous gratifie encore d'un solo remarquable soutenu par une rythmique dantesque. Ces deux morceaux tout en étant bien speed, gardent, par des passages plus planant et leurs structures alambiquées, un côté Stoner tout simplement jouissif. Balancer deux morceaux d'un tel niveau dés le début d'un album est quand même très risqué, surtout si les morceaux qui suivent ne soutiennent pas la comparaison.
La faute est évitée avec brio, grâce à un
Bastard Samurai qui s'ouvre très différemment des autres morceaux. Le groupe prouve ici qu'il est un pur groupe de Stoner, très à son aise sur des passages lents, qu'ils soient planant ou bien lourds. Cependant le groupe n'échappe pas à sa nature et nous propose un break jouissif. Sur ce morceau le groupe a fait parlé ses instincts les plus boueux, comme un
Black Sabbath des années 2010. Ce morceau en évitant la surenchère maintient forcément tendue l'attention de l'auditeur.
A l'image de temps qui paraissent lointains aujourd'hui cet album peut se découper en deux parties, comme les deux faces d'un vinyle. La première face s'achevant sur le rageur
Ghost Neck. Un riff tronçonneuse et Matt Pike laisse éclater sa rage sur un couplet au tempo très enlevé.
Le groupe a conscience d'avoir été particulièrement dense sur cette première partie d'album, et nous ménage une transition virile avec le court instrumental The
Path.
Fire, Flood and Plague ne desserre pas l'étreinte sur nos pauvres cervicales avec un groove magistral et on croirait entendre des sonorités orientales dans le riff de Pike, pendant que Kensel s'éclate sur la double pédale. Le groupe n'aime pas les structures simples et le morceau mute avec un rythme plus mid-tempo ponctué encore une fois par le jeu de Kensel, qui s'impose comme un sacré client derrière les fûts.
How
Dark We Pray est le second morceau de plus de 8 minutes de l'album (avec le title-track) commence sur une intro placée sous le sceau de la guitare de Pike et de son phrasé qui dégage une mélancolie vraiment prenante. Un morceau presque comme une réponse à l'enlevé
Snakes for the Divine, tant l'ambiance sombre de ce morceau pousse à l'introspection plus qu'au headbanging forcené.
L'album se conclut sur le morceau le plus court de l'album (juste après l'instrumental The
Path). Holy
Flames of the
Fire Spitter et ses sonorités tribales clôt l'album avec classe.
L'album est servi par une production parfaite, à la fois moins brouillonne et tout aussi organique que sur les précédents albums, elle permet d'apprécier la qualité de jeu des trois musiciens, qui sont tout simplement remarquables d'un bout à l'autre de l'album.
En conclusion je dirais simplement que le combo signe là son album le plus abouti. Un album qui commence en trombe avec deux morceaux gigantesques et qui ne laisse jamais retomber la pression. Matt Pike est très en voix et sa rage est communicative. Il n'oublie pas son jeu de guitare, entre riffs accrocheurs et soli techniques, mélodiques, inspirés, bref tout les qualificatifs positifs sont de rigueur. Le garçon est épaulé par une section rythmique du feu de Dieu, Jeff Matz à l'image des grands bassistes assure le liant parfait entre la guitare de Pike et la batterie de Kensel ; Kensel, un batteur énorme au jeu surpuissant, toujours dans le ton du morceau et quelque part entre Dave Lombardo et Brann Dailor (on a vu pire comme références). On tient là un très bon album, les félicitations du jury sont de rigueur, entre efficacité et technicité, entre brutalité et finesse de composition. Bref un des meilleurs album de 2010 à n'en pas douter, à conseiller à ... tout le monde !
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