Liste des groupes Death Thrash Rotheads Slither in Slime

Voltaire aimait à dire qu'en fait de goût, chacun doit être le maître chez soi. Il en va bien évidemment de tout ce qui concerne le sujet actuel, à savoir les têtes. Si Jacques Chirac se régalait d'une bonne tête de veau sauce gribiche, mes penchants gustatifs se penchent aujourd'hui bien plus vers celles qui nous viennent de Roumanie, bien faisandées à souhait et connues sous le charmant patronyme de Rotheads.

En 2018, ce groupe avait sorti son premier méfait qui nous contait avec brio les histoires lugubres d'entités démoniaques vivant dans les égouts, par le biais d'un death metal old school rempli de miasmes et de fange. Fidèle à Memento Mori (label qu'on ne présente plus) et toujours composé des 4 mêmes membres, les voici de nouveau prêt, en ce chaud été 2022, à remplir de leurs immondices les esprits avides que nous sommes. Sorti fin juillet, Slither in Slime propose 7 titres pour une durée de 43 mn.

En ouverture, Vampyric Inbreeding pose les fondations solides d'un cru savoureux par le biais d'un death metal old school, véloce et torturé. Passé l'intro qui rappelle les films d'horreur des années 80, Rotheads balance de gros riffs velus sur fond de rythmiques tapageuses, qui renvoie aux premières oeuvres d'Autopsy ou de Grave. La variation des tempi, le gras des guitares et le growl caverneux de Spurciaciune n'ont que peu de mal à convaincre l'auditeur aguerri. Mais c'est surtout cette guitare ténue et ses petits leads décharnés qui donne une véritable identité à cette formation.
Issues du même brouet infâme, Spectral Visitation et Skin Forest (où la basse bien mise en avant apporte une belle coloration) touchent la mire elles aussi.

Attentives à ne pas rester trop ancrées dans le même moule, les têtes pourries s'aventurent, dès le 2ème titre Lost In The Cemetery Gardens, sur des terres plus mélodiques tout en conservant une atmosphère faisandée à souhait. Les soli, plus présents, sont travaillés avec précision et enluminent ce mid-tempo bien gouteux.

Cette volonté de créer un œuvre singulière, tout en veillant à sa cohérence et sa puissance, se ressent particulièrement sur Gut Mauled, Gore Coffin et Dragged Throught Existence. Ces trois titres sont plutôt longs (entre 6 et quasi 10 minutes) et dévoilent moult circonvolutions, allant du death hargneux au doom lugubre, avec toujours ces incartades de cette guitare mutine (avec des colorations latino et western).

Certes, tout n'est pas parfait, à l'image de Dragged qui souffre d'un certaine redondance. On peut aussi reprocher un certain classicisme, chose commune à l'immense majorité des formations actuelles orientées vers le death old school. Cependant, on ne peut occulter les qualités d'écriture et la personnalité affirmée du groupes, choses mises en exergue tout le long de l'album.

Ce 2ème opus bénéficie également du bon travail de mastering de Ted Ringo, avec une instrumentation équilibrée et une aura putréfiée bienvenue. Cerise sur le gâteau, c'est le renommé Mörtuus qui s'est occupé de l'artwork, avec un dessin en tous points adéquat à l'atmosphère développée ici.

Donc les adeptes de ce type de death et les aficionados des sorties Memento Mori (comment ça j'en fais partie ?!!?) sont tout naturellement enclins à apprécier ce 2ème effort. J'encourage aussi tous les curieux à faire comme moi et prendre avec Slither in Slime un bon bain de fange, c'est bon pour la peau et l'âme.