Après 2 albums lui ayant permis de se faire une solide réputation le groupe de speedmetal
Stallion revient en ce début d'année 2020 avec un album à la pochette étonnamment sobre à sortir chez High Roller Records. Un noir et blanc surprenant pour le genre et le groupe qui aurait pu convenir à un groupe de post-blackmetal. Produit par le groupe himself,
Slaves of Time fort de 10 morceaux se veut être l'album censé établir une confirmation de leurs premiers émois et faire rejoindre au quintet les sphères atteintes par un
Enforcer après la sortie de
From Beyond, par exemple.
Si "Waking the Demons", titre placé en ouverture lance les hostilités avec conviction, c'est réellement avec le rapide No
Mercy, placé en suivant et au titre évocateur, que la machine se met en colère. Les Allemands, à la régularité de sorties exemplaire (un album tous les 3 ans), développent leurs caractéristiques avec vigueur : tempi souvent rapides limite thrash ("
Brain Dead", virulent et pas éloigné d'un
Toxik ou le punchy "Merchants of Fear"), riffs inspirés de la NWOBHM ou des aciéries germaniques ("Dynamiter"), voire hardrock (le début de "Time to
Reload" ou le début de "All In" avant que la machine s'emballe pour un final explosif) et voix aiguë mélodique bien mise en avant dans le mix de Marco Brinkmann. Le groupe ratisse cette fois large, avec notamment une pièce-ballade farcie de soli empreints de sensibilité de plus de 7 minutes placée en milieu d'album qui passe crème (le
Helloween de Weikath n'est pas loin). Tous les musiciens sont au poil (mention à la paire de guitaristes, Clode et Äxxl, qui rivalisent de punch, mais aussi Aaron, qui martèle ses fûts avec des belles attaques) et confèrent de vraies réussites à
Slaves of Time
C'est peut-être cette impression de légère mixité stylistique qui fera à la fois la force et la faiblesse de ce disque. Tout en conservant une base fidèle à son passé récent,
Stallion pourra plaire aux fans d'un
Judas Priest et sera moins jusqu'au boutiste qu'un
Riot City, mais aussi aux purs amateurs de speed tout en conservant ses racines hardrock qu'a renié depuis toujours un
Evil Invaders. Bref, sans être les fesses entre deux scènes,
Stallion propose un (léger) éclectisme qui fait son intérêt avec un spectre musical largement balayé avec talent. Cette alternance est ici savamment étudiée, avec un séquencement qu'on devine travaillé tout au long des 10 pistes. En gros, un titre rapide/un titre aux passages plus posés, évitant ainsi la monotonie, d'autant que les chansons sont percutantes, inspirées et sans coup de mou ("
Kill the
Beast" en écoute ci-dessous, très représentatif de l'album), tout en finissant idéalement avec le fédérateur "
Meltdown" propre à lever le poing.
Sinon un grand album,
Stallion confirme tout le bien qu'on pensait d'eux. S'il n'est pas évident de s'extirper de cette scène speedmetal qui fait fureur outre-Rhin,
Stallion possède ce talent pour être à l'aise sur plusieurs registres.
Pas donné à tout le monde. Évitant le piège du changement trop abrupt dans lequel est tombé
Enforcer dernièrement,
Stallion reste fidèle globalement à son propos avec discernement tout en piochant quelques passages chez les voisins (un pattern de batterie ou des twin-guitars à la
Helloween, un riff à la Accept, quelques "uh" ça et là, mais rien de méchant). Même s'il convient de s'assurer avant achat que la voix de Pauly puisse convenir à toutes les oreilles, ce
Stallion nouveau ne décevra guère les amateurs du groupe, du genre, et peut même en gratter de nouveaux fans, tant les allemands maîtrisent leur propos et tracent sans dévier ainsi de leur route tout en apportant quelques touches de fraîcheur, sans doute le meilleur moyen de grandir.
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