Cinq ans après avoir accouché d'un
Elect Darkness diversement apprécié, les Suédois d'
IXXI en remettent une couche avec leur dernier méfait, Skulls N'
Dust, sorti cette fois-ci chez
Osmose Productions. Pour ceux qui ne connaitraient pas ce groupe,
IXXI (les chiffres romains pour 11-
Septembre) est à la base un side-project regroupant essentiellement des membres du groupe de black orthodoxe
Ondskapt et d'autres venant du groupe de black avantgardiste
Lifelover. Jusqu'ici, la formation se distinguait surtout grâce à leur vocaliste Totalscorn, issu du projet black/death
Zavorash, qui dotait leurs compos black/thrash d'une palette de chants d'une étonnante variété. Mais cinq ans, c'est long et ledit chanteur a décidé de quitter le groupe peu après la sortie d'
Elect Darkness. Par dessus le marché, leur talentueux guitariste Nattdal, ou "B", fut retrouvé mort en 2011 et c'est donc après une courte pause suivie de nombreux remaniements de line-up que le groupe put redémarrer avec un certain Outlaw au chant, auparavant connu pour officier chez les black thrashers d'Angrepp, et commencer en
2012 à enregistrer aux Sunlight Studios cette nouvelle galette...
Et du black/thrash, il en est également question dans cet album, à l'image du titre éponyme ouvrant l'album. En effet, sitôt la longue intro samplée d'une minute finie, ce sont des riffs typiquement thrash qui nous prennent à la gorge tandis qu'Outlaw hurle comme un damné. En revanche, il n'y a pas ou très peu de blasts dans cet album. Comme dans
Elect Darkness, Smoker a un jeu plutôt groovy et martial mis en valeur par une production très propre sans pour autant être lissée à l'extrême. Dans la démarche, on pourrait comparer cet aspect "black n'roll" à des groupes comme
Sarke ou encore la période post-
Nemesis Divina de
Satyricon, à cela près qu'
IXXI ajoute encore plus d'influences à leur musique. Ainsi, le tremolo final du titre d'ouverture relève plus du thrash/death tandis que tout au long de l'album se font sentir des sonorités indus comme l'intro d'
Original Sin ou l'interlude de Necrocracy, qui d'ailleurs avec son côté black n'roll presque punkisant est pour moi le morceau le plus représentatif de l'album.
Au chapitre des nouveautés, on peut remarquer sur ce titre d'ouverture, mais aussi sur Bounded By
Blood et
Original Sin, que les harmoniques artificielles se font encore plus présentes dans le jeu d'
Acerbus, accentuant encore le côté thrash/death de leur musique. Le groupe s'autorise même quelques expérimentations comme l'intro à la gratte sèche de
Warmonger ou bien les choeurs en fond sonore sur G.P.S.D, morceau lui aussi très représentatif du mélange des genres qu'est la musique d'
IXXI. Cependant, le changement le plus évident restera le chant, le growl d'Outlaw étant plutôt "générique" par rapport aux originaux gargouillis de Totalscorn, et c'est sûrement sur ce plan que l'auditeur décidera si ce nouvel opus est un progrès ou une déception par rapport au précédent. Personnellement, je trouve qu'il va assez bien à cette musique à l'ambiance finalement très lourde, pesante, grasse et poisseuse.
Ambiance qui d'ailleurs contribue à la personnalité du groupe. Alors que la plupart des groupes de black scandinaves n'en finissent pas de vouloir nous transporter dans des forêts glaciales ou d'obscures catacombes, celui-ci nous emmènera plutôt dans les bas-fonds ou les ruelles sordides d'une grande ville. Il est intéressant aussi de noter à quel point cette ambiance urbaine et moderne est prolongée par l'iconographie du livret,qui ajoute aux habituelles églises ou barbelés des porte-avions et même... des flingues.
Cela dit, les racines black du combo ne sont pas oubliées pour autant, en témoignent les deux morceaux Soiled Soul et 21st
Century Regicide, qui sembleraient presque être tirés d'un album d'
Ondskapt avec leurs intros en arpèges et le retour (discret) des blasts sur le second. Enfin, leur musique sait se faire également très mélodique, à l'instar de l'outro instrumentale "B", dédiée à la mémoire de leur ex-camarade de combat Nattdal. Cependant, il manque à chacun de ces morceaux le "petit quelque chose" qui fait un grand album. Malgré une évidente recherche d'originalité, aucun des titres cités ci-dessus ne peut être qualifié de véritable "bombe", et c'est ce qui risque de condamner ce Skulls n'
Dust à une relative confidentialité, noyé au milieu des dizaines de sorties annuelles d'une scène black européenne actuellement surchargée.
14/20
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