Le boulot de chroniqueur peut nous amener à des découvertes de tous horizons et de qualités variables. En ce mois de janvier 2014, est arrivé entre mes mains, le premier effort longue durée de
Fake Messiah, quintette suisse formé en 2010, et, composé de Mathieu Piguet à la batterie, de Joachim Piguet et de Mathias Wadsack aux guitares, de Valentin Magnenat à la basse, en remplacement de Julieu Reverchon, mais surtout de Audrey Berset au chant, qui attire toute l’attention, de par son organe vocal mais aussi par sa plastique. Le groupe publie «
Sip of Madness » qui fait suite à la démo «
Fake Messiah » sortie en 2010.
D’entrée, je suis interpellé par la qualité du contenant, un très joli digipack, au graphisme très professionnel et aux informations concernant le groupe et le disque très complètes, ainsi qu’une certaine originalité dans le tracklist dont l’énumération est écrite à l’envers, sans compter la jeune femme aguicheuse de l’artwork, qui devient moins « sympathique » à l’intérieur…
Passons maintenant au contenu qui s’ouvre avec le morceau «
Resurrection », introduit par un arpège de guitare assez doux avant que l’agression sonore ne débute. Et là, grosse surprise ! Le son est monumental et ferait pâlir certaines grosses écuries américaines, chaque instrument est bien en place et parfaitement audible. L'ensemble est assez "heavy" avec un riff principal limite "hardcore", entrecoupé de passages plus saccadés ou plus lourds. La filiation à
Eths est assez inévitable de par la structure des morceaux mais aussi par cet atmosphère dérangeante qui confine à la folie mentale qu'ont en commun les deux formations, mais
Fake Messiah est plus direct et accessible.
Les compositions de bravoures se succèdent avec le plus alambiqué "Fuck the people" au confin du "death" mélodique mais doté de riffs pachydermiques (surtout sur le break) et d'un sens "groovy" qui renvoie à
Devildriver, et, cela sera aussi le cas sur l'accélération de "Cut the ties" ou encore "
Red earth". Mais
Fake Messiah sait varier les plaisirs en proposant des titres beaucoup plus sombres, plus lourds comme l'oppressant "I want to scream", "Selfishman" ou encore "
Sip of Madness", mais il sait se faire aussi mélodique ("Dear mum") voire mélancolique sur "The sign" doublé de la voix claire de Lila Cruz qui ajoute à la tristesse du morceau.
Deux brulôts sortent cependant du lot et résument parfaitement la musique de
Fake Messiah, il s'agit de "
Nightmare qui démarre sur les chapeaux de roue avant de nous proposer un gros riff "mastoque" puis une accélération débridant le tout, ce morceau, tout comme "Your time is your fight" (le deuxième brulôt) est très entraînant et incite au headbanging le plus furieux, ils sont facilement mémorisables, d'une efficacité redoutable et enrobés d'une atmosphère à couper au couteau.
Outre la qualité intrinsèque de l'album et l'intelligence de composition du groupe qui ne laisse rien au hasard, c'est bien ce petit bout de femme qui est l'atout majeur de "
Sip of Madness". Audrey éructe du plus profond de ses entrailles tout au long de la galette, difficile d'imaginer qu'une voix aussi dérangé et possédé puisse sortir de ce corps angélique. A l'instar de la gente féminine qui officie dans le "growl", sa manière de chanter est assez personnel mais plus identifiable que ses consoeurs. Son "growl", très guttural" mais avec un timbre d'aliéné possédé, doté de petits décrochements aigus, ne laissera personne indifférent, pour ma part, il donne à
Fake Messiah, une identité certaine.
Pour un premier essai, "
Sip of Madness" est un véritable coup de maître. Même s'il y a certaines similitudes avec
Eths,
Fake Messiah s'avère bien plus direct et "in your face" que le combo français. Les musiciens sont tous au taquet et livrent une prestation d'une précision chirurgicale, difficile de dire à l'écoute que "
Sip of Madness" n'est que le premier album du groupe.
Pas grand chose à jeter donc sur ce disque qui frôle la perfection et, comme
Fake Messiah n'est pas avare, il vous offre une petite surprise à la fin du disque (non! Je ne dirai rien, même sous la torture!!!).
Mon coup de coeur de ce début d'année.
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