Fondé sur les cendres de feu
Evil One, le quatuor Parisien
Thrashback (patronyme emprunté à un album des cowboys de
Whiplash dont ils sont grands fans) sort son troisième album,
Sinister Force, après deux disques distribués par Emanes
Metal Records, dont nous sommes un peu sans nouvelles depuis la disparition du site internet et la sortie du dernier album de Hürlement l'an dernier. Les deux premiers
Thrashback, aux pochettes fort colorées, ont eu un succès d'estime un peu à l'image des deux albums des thrashers tricolores de Infinte Translation, dont ils partagent l'esprit thrash venus des Amériques (en ayant vu beaucoup d'Américains, à en croire la liste des remerciements des livrets) et le propos musical général. Du thrash pur et dur, sans mélange externe d'aucune sorte. Comme un Ricard qui ne demande aucun édulcorant pour s'assumer en valeur sûre à l'heure propice.
Attaquons maintenant ce troisième album, sorti sans l'aide d'un label, et dont la pochette connotée plutôt deathmetal, plus sobre qu'à l'accoutumée (le logo blanc, les tons crus) laisse présager une évolution marquée. 11 titres, dont une intro et une outro acoustiques et aux titres nihilistes entourent neuf morceaux au parfum thrashmetal complètement assumé et digne d'intérêt. Car, amis thrashers, ne nous y trompons pas, ce troisième
Thrashback contient ce qu'il faut de rythmiques brise nuques, de riffs inspirés, et de gang-vocals pour satisfaire n'importe quel fan d'
Exodus en manque de sorties marquantes en cette bien faible année 2018 pour le style. Comptons également au bas mot 3 tueries parmi ces 9 titres, dignes de figurer dans n'importe quel best-of thrash de l'année. C'est bien simple, le hit "No Way To Come Back" aurait pu figurer sur Fabulous
Disaster (si, si, je vous assure) des Californiens chers à Gary Holt, "
Sinister Force" mériterait une place sur un album hommage à
Destruction période
Sentence of Death (intro comprise) et l'agressif "
Attack of the
Undead" détruit tout en moins de 2 minutes. Cahier des charges pour un album de thrash d'inspiration Bay-
Area rempli (le moshy "Stand Up
And Fight"), et haut la main, tant parfois le style peut devenir académique et sans titres marquants. Qui plus est, servi par un son bien rond et abrasif (Le Walnut Groove Studio d'Amiens oblige), le reste des titres ne souffre pas de grande faiblesse, avec un soin porté sur les refrains efficaces comme sur un "
Resurrected To Devour", au riff sous-jacent à la
Holy Moses et aux chouettes soli.
Alors, chacun l'aura compris, comme dans nombre de films d'horreurs récents, l'originalité n'est ici pas de mise, et on pourra parfois avoir tendance à comparer quelques passages à de vieilles idées de Grands Anciens (pour certains parmi les plus probants cités dans le paragraphe précédent). L'ombre, si elle est présente, n'est que rarement envahissante, car la qualité de composition est bien là et prend largement le pas sur le reste. Les breaks sont pour la plupart fort bien amenés, le chant du batteur/chanteur Speed aucunement pénible est même assez convaincant, et aucun ennui ni temps mort n'est à déplorer. "Chemical Death", toute basse et gros riffing en avant, bouffe tout, et les riffs malsains pas loin du
Slayer de 1990 de "The Final Hour" (aux paroles un peu cliché quand même) agrémentent le disque d'une richesse bienvenue, accélérations brutales et/ou incisives et parties mosh bien placées incluses. Coup de gueule quand même pour un livret famélique, 4 pages sans les paroles et juste quelques photos avec la traditionnelle liste de remerciements, ça fait léger.
Malgré ce point noir, il ne fait aucun doute que les 500 seuls exemplaires de l'édition proposée par le groupe contentera chaque thrasher en manque de référence qualitative ces derniers temps. De consonance californienne majoritairement ("
Exterminate"), mais sans sacrifier à une universalité toute propre à notre époque,
Sinister Force est sans aucun doute l'album qu'il fallait à
Thrashback. Bourré d'influences reconnaissables, mais avec une sacrée patte pour pondre le riff ou le solo qui tue, l'album mérite l'attention de chaque fan, tant le genre est en manque de renouvellement de leaders constants. Gageons que ce troisième disque de
Thrashback soit celui d'une reconnaissance enfin apte à défier nos voisins européens, bien en avance sur nous en terme de points UEFA dans le petit monde du thrash.
Thrashback vient ici de frapper un fort joli coup avec
Sinister Force, qui suit ?
Je vais écouter ce groupe d'un peu plus près, merci pour la chro ;)
Très bonne galette pour fan d'exodus
J'ai reçu l'album il y a deux semaines, mais emploi du temps saturé oblige, je n'ai toujours pas eu le temps de l'écouter. Ta chronique laisse augurer du meilleur, ce qui ne fait que renforcer ma foi en ce groupe qui ne m'a jamais déçu jusqu'ici. Des paroles cliché ? Haha, mais n'est-ce pas là justement tout le charme de Thrashback ? ;D
Merci pour la kro ! :)
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