L’innovation est une essence même pour un nombre presque insignifiant de formations. Certains en font un tout nouveau style, d’autres proposent simplement des éléments personnels, s’ajoutant à une panoplie déjà riche de principes classiques. Pour le trio
Singularity, la naissance d’une esthétique unique et l’apport de notions audacieuses semble être les deux principaux intérêts de leur musique. Formé en 2010 dans la ville de Tempe, dans l’Arizona, ce groupe n’a peu de traits communs avec les autres collectifs de black metal symphonique.
En effet, outre le fait que les musiciens proposent une musique sombre et harmonieuse, la technique, l’apport des claviers et l’agressivité viennent s’ajouter au funèbre et à la mélodicité afin de former du Technical/Symphonic
Blackened Death
Metal (rien que ça). Il est difficile d’imaginer ce que la fusion de ces quatre styles de metal peut donner comme résultat mais surtout, comment il est possible de les faire marier d’une élégante manière, sans que l’ensemble soit un véritable fouilli. Un défi que va relever le trio américain avec cet album éponyme.
La technique vient clairement s’appuyer sur les percussions, hâtives et complexes à souhait. Les guitares gardent plutôt un aspect limpide qui viennent rappeler les atmosphères sombres du black metal. La tournure symphonique vient de l’apport des claviers, omniprésent sur la totalité des titres. Le vocal, quant à lui, oscille entre chant écorché, guttural qui rappellera des groupes telles que
Dimmu Borgir ou
Mayhem et chant growlé, remémorant différentes formations de death technique semblables à
Beyond Creation ou encore
Gorod.
Le résultat est quelque peu déconcertant mais néanmoins totalement assumé et maîtrisé. La crainte principal est qu’un des acteurs prennent l’ascendant sur les autres mais ici, tout est peaufiné de telle manière que le mélange entre les genres soit relativement bien équilibré. La promesse des styles divergents est parfaitement respectée et démontre déjà une parfaite aisance de leurs touches caractéristiques, le tout en seulement un album.
Certains titres tireront leurs influences sur un ou plusieurs aspects définis, à l’instar de
Monolith qui proposera un morceau qui, dans son ensemble, est typée black metal symphonique avec des cordes aux distorsions élevées, un tapping de batterie fort et plutôt imposant, des claviers qui apportent la dimension harmonieuse et un chant purement éraillé.
Seul l’outro du titre rappelle les connotations plus techniques avec les blasts beats et un schéma instrumental plus délicat.
Le caractère symphonique de
Singularity est ouvertement mis en avant avec Utopian
Flesh offrant une intro disposant de chœurs d’église avant de poursuivre sur un accompagnement de claviers. La suite offrira une vision de black purement technique avec une batterie martèlement intense, toujours saupoudré d’une sauce plus orchestrale avec la présence des cordes frappées, même si les influences death ressortiront de temps à autres avec le travail vocal, apportant même du chant clair.
La physionomie death est plutôt présente sur Spacetime
Devourment. Même si l’on garde de forts rapprochements avec le black, encore avec cette omniprésence de claviers, les guitares se veulent plus rauques, plus rythmiques également. La présence de plusieurs solos y est peut-être aussi pour quelque chose. Les percussions se veulent toujours plus hâtives et scrupuleuses. Le vocal, mêlant hurlement et guttural, rappelle les deux esprits death et black du trio.
Singularity affiche un aspect novateur, surprenant et totalement déroutant, n’hésitant pas à casser les codes singuliers du metal. Fusionnant presque parfaitement symphonie, technicité, noirceur et agressivité, le trio américain peut pleinement se vanter d’avoir innover puisque le résultat, pour un premier opus, est fort honorable et donne entière confiance pour les prochaines compositions des musiciens.
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