Liste des groupes Black Mélodique Singularity (USA-1) Place of Chains

Après une première galette fort alléchante, présentant une personnalité assumée et affichant une belle prise de risques pour une formation encore sans expérience musicale, le trio américain de Singularity refait surface après cinq bonnes années d’absence. Durant ce temps, le groupe a légèrement évolué et a pu compter sur la signature pour le label The Artisan Era pour produire son second opus : Place of Chains.

Ce passage de l’autoproduction à un tout jeune label commençant à se spécialiser dans le domaine du death technique, présentant déjà de futures lourdes pointures telles qu’Equipose ou encore Inferi sonne déjà comme un nouveau tremplin pour notre trio arizonien. Pour cause, nos musiciens sortent du monde underground pour s’installer sur la scène technique dans le but de gagner une certaine notoriété aux côtés des cadors du genre. Mais à quel prix ?

Rassurons-nous de suite : Singularity n’a absolument pas abandonné ou changé sa recette toujours aussi surprenante mélangeant la mélancolie du black, la turbulence du technique, la provocation du death et l’harmonisation du symphonique. Mieux encore, le trio a su améliorer ses ingrédients secrets en présent des titres plus saisissants, plus sophistiqués et plus déroutants pour offrir un spectacle inédit et aguicheur.

Mais alors, comment notre formation, qui avait pourtant produit un premier coup de pinceau remarquable a réussi à relever le défi complexe de s’améliorer après tant d’absence ? La réponse est simple : nos américains n’ont délaissé aucune de leurs influences, exposant dans son ensemble un bel équilibre entre les différentes empreintes. Ce point se dégage tout particulièrement dans le travail vocal, qui combine d’une meilleure manière le chant éraillé, le chant rauque et le chant growlé.

Outre la belle introduction Bellum, sinistre, mystérieuse et symphonique à souhait, la véritable technicité ne se fera pas prier bien rapidement puisque Victory Of Death sort en un tour de main l’artillerie. Bien sûr, les percussions seront incisives et torrentueuses mais les cordes se montreront elles aussi plus techniques pour offrir une esquisse soigneuse et inopinée. Rien n’est perdu dans l’harmonie et l’orchestration puisque les claviers sont omniprésents pour nous rappeler ce côté funeste plus délicat.

Singularity n’abandonne pas son souffle meurtri uniquement dans ses claviers puisque l’on arrive à le percevoir dans les guitares, en présence assez prononcée dans Sisphean Cycle ou dans Consume And Assume. On le retrouve également de manière régulière dans le chant, comme le montre des morceaux telles que Ritual Of Regret ou Sisphean Cycle (encore lui). Le travail vocal, lorsqu’il se dirige vers le growlé, nous rappelle immédiatement celui de Simon Gerard de Beyond Creation, offrant une prestation minutieusement réussie.

Néanmoins, sur quelques compositions, les claviers prennent de temps à autres un peu trop l’ascendance comme le prouve Desmoterion par exemple. Soyons honnêtes, cette montée en puissance est loin d’être perturbante et ne relève que du simple détail au vu de la qualité quasi irréprochable de l’opus. Mais cela montre qu’il y a encore de légers tirs à rectifier pour viser en plein dans le mille et un petit chemin à parcourir pour atteindre l’élite.

En attendant, Singularity continue à modéliser son art et son image hors norme en signant une seconde galette de grande classe, pleine de maturité et d’envie. En dépit de quelques maladresses que nous pourrons classifier comme des étourderies élémentaires, Place of Chains est une sortie inattendue qui pourrait facilement se glisser dans la collection des très bonnes sorties techniques de cette année. A découvrir donc !