Bob Kulick, après s’être attaqué aux Beatles, Cher,
Kiss, Iron Maiden, Queen,
Alice Cooper ou
Aerosmith (entre autres), et son compère Brett Chassen, se réunissent à nouveau pour produire encore une fois un Tribute. Un Tribute Album pour une personnalité hors normes et tellement charismatique, que la simple idée de le faire semble être un blasphème. Bob Kulick et Brett Chassen ont cette fois, jeté leur dévolu sur "The
Sultan of Swoon", «The Godfather»… «The
Voice» en personne, j’ai nommé, Frank Sinatra, le roi des crooners, l’idole d’au moins trois générations de femmes transies par la voix souvent imitée mais jamais égalée. Jusqu’à maintenant, la démarche avait plutôt été inverse, Pat Boone (In a
Metal Mood :
No More Mr. Nice Guy en 1997), Paul Anka (Rock Swings en 2005), William Shatner, oui, le Capitaine
Kirk de Star Trek (ponctuellement dans le passé et surtout sur Searching for Major Tom qui sortira en octobre 2011) ou RicHard Cheese (toute sa discographie), reprenant façon Swing des standards du
Metal et du Rock.
Mais adapter au
Metal d’autres styles, peut être assez ardu et casse gueule, la pire preuve étant les atroces Werk 80 I et II d’
Atrocity. D’abord, bien s’entourer et former un groupe qui saura s’adapter aux univers de chaque chanteurs (oui, pour affronter «The
Voice» sur 12 titres, mieux vaut 12 chanteurs différents). Une espèce de Big Band Metallic :
Bruce Kulick (qui a travaillé avec
Kiss,
Meat Loaf, Lou
Red,
Doro,
Paul Stanley… et ses propres groupes,
Balance et
Skull) à la guitare, Brett Chassen (
Tim Ripper Owens, Bret Michaels, Velvet
Chain, Carlos Santana, Stanley Clark…) aux baguettes,
Richie Kotzen (
Mr. Big, Forty
Deuce,
Poison,
Gene Simmons…) second guitariste,
Billy Sheehan (
Mr. Big,
David Lee Roth,
Niacin,
Steve Vai…) évidemment à la basse et Doug Katsaros (
Balance, Michael Bolton, Cher,
Paul Stanley…) aux claviers (façon section de cuivres), c’est également lui qui s’est occupé des réorchestrations. Des types aux CV convaincants. Des requins de studio, habitués à s’adapter et à faire ce que l’on attend d’eux, dans les genres les plus variés. Le but du jeu n’étant pas d’imiter l’inimitable, mais d’adapter le style de chaque chanteur sélectionné avec le répertoire «imposé». Sans trop molester ni l’un, ni l’autre. En y mettant aussi une bonne dose d’humour et de second degré, dont ne manquait pas «Franky» et pour faire passer l’absence de son phrasé mythique.
Autant le dire tout de suite, malgré l’ampleur de la tache et du mythe, «
Sin-Atra - a Metal Tribute to Frank Sinatra», est une réussite, bien sûr, tout le monde ne s’en sort pas avec le même éclat, mais il n’y a pas de réelle déception, tout juste quelques faiblesses dues surement à l’âge, car il faut bien l’avouer, ce sont les vieux briscards du
Metal qui s’en sortent le mieux au niveau du chant, les réorchestrations, étant toutes tout simplement surprenantes. Dans l’ordre de qualité pour les vieux,
Glenn Hughes (Solo,
Black Country Communion, Trapeze,
Deep Purple…) tout simplement bluffant dans sa version entre
Hard et Fusion de I've Got You Under My
Skin du génial Cole Porter, certes la plus «académique» dans la forme (pas autant que le superbe duo U2-Sinatra de 1993), mais où son timbre particulier fait mouche et où son attaque sèche des syllabes, rappelle un peu celle si particulière de Frank Sinatra, qui le faisait souvent comparer à celle des cuivres d’un orchestre de Swing.
Dee Snider (
Twisted Sister) lui, revisitant façon
Heavy Metal plombé It Was a Very Good Year, avec l’intégration très osée du riff mythique de Kashmir (
Led Zeppelin), transformant cette chansonnette sur l’évolution du couple au travers des ans en constat de la torture du vivre à deux. C’est Robin Zander (
Cheap Trick) que nous retrouvons sur mon titre préféré du grand Frank Sinatra Fly Me to the
Moon dans une version speedée, festive et virevoltante, pétaradante comme la navette Challenger. Mais, les plus jeunes s’en dépatouillent aussi très bien. Bon, à mon goût, seul
Devin Townsend et son
New York New York semble un peu avoir du mal, sur-interprétant ce grand classique de la musique Américaine revisité
Metal Prog, mais, en même temps, il y insuffle sa propre personnalité, après tout. Le Cover est loin d’être mauvais, mais il demande du temps avant d’être totalement accepté.
Il fallait oser en 2011 faire un album
Metal avec le répertoire de Frank Sinatra, et c’est le principal atout de cet album, l’audace. Il en a fallu de l’audace pour reprendre à la
Van Halen The
Lady Is a Tramp (repris également magnifiquement sur son dernier album par un autre Crooner monument, Tony Bennett, en duo avec
Lady Gaga) réinterprété avec fougue par un
Eric Martin (
Mr. Big) décoiffant. Dire que Frank Sinatra avait déclaré, après avoir entendu un p’tit gars de Memphis qui débutait, que le Rock and Roll était la pire chose qu’il avait eu le malheur d’entendre. Qu’aurait-il dit après son jugement définitif sur Elvis Presley (vu que c’est de lui qu’il s’agissait) et toute sa suite depuis plus de 50 ans, après avoir entendu son titre le plus connu au monde Stanger in the
Night revu et corrigé par le chanteur d’
Anthrax, Joey
Belladonna et quelques Metalleux hirsutes. Joey
Belladonna, que j’aurais d’ailleurs plutôt vu sur la reprise Thrashy de Love and Marriage, vu que
Anthrax y avait fait une apparition dans la série du même nom (Marié 2 enfants) à leur début. C’est Elias Soriano de Nonpopint qui le fait et de très belle manière. Tout comme
Geoff Tate (Queensrÿche) sur Summerwind, même le
That’s
Life bien que génialement repris par un
David Lee Roth en pleine forme sur son 1er album Solo (Eat 'Em and Smile 1986) et ne souffrant aucune comparaison, se révèle fort sympathique, magnifiquement interprété par un
Jani Lane (
Warrant), malgré tout, très influencé par le Big Dave, qui aurait eu toute sa place sur ce Tribute Album. Autre grand absent, qui avait été contacté et qui avait promis de participer, Ronnie James
Dio, qui devait reprendre le My Way (du sautillant Claude François (Comme d’Habitude)) et qui a entre temps décidé de rejoindre Frank et Cloclo au firmament… où ils étaient déjà.
Un vraiment magnifique Tribute à l’une des plus grandes stars de la chanson internationale, superbement servi par un groupe éphémère de grande qualité, et des voix, qui ne rivalisent pas avec «The
Voice» mais lui rendent hommage de la plus belle des manières…en chanson.
Merci les gars…merci Franky.
fabkiss
sans déconner, ça vaut le coup ;)
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