Liste des groupes Metal Mélodique Infinite And Divine Silver Lining

Parmi les rares duos inscrits dans le concurrentiel registre metal mélodique à chant féminin s'immisce ce combo suédois cofondé en 2019 à Malmö par le pluri-instrumentiste, vocaliste et producteur Jan Akesson (Stonelake, Jan Akesson's Shadow Rain...) et Terese ''Tezzi'' Persson, chanteuse aux puissantes inflexions non sans rappeler celles de Janet Gardner (Vixen), sollicitée voilà huit ans par le groupe de metal progressif belge Epysode sur leur second album studio, « Fantasmagoria » ; occasion lui a ainsi été donnée de partager le micro avec Tom Englund (Evergrey), Ida Haukland (Triosphere), Henning Basse (Orpheus Blade, ex-Firewind, ex-Metalium, ex-Mayan...) et Matt Marinelli (Borealis), belle brochette de talents s'il en est...

S'esquisse alors une inattendue collaboration entre deux artistes aux univers et parcours fort différents, l'un officiant dans un heavy mélodique bien trempé après avoir débuté en tant que compositeur et lead guitariste dans moult groupes, et auteur de chansons à l'intention d'artistes aux styles les plus divers et investis aux quatre coins de la planète ; la seconde s'étant illustrée en qualité de frontwoman dans différents projets rock et metal progressif et choriste pour divers artistes suédois. Soit, une symbiose de talents et d'expériences, ici concrétisée par un album studio, « Silver Lining », signé chez le puissant label italien Frontiers Records, rien de moins...

Avec le concours du batteur Jens Westberg, acolyte de Jan Akesson chez Stonelake et Jan Akesson's Shadow Rain, le combo nous mène au cœur d'un metal mélodique mâtiné de hard rock typé années '80, ajouté d'un zeste de metal symphonique et assorti de sonorités modernes. Aussi effeuille-t-on une œuvre volontiers éruptive, éclectique et non dénuée de sensibilité, où se mêlent de subtiles nuances mélodiques, des riffs aussi massifs qu'avenants et une empreinte vocale délicieusement corrosive, aisément identifiable et des plus prégnantes. Produits et mixés par Jan Akesson, les 11 titres de la galette jouissent d'une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut doublée d'une belle profondeur de champ acoustique et de finitions passées au crible. Etat de fait autorisant l'écoute d'un seul tenant des 47 minutes de la solaire offrande...

Ce serait à l'aune de leurs passages les plus enfiévrés et inscrits dans une veine heavy mélodique un brin symphonique que nos acolytes décocheraient certaines de leurs plus redoutables flèches enflammées. Aussi, c'est d'un claquement de doigts que l'on se verra aspiré par la vague de submersion qui va s'abattre sur nous à l'instar de « Wasteland », up tempo heavy mélodique aux riffs aussi engageants que détonnants, tel un condensé d'Allen-Lande et Kiske-Somerville, et encensé par les corrosives modulations de la déesse. Dans cette même dynamique, doté d'une sidérante force de frappe sur fond d'ondoyantes rampes synthétiques, renforcé par les inaltérables attaques dans les médiums de la prédatrice et pourvu d'un éblouissant solo de guitare, le mordant « Perplexed Perfection » ne lâchera pas sa proie d'un iota. Enfin, eu égard à ses grisantes séries d'accords et à son intarissable et communicative énergie, l'up tempo heavy mélodique mâtiné d'une fibre hard FM « While You’re Looking for Love » est une ogive à longue portée aux effets dévastateurs, rajoutant dès lors une autre corde à l'arc de nos compères.

Quand la cadence se fait plus mesurée, le combo trouve là encore matière à nous retenir plus que de raison, nous renvoyant alors tantôt à un hard rock aussi subtil que racé, tantôt à un heavy mélodique un brin suranné et enivrant. Prenant tout d'abord le versant hard rock, le chaland ne mettra qu'une poignée de secondes pour se voir aspiré par les vibes enchanteresses émanant de « Infinite & Divine », mid tempo aux riffs lipidiques, pourvu de puissants et métronomiques claquements de tambour et voguant sur un discret tapis synthétique. Sous-tendu par les rocailleuses et pénétrantes patines de la sirène et agrémenté d'un bref mais flamboyant solo de guitare, ce hit en puissance dans le sillage d' Ela ne se quittera qu'avec l'indicible espoir d'y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. On ne pourra davantage se soustraire au refrain catchy typé hard rock mid-80s mis en exergue par les toniques impulsions de la princesse exhalant des entrailles de « Off the End of the World », ''lacunacoilesque'' mid tempo aux riffs massifs et pourvu de seyants gimmicks guitaristiques

Dans une mouvance heavy mélodique classique, l'exercice est, là aussi, bien rôdé, et l'attention jamais affadie. Aussi s'avérera-t-il difficile de résister à l'envie d'esquisser un headbang subreptice sur « Keep On Moving », dévorant mid tempo au carrefour entre Vixen et Stonelake. Doté de couplets bien customisés, d'une mélodicité toute de nuances vêtue et souligné par une guitare bien grasse et des plus poignantes, on comprend que l'accroche ne s'effectuera que d'un battement d'aile. A la confluence de Vixen et After Forever, le mid tempo « Burn No More », lui, dévoile des riffs aussi entraînants qu'épais et calés sur une ligne mélodique aux portées d'une précision d'orfèvre et des plus infiltrantes.

Quand ils desserrent encore d'un cran la bride, nos compères nous adressent leurs mots bleus les plus sensibles, avec, pour effet, de déclencher la petite larme au coin de l'oeil sans avoir à forcer le trait. Ainsi, l'émotion ne saurait tarder à étreindre l'aficionado de moments tamisés sous le joug de « Not Too Late », poignante power ballade au fin legato, s'écoulant le long d'une sente mélodique des plus enivrantes et mis en habits de soie par les ''siréniennes'' et touchantes volutes de la maîtresse de cérémonie. D'autre part, décochant un refrain immersif à souhait et imposant ses harmoniques des plus magnétiques, à nouveau relevé par les sensuelles modulations de la princesse et surmonté d'un fin legato à la lead guitare, le chavirant mid tempo « You and I » n'aura pas tari d'armes pour nous faire plier l'échine.

Si l'exercice est relevé de main de maître dans une orientation heavy mélodique/hard rock, dans une perspective plus volontiers metal moderne, un zeste symphonisante, la troupe en vient littéralement à se transcender. Ce qu'atteste, d'une part, « I Feel Alive », mid tempo aux riffs ronronnants et des plus enveloppants, à mi-chemin entre Rage Of Light, Lacuna Coil et Bif Naked. Glissant sur d'ondoyantes rampes de claviers, jouissant d'enchaînements intra piste ultra sécurisés et mis en habits de lumière par les corpulentes et incessantes attaques en voix de poitrine d'une interprète bien habitée, le félin et néanmoins vrombissant méfait aura peu de chances de rater sa cible. Dans cette veine se place également « We Are One », un saillant effort à l'entêtant refrain, non sans rappeler Volturian, servi par des arrangements orchestraux d'excellente facture et, là encore, sublimé par la chatoyante empreinte vocale de la belle.

A la lumière de leur première livraison, force est d'observer que nos deux maîtres d'oeuvre patentés évoluent en parfaite symbiose, nous octroyant dès lors un propos à la fois palpitant, enjoué, diversifié eu égard à ses ambiances, racé mais nullement grandiloquent, et des plus efficaces, poussant irrémédiablement à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée. Jouissant d'une ingénierie du son plutôt soignée, ne consentant pas l'ombre d'un bémol harmonique susceptible d'en atténuer l'impact, le set de compositions transpire parallèlement la féconde inspiration mélodique de ses auteurs tout en témoignant d'une technicité instrumentale et vocale de premier ordre. Brossant une large palette de styles qui en fonde précisément son originalité, le vibrant message musical serait de nature à trouver un débouché favorable à son assimilation auprès d'un auditorat élargi, les fans de rock'n'metal mélodique, symphonique, moderne, hard rock, pouvant y trouver là matière à se sustenter. Premiers émois et premier coup de maître insufflé par le duo suédois...