Les événements tendraient quelque peu à s'accélérer pour la formation portugaise... Suite à « Our
Nation », leur troisième et pimpant mais friable album full length, message semble avoir été reçu par le combo de devoir rectifier le tir. Aussi, revient-il, deux ans plus tard, mû par la ferme intention d'en découdre. Et ce, à l'aune d'un quatrième opus de même acabit dénommé « Signs of
Freedom » ; une auto-production plus joufflue que son aînée, trônant du haut de ses 74 minutes où ne s'enchaînent pas moins de 15 titres, jouissant d'une ingénierie plus affûtée, à commencer par un enregistrement de bon aloi, et de compositions un tantinet plus affinées que naguère. Ainsi, quelque dix années suite à sa création par le guitariste Miguel Gomes, le temps semble venu pour la troupe sud-européenne de faire plus largement résonner ses tambours et entendre sa voix...
Conformément à l'évolution conférée à ce projet, le sextet du précédent effort s'est mué en un quintet au sein duquel s'agrègent dorénavant les apports respectifs de : Patricia Loureiro, en remplacement de
Miriam Dias et seule maître à bord, au chant ; Miguel Gomes (ex-
Oratory) à la guitare ; Ivan Batista à la basse ; Tiago Moreira (ex-Eyeblast, ex-The Pisces) à la batterie et António Silva (ex-
Oratory) aux claviers. A l'instar de sa devancière, la troupe nous octroie un message musical le plus souvent enjoué, avenant, un poil romantique, parfois énigmatique, rarement désarçonnant. Fidèles à ses aspirations premières tout en disséminant de nouvelles sonorités, nos acolytes continuent d'oeuvrer dans un metal power mélodico-symphonique aux relents pop-rock auquel s'adjoint une touche folk, dans le sillage d'
Ancient Bards,
Delain,
Amberian Dawn (seconde période),
Therion,
Visions Of Atlantis,
Arven,
Haggard et Blackmore's
Night. En quoi les armes de cet opus seraient-elles plus efficaces aujourd'hui qu'autrefois et de nature à maintenir la féroce concurrence en respect ?
A l'instar de sa devancière, lorsqu'elle évolue sur des charbons ardents, la plantureuse galette abonde en souriants paysages de notes, dont de tubesques offrandes au programme. Ainsi, à mi-chemin entre un
Ancient Bards estampé «
Soulless Child » et
Delain à l'époque de «
April Rain », l'entraînant «
Destiny IV » et le pimpant « Signs of
Freedom » tout comme le fringant « Timeline » et l'invitant «
Beyond the Light » disséminent un inaltérable et martelant tapping parallèlement à de truculentes rampes synthétiques. Sous-tendues par des choeurs aux abois et à l'opportun positionnement, les cristallines inflexions de la belle font mouche où qu'elles se meuvent. Et si la sauce ne tarde pas à prendre, on regrettera cependant la tenace répétibilité de l'exercice de style ainsi que les minimalistes prises de risques dont ces pistes font preuve.
Sans pour autant revêtir l'aspect de hits en puissance, il est des pistes sachant néanmoins tirer leur épingle du jeu. Ainsi, disséminant ses riffs crochetés adossés à une rythmique résolument frondeuse ainsi qu'un joli solo au synthé, le pulsionnel et ''delainien'' « The Mysterious Fog of Preperiams
Valleys » se dote, lui aussi, d'armes suffisamment efficaces pour assurer sa défense. Tout en préservant son caractère enjoué, le brûlot délivre une ligne mélodique fédératrice, mise en habits de lumière par les limpides volutes de la déesse. Pour sa part, au regard de son inaliénable tapping et ses enchaînements d'accords, le mordant et ''therionnien'' «
North Star » nous prend à la gorge pour ne plus nous lâcher une seule seconde, et ce, jusqu'à l'ultime mesure envolée.
Lorsqu'il ralentit quelque peu le rythme de ses frappes, le combo parvient là encore à encenser le tympan. Aussi, dans la lignée d'
Arven, de par la sérénité de leur climat conjugué à l'accessibilité de leurs harmoniques, l'enivrant mid tempo « Turn on the Lights So We Can Dance » au même titre que les troublants « In the
Silence of Your
Lies » et « Words Aren`t Right » ne mettront pas bien longtemps à faire plier l'échine de l'aficionado du genre. Dans cette mouvance, on retiendra également « The Edge of Time » tant pour son énergie communicative que pour son flamboyant solo de guitare, même si le refrain acidulé s'avère des plus convenus.
Plus en retenue et non moins envoûtant, le félin «
The Witch » nous réserve, par ailleurs, de sidérantes montées en puissance du corps orchestral doublées de variations atmosphériques auxquelles le combo ne nous avait pas encore accoutumés.
Quand ils se font plus tendres, comme ils nous y avaient déjà sensibilisés à l'aune du précédent méfait, nos compères n'ont guère tari d'arguments pour générer la petite larme au coin de l'oeil de l'aficionado du genre intimiste. D'une part, non sans rappeler «
Land of Dreams », eu égard à son enivrant filet mélodique, la ''nightwishienne'' ballade « Last
Rain » s'inscrira aisément et durablement dans les mémoires de ceux qui y auront goûté. Au cœur de ce bain orchestral aux doux remous, de délicats arpèges au piano sous-tendent un convoi instrumental qui, de fil en aiguille, finit par ouvrir ses ailes. Et ce ne sont ni les ensorcelantes inflexions de la douce ni le bref et poignant solo de guitare qui nous débouteront de l'instant privilégié, loin s'en faut. D'autre part, on ne résistera que malaisément à la forte charge émotionnelle exhalant de « Follow Your
Heart », ballade romantique d'une confondante sensibilité et aux subtiles variations, que n'auraient reniée ni
Amberian Dawn ni
Therion. Suivant un cheminement d'harmoniques des plus infiltrants, la charismatique ritournelle aux airs d'un slow qui emballe est l'un de ces instants tamisés que l'on ne quittera qu'à regret.
Dans un souci de diversification stylistique, la troupe oriente la traversée vers de féeriques contrées fleurant bon la tradition. Ce qu'illustre « Can We Go
Home? », jovial et aérien mid-up tempo à la confluence entre Blackmore's
Night et un
Amberian Dawn millésimé « Innuendo ». Doté d'un refrain certes prévisible mais apte à retenir le chaland en quête d'enchanteresses séries de notes, le méfait se pare également d'une grisante touche folk rock, nouvelle corde à l'arc de nos cinq gladiateurs.
En dépit de ses mérites, le luxuriant manifeste accuse néanmoins une baisse de régime. Aussi, voguant sur une sente mélodique en demi-teinte et en proie à de répétitives séquences d'accords, l'offensif «
Endless Skies » s'avérera peu propice à une inconditionnelle adhésion. Et ce ne sont ni l'omniprésence des choeurs ni les growls en faction et au positionnement incertain qui nous rallieront davantage à sa cause.
Calée sur une mélodicité aussi épurée que nuancée et un potentiel technique désormais mieux exploité, force est d'observer que l'entreprise de séduction antérieurement amorcée par nos acolytes semble aujourd'hui bien moins sujette à caution.
Plus diversifiée que sa devancière sur le plan atmosphérique, la rutilante galette a également joué la carte de l'émotion, et ce, à l'image de lignes de chant propices à l'enivrement de nos sens.
Cela étant, ni le concept, ni la prévisibilité de la plupart des séries d'accords ne lui assurent un zeste d'originalité, et les prises de risques sont, à nouveau, aux abonnés absents. Si le set de compositions apparaît, cette fois, moins emprunté, on aurait toutefois souhaité une mise à distance un poil plus probante par rapport à leurs sources d'influence. C'est dire qu'au terme d'un voyage en d'avenantes mais non exotiques contrées, un double sentiment de plénitude et de déjà vu nous étreint. En dépit de ses bémols et persistantes carences, la luxuriante rondelle s'avère néanmoins apte à éveiller d'authentiques plaisirs. Décollage amorcé de l'escadron portugais...
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