Shrine to the Trident Throne

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13/20
Nom du groupe Imperial Triumphant
Nom de l'album Shrine to the Trident Throne
Type Compilation
Date de parution 23 Juin 2014
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1.
 Hierophant
 02:11
2.
 Manifesto
 03:47
3.
 Crushing the Idol
 04:37
4.
 Credo in Nihil
 01:15
5.
 Devs Est Machina
 04:54
6.
 Scaphism
 01:46
7.
 S.P.Q.R
 03:39
8.
 Bellvm
 03:12
9.
 Sodom
 07:01
10.
 Gomorrah
 06:16

Durée totale : 38:38

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Imperial Triumphant


Chronique @ Icare

28 Juin 2014

Complexe, tordu et très hermétique, une musique sombre et asphyxiante qui ne laisse aucune place à la lumière

Imperium Triumphant est la progéniture maudite et insane d’un trio new yorkais évoluant depuis 2005 sur les terres dévastées d’un black disharmonique, hermétique et particulièrement suffocant.
Le combo se fendra de plusieurs démos et EP avant de sortir son premier full length en 2011, Abominamentvm, très bien accueilli par la presse spécialisée et dans la scène underground, et le voici qui nous revient aujourd’hui avec Shrine to the Trident Throne, que le label nous présente comme la compilation des œuvres les plus anciennes du groupe mais qui ne regroupe en réalité que l’intégralité de leur premier album ainsi que les deux titres de leur EP de 2013, Goliath. La démarche peut sembler pour le moins douteuse et la promotion racoleuse, mais laissons de côté ces sombres histoires de marketing et intéressons-nous à l’essentiel, la musique.

Les Américains entament les hostilités sur un court Hierophant qui porte très bien son nom : particulièrement opaque et ésotérique, se développant autour des secousses d’une basse profonde et vrombissante sur lesquelles viennent se greffer des notes de guitare disharmoniques et aigres, ainsi que quelques triturations bruitistes inquiétantes, nous enfonçant six pieds sous terre avec cette voix abyssale et cette batterie aux échos sourds, cette introduction de 2,11 minutes nous propulse directement dans l’univers impalpable du groupe, agissant comme un guide spirituel déchu qui nous initierait aux arcanes poussiéreux de la Bête.
C’est alors que Manifesto nous saute à la gueule, tous blasts dehors, sorte de furie incontrôlée de haine et de noirceur qui explose dans tous les sens avec des riffs tordus et incompréhensibles. La cacophonie infernale se mue rapidement en quelque chose de plus insidieux mais tout aussi obscène, avec ces notes fantôme qui se dissolvent paresseusement dans un magma de basse en fusion et sur un tapis de double apocalyptique. Pendant quelques angoissantes secondes, le titre se transforme en une sorte d’ambiant grinçant avant de repartir sur un passage lent, lourd et rampant, toujours porté par cette basse diabolique qui impose un son particulièrement tellurique, et de s’achever sur un mur de blasts et un Fuck! bien senti.
.
Imperial Triumphant dégueule une sorte d’apocalypse sonore qui s’affranchit des genres, des rythmes et des conventions mélodiques, une sorte de black lourd, torturé et grinçant, parfois extrêmement rapide et agressif (le début de Manifesto, Devs Est Machina, avec ses blasts lourds, ses riffs syncopés et son chant éructé répétitif qui sonne comme un hymne aux divinités chtoniennes), parfois lent et morbide(Bellvm, l'insoutenable Sodom), parant sa noirceur de parties d'ambiant torturé à l’aura inquiétante (Credo in Nihil, angoissant au possible, le grinçant Scaphism, qui diffuse les sonorités incongrues et crépitantes d’un disque rayé).
Ce mélange hermétique est difficilement classable, à mi-chemin entre l’art haineux et déstructuré de Deathspell Omega (Devs Est Machina), et de l’aura d’un Magma, glaciale, robotique, et suintant le malaise. Les grattes crachent une juxtaposition de sonorités abrasives et tordues qui se superposent en un conglomérat bourdonnant et sifflant, et on a parfois du mal à déceler de réels riffs dans cette confusion sonore, ceci dit, quand certaines notes de guitares ressortent, c’est pour mieux nous posséder.

Les Américains semblent prendre un malin plaisir à tuer les harmonies (écoutez voir le terrible Crushing The Idol, réellement terrifiant !), agencer un chaos bruitiste en appliquant systématiquement un minutieux travail de déstructuration sonore, remplaçant malicieusement l’ordination rigoureuse de l’esthétique musicale par un univers de notes mortes qui viennent se superposer en une couche de sons diffus et dérangeants. Shrine to the Trident Throne propose quelque chose de complexe, tordu et très hermétique, une musique sombre et asphyxiante qui ne laisse aucune place à la lumière, une sorte de black orthodoxe poussé à son paroxysme, abolissant totalement la mélodie dans tout ce qu’elle a de plaisant pour n’en extirper que dissonances, stridences et basses. Rien n’est agréable, tout n’est qu’agression et irritation constante pour l’oreille (le bruit insupportable à crever les tympans qui achève Devs Est Machina et qui enchaîne en fondu sur le sinistre bourdonnement des mouches de Scaphism, la fin grondante de Sodom qui soulève le coeur). Les dix compos de cet opus forment un rideau de suie qui noircit le cœur, une mer de poix opaque qui souille l’âme, et ces 38 petites minutes de musique luciférienne résonnent comme un rituel démoniaque qui envoûte par ses sonorités maléfiques, annihilant toute forme de vie et de beauté, une sorte de symphonie du non être qui semble ériger le vide et les abysses en entité supérieure. Le tout sonne totalement inhumain, ne trahissant pas l’once d’un sentiment, que ce soit dans les boucles de cette basse maladive, ces parties de guitares fondues et insanes, cette batterie mécanique, tantôt extrêmement rapide, tantôt catatonique, et s’auréole d’une aura iconoclaste et d’un parfum de souffre parfois très proches de certains combos de death comme, au hasard, Lvcifyre (la lourdeur rythmique, l’accordage extrêmement bas et les vocaux d’outre-tombe d’Ilya Goddessraper accentuent ce rapprochement).
Les deux derniers titres, Sodom et Gomorrah, initialement parus sur l’EP Goliath, sont plus lourds et dissonants que jamais, avec ces guitares extrêmement basses dont certaines stridences désaccordées percent le mur sonore comme autant de plaintes déchirantes. Les vocaux sont toujours plus infernaux, rappelant ceux de Necros Christos, et ces deux titres marquent l’apothéose du malaise musical d’Imperial Triumphant, quelque part entre black, doom et death complètement décadents, malades et chaotiques.

Sur le papier, tout cela semble au choix soit extrêmement jouissif, soit totalement repoussant, et c’est d’ailleurs justement dans ses points forts incontestables que cet album trouve ses limites: il est tellement suffocant, noir et anti esthétique qu’il en est très difficile d’accès et éprouvant à l’écoute. L’auditeur ne trouve aucune harmonie à laquelle se raccrocher, aucune mélodie à entonner, et trop peu de rythme et de structure sur lesquels se reposer. L’autre bémol concernera bien sûr la légitimité d’une telle compilation, dont l’intérêt est pour le moins limité si l’on possède déjà le premier album des Américains (je ne parle même pas de ceux qui ont l’album et l’EP... No comment.). Shrines To the Trident Throne n’en reste pas moins une porte d’entrée idéale à l’univers unique d’Imperial Triumphant, et il constitue une expérience véritablement intense de laquelle on aura du mal à sortir indemne. A réserver uniquement aux plus aguerris d’entre vous.

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