En intégrant officiellement dans ses rangs un musicien aussi remarquablement aguerri que Marcus Siepen, la formation allemande de
Sinbreed aura indéniablement acquis un tout autre statut que celui dans lequel elle était jusqu'alors injustement confinée. Bien décidée à s'imposer, elle se construit donc autour d'une ossature ambitieuse formé par le guitariste de
Blind Guardian, secondé par son comparse au sein du quatuor originaire de Krefeld (le batteur Frederik Ehmke), assisté par le chanteur Herbie Langhans (dont la voix rugueuse et puissante est particulièrement personnelle), par Flo Laurin et par Alexander Schulz. Autant de musiciens techniquement irréprochables et d'artistes expérimentés qui, ensemble, sous le nom de
Sinbreed, nous propose donc ce second véritable album baptisé
Shadows où sans fioritures aucune, ils nous offrent les atours d'un Heavy Speed
Metal typiquement germaniques (
Seventh Avenue,
Blind Guardian,
Persuader...) à la vivacité très particulière (
Orden Ogan,
Cellador...).
Un art qui nous enchante dès les première note d'un admirable
Bleed à l'entame très suédoise (
Hammerfall) et aux rythmes tantôt soutenus, tantôt moins. Des premières impressions qui ne seront en rien entachées par la suite d'un opus très cohérent. Ni
Shadows et ses instants plus sombres (notamment son préambule), ni Call to Arms, ni l'excellent
Reborn ne parviendront, en effet, à nous décevoir.
Pas même Leaving the
Road avec ce prélude aux faux-airs d'Imaginations from the Other Side (
Blind Guardian - Imaginations from the Other Side (1995)) avant que la vivacité propre à
Sinbreed ne reprenne ses droits. Quant au superbe Broken
Wings, son passage introductif et sa partie final à la guitare acoustique, nous ferait presque regretter que le propos de ce groupe ne soit pas un peu plus audacieux. Et ce même si, soyons francs, cette formation se renouvelle suffisamment pour ne pas sombrer dans ce caricatural conservatisme dont les Saxons sont pourtant habituellement si coutumiers (du moins pour certains d'entre eux).
D'ailleurs l'un des autres atouts de ce disque, et de ce groupe, réside justement dans le fait qu'alors que les claviers auront ici totalement disparu, la nuance, quant à elle, sera toujours encore de mise (bien plus d'ailleurs que sur un When World
Collide dont certains titres ne parvenaient pas véritablement à se différencier d'autres). Pour ce faire Flo Laurin et ses camarades s'appliquent à composer des morceaux agressifs et souvent véloces dans lesquels ils n'oublient jamais d'inclure un refrain remarquablement réussi, et fédérateur, ou dans lesquels ils usent à bon escient de ces alternances où ils enchaînent passages vifs et d'autres plus mélodiques (toutes proportions gardées).
Autre fait notable, que votre humble serviteur ne pourra que saluer, ce
Shadows ne comporte aucune ballade.
Pour terminer posons-nous, à nouveau, la question de savoir s'il est vraiment nécessaire d'ajouter à cette diatribe un chapitre supplémentaire concernant la pochette de ce manifeste qui, une fois encore, est l'œuvre du Colombien Felipe Machado Franco. Bien que remarquable, et nous donnant à voir une esquisse à l'esthétisme parfait, cette planche nous laisse indifférent. La profusion des dessins fait par l'artiste fleurissant sur nombres de productions de ce genre fait, en effet, naître une sorte de lassitude. De plus il règne en chacune de ces esquisses une certaine familiarité qui tend à standardiser le tout. On finit par se dire que rien ne ressemble moins à une ébauche de Franco qu'une autre ébauche de Franco. Ce qui est rare étant précieux et ce qui est habituel plus commun, il serait peut-être temps que les artistes songent à être plus originaux dans les choix des artworks qui ornent leurs opus. Le temps de Royo semble être passé, espérons qu'il en soit bientôt de même pour celui de Franco. Et ce malgré les qualités indéniables de cet artiste et de ces travaux.
Plus varié que son prédécesseur, plus inspiré et plus efficace aussi, ce nouvel album de
Sinbreed a toutes les vertus pour s'imposer auprès des connaisseurs. En outre, en faisant ainsi un pas de plus dans la bonne direction, ce collectif pourrait prétendre à une place de premier ordre, bien plus digne que celle dans laquelle il est actuellement enfermé. A suivre.
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