Liste des groupes Power Symphonique Kliodna Set Me Free

Rares sont les groupes metal symphonique à chant féminin issus du Bélarus à venir se frotter à leurs homologues stylistiques européens. C'est précisément dans cette mouvance, avec une touche power ou heavy, un poil folk, que Kliodna, jeune sextet créé il y a deux ans et émanant de Minsk, affiche dès lors ses prérogatives. Ainsi, essentiellement inspirés par Nightwish, Anton (guitare), Rostislav (batterie), Vasiliy (basse), et plus récemment, Alexandr (guitare), Maxim (chant) et Helena Wild (soprano), prudents dans leur démarche, ont concocté un initial EP de quatre titres dynamiques et enjoués s'étirant sur un ruban auditif de vingt minutes tout au plus. Ces premières compositions révèlent déjà quelques dispositions en termes de technique instrumentale et vocale, tout en témoignant de lignes mélodiques invitantes et rigoureuses dans leur principe d'émission. Leur mise en valeur renvoie à un enregistrement convenable et à un mixage équilibrant les parties en présence. Cependant, on ressent un léger effet de compression de l'espace instrumental, n'autorisant qu'un moindre relief acoustique à la pièce. Mais, pour un rite initiatique, le combo s'en sort avec les honneurs, étant apte à stimuler nos émotions dès les premières notes de chacune de ses portées.

On découvre une œuvre riche en rebondissements rythmiques, au tempo plutôt énergique mais jamais offensif, octroyant des arrangements efficaces, parfois un poil trop prégnants. C'est dans cette logique créative que le collectif nous livre quelques arpèges dans la lignée de son modèle identificatoire principal. Ainsi, des nappes synthétiques ondulantes magnétisent rapidement l'attention sur « I'll Do the Haunting », piste power symphonique pur jus non sans rappeler Nightwish, première mouture, tant dans ses arrangements que dans ses harmoniques. Ses riffs félins escortent une dense et saccadée rythmique en mid tempo le long d'une alternance de couplets et de refrains à la mélodicité avérée. Même si le cheminement harmonique paraît convenu, on ne restera pas de marbre face aux angéliques tribulations de la belle, à mi-chemin entre Tarja et Simone Simons (Epica), faisant mouche par ses puissantes envolées lyriques, notamment sur le refrain. En outre, un pont à la cornemuse, typiquement folk, accolé à un flamboyant solo de guitare nous est octroyé, et ce, avant que la déferlante reprise sur le refrain ne nous emporte littéralement sous le joug des assauts oratoires répétés de la soprano. Bref, un émoustillant morceau finissant crescendo. Par ailleurs, un venimeux serpent synthétique et une fringante lead guitare sont au corps à corps dès l'entame de « Set Me Free », autre acte power symphonique mélodique au riffing éfilé dans l'esprit de Nightwish. Dans une folle embardée, l'imposant dispositif instrumental se déploie, ne laissant que peu de temps pour souffler, la maîtresse de cérémonie, avec de faux airs de Tarja, parachevant de nous assaillir pour mieux nous retenir, et ce, par de puissantes et ondulantes volutes esquissées tout le long. Cette magmatique plage, pléthorique en arrangements de bon aloi, offre des couplets bien sculptés et des refrains catchy, habilement mis en exergue par la talentueuse troupe, Helena en tête. Exercice relevé de main de maître.

Mais, le groupe a aussi axé son message musical sur une perspective heavy symphonique classique. C'est sur une rythmique plombante et des riffs écorchés vif accolés à une enveloppante couverture synthétique que nous conduit « Blood in the Sea », puissant titre heavy sympho dans le sillage d'Imperia. La cavalerie percussive s'impose d'elle-même, accélérant le tempo à mi-morceau, évoluant parallèlement à une lead guitare au délié alerte et bien inspiré. De son côté, la déesse ne se montre pas moins à son aise dans cette ambiance aussi épique que survoltée, livrant de solides et hypnotiques inflexions calées en voix de poitrine. Quant à la ligne mélodique, elle fait montre de fines nuances à défaut de témoigner d'une solaire empreinte. Ce faisant, le parcours auditif s'effectue sans encombres et l'on finit par esquisser un headbang subreptice.

Lorsqu'il ralentit son tempo, le groupe ne parvient pas moins à enivrer nos sens. A sa manière, il nous insuffle ses mots bleus, avec grâce et volupté. Ainsi, un romantique claviers/guitare nous accueille sur « Night Symphony », suave power ballade au délicat tracé mélodique, non sans renvoyer à Xandria, premier volet, avec un zeste d'Imperia sur les couplets. C'est sur un cheminement harmonique sécurisant, où l'orchestration rétracte ses griffes pour laisser danser de soyeuses séries de notes, que la jeune sirène nous prend la main pour la suivre dans de célestes puits de lumière oratoires. D'autre part, on ne passera pas outre un joli solo de guitare. Dans cette atmosphère ouatée, où l'ensemble fonctionne à l'unisson, la magie opère, assurément.

Résultat des courses : Pour un premier jet, le combo a déployé quelques trésors d'ingéniosité pour capter notre attention de bout en bout. Certes, le message musical est loin de faire preuve d'originalité et ne diversifie que peu sa proposition d'ensemble pour prétendre se démarquer d'une pléthorique concurrence. Mais, on décèle dans cette menue rondelle cette capacité qu'a le groupe de nous faire frissonner plus que de raison, par le jeu de gammes et d'arpèges finement distillés, de portées aux séries d'accords impactantes, judicieusement mises en lumière par la valeureuse interprète. On détient donc une première mouture rondement menée et possédant quelques redoutables armes de séduction. Aussi, on conseillera cette offrande aux amateurs de metal symphonique à chant féminin lyrique, déjà touchés par les travaux de leurs illustres prédécesseurs. On attend dès lors, non sans une certaine impatience, la réalisation d'un album full length...