Suite à des débuts en demi-teinte mais soucieux de rester dans la course, nos quatre mousquetaires remettent rapidement le couvert et avec un autre regard sur leur projet. Ainsi, après nous avoir laissés sur une agréable impression d'originalité, mais aussi d'inachèvement, à l'instar de leur 1er EP « Time Lapse », le jeune quartet portugais originaire de Sintra revient, un an plus tard, avec pour message musical une seconde galette de même acabit. Et ce, à l'aune de « See You Tomorrow », EP 3 titres déroulant lui aussi un petit quart d'heure d'un metal symphonique progressif mâtiné de doom gothique et de free jazz.
Si cet opus souffre à son tour d'une logistique approximative et de notes résiduelles, le projet a témoigné de quelques évolutions significatives ayant défini son contenu. D'une part, pour une mise en valeur de son message musical, le combo s'est affranchi des growls pour ne plus conserver que les limpides impulsions de la soprano
Sara Henriques (ex-
Darkside Of Innocence). D'autre part, nos quatre acolytes (
Sara (chant et claviers) ; Vitor (batterie et choeurs) ; Liliana (basse et choeurs) ; André (guitare et chant)) se sont adonnés et non sans inspiration à un nouvel exercice, celui des ballades. Mais entrons sans plus attendre dans les arcanes de la menue rondelle...
Comme pour signifier qu'il a changé de fusil d'épaule, le collectif portugais a précisément placé un intimiste moment en tête de gondole. Ainsi, le doux et chatoyant « See You Tomorrow », dans la lignée de Cocteau Twins, avec un soupçon d'All About Eve, est une ballade aérienne à la fine mélodicité et aux insoupçonnées montées en puissance, perceptibles sur un refrain qu'on entonnerait à tue-tête, et que pourraient bien lui envier
Within Temptation ou
Epica. En outre, un final techniciste laisse entrevoir un fin guitariste au toucher et aux libertaires modulations jazz, offrant une opportune césure à un acte qu'on regrette ne pas voir se prolonger de quelques minutes supplémentaires. Bref, un exercice de style encore inédit et qui lui sied plutôt bien, même si une ingénierie du son encore friable laisse échapper de gênantes distorsions et moult notes parasites, desservant d'autant plus une piste émouvante et propice à la profonde zénitude.
Mais la bande des quatre n'a pas totalement tourné le dos à son passé ; elle nous le prouve de deux manières différentes. D'une part, adossé à un riffing épais et linéaire, parallèlement à une batterie imprimant un rythme de plus en plus musclé au fil de sa progression, à la façon d'
Amberian Dawn (première période), l'envoûtant « Dear Son » déploie moult arrangements, entretenant adroitement l'illusion d'une pléthorique orchestration. Et la sauce prend, en dépit de finitions manquant cruellement à l'appel. Toutefois, on appréciera l'insertion d'un habile et virevoltant picking typé jazz au fil des déambulations de la soprano qui, par ses célestes inflexions, à mi-chemin entre Simone Simons (
Epica) et
Heidi Parviainen (
Dark Sarah), parvient sans mal à encenser le tympan. D'autre part, à la façon de
The Flaw, à l'instar de « Different Kind of Truth », 1er album full length du combo doom gothique allemand, le sombre et torturé up tempo « Time to Pray » interpelle, et même attire par son teint ténébreux, autant qu'il nous glace le sang par ses guitares saturées, aux accords apparemment déstructurés, mais parfaitement sous contrôle. Sa frissonnante et gorgonesque atmosphère entretenue par de saisissants effets de contraste n'est sans doute pas étrangère à cette duale impression. Ce faisant, la vénéneuse offrande libère un habile mais répétitif legato à la lead guitare, corroboré aux claires inflexions de la sirène, plus mystérieuse et moins éloquente qu'à l'accoutumée. On aurait toutefois souhaité une clôture moins abrupte à cette énigmatique offrande.
Si l'originalité et les évolutions requises sont au rendez-vous de nos attentes, leur mise en valeur pêche à la fois par un enregistrement encore taillé dans la roche et en raison du peu de relief du champ acoustique de l'opus. Toutefois, dénué de growls et plus investi dans les instants tamisés, cet effort aux mélodies nuancées mais non sirupeuses capte davantage l'attention que son ombrageux prédécesseur, techniquement plus complexe. S'il semble avoir mieux digéré ses sources d'influence, il faudra néanmoins que le jeune combo prenne tout son temps pour gagner aussi bien en maturité et en épaisseur de composition qu'en finesse de production, pour nous offrir une galette plus impactante et aux sonorités plus clean. Il y va de la survie même du projet à moyen terme. A bon entendeur...
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