C'est d'abord avec un enthousiasme pas du tout musical que j'ai saisi mon stylo (était-il aussi réjoui que moi?) et me suis attelé à un combo chilien. Ce n'est pas que l'Amérique du Sud soit aux abonnées absentes en ce qui concerne le metal (loin de là, rien qu'en citant l'immense
Sepultura ou le plus modeste
Brujeria) mais le Chili en particulier, c'est assez éloigné pour susciter la curiosité. Ça a aussi été l'occasion de fouiller dans le catalogue du label Ordo MCM qui publie ce «
Sedition,
Sorcery, and
Blasphemy », second full-lentgh de
Thy Serpent's Cult. Une structure dont le positionnement, les sorties et les artworks raviront les amateurs de black metal branchés sorcellerie, pentagrammes, démons, sorcières...branchés black metal quoi.
Malgré la thématique de ses chansons et une ambiance voisine quelques fois,
Thy Serpent's Cult n'est pas dans le créneau black mais résolument celui d'un bon gros death brutal, parent de
Cannibal Corpse ou de
Through the
Eyes of the
Dead, avec un soupçon ponctuel de deathcore («
Seven Headed
Serpents »). En piochant«
United Sins » par exemple, vous vous dites que c'est le genre de morceaux qui a plutôt tendance à vous désunir la tronche par son rythme effréné, sa double-pédale en rouleau compresseur mise en avant par un mixage à la fois clair et puissant, ses guitares aux rythmiques tranchantes, représentatives de l'album dans sa totalité («
Legion of the
Ghouls » et « Carvnivorous Souls » sont du même acabit). Pour continuer à souligner quelques points forts, « I Put the
Doom » donne lui l'occasion aux membres du groupe de s'amuser avec des changements de tempo, quand «
Demonic Ways » pogote sec (un riff assez irrésistible), et « Deads Rolling to
Hell » nous ensorcelle avec sa basse grasse et claquante et son goût deatho-groovy.
Alors oui c'est massif, clairement brutal, mais pas que : une grande place est laissée aux envolées solistes des gratteux, qui livrent des séquences de soli inspirés stupéfiants de mélodie. Une piste comme «
The Order of the
Black Flame » est carrément structurée par les soli, qui en sont l'intro, l'encadrent, et la concluent, le tout avec de beaux chorus. Ces passages, pensés et exécutés avec savoir-faire, apportent une excellente aération mélodique à un album pourtant des plus costauds.
On n'a pas fait un pas depuis le premier disque du groupe, «
Infernal Wings of
Damnation » (
Australis Records), ce qui peut être regretté, mais le plaisir est encore une fois présent pour «
Sedition,
Sorcery and
Blasphemy », galette cohérente, communicative, qui se savoure comme une côte de porc après avoir bouffé des knackis ball pendant trois semaines, ou un steak de soja après une cure de topinambours s'il y a des végétariens dans l'assistance.
(Ne passez pas à côté de « Voodoo » placé après l'outro donc après la fin de l'album, boutade musicale de par son thrash gentillet voire heavy qui fait sourire en comparaison avec le reste du disque !)
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