Il y a des albums parfois dont on ne trouve pas les mots pour les décrire. Il est très difficile d’expliquer avec des mots les sentiments et c’est sans doute la raison pour laquelle cet album m’a fait autant frissonner. S’articulant autour de six morceaux et deux intermèdes, ce disque est une véritable baffe envers ce marché commercial et industriel qu’est devenu la musique. Personne ne pourra dire qu’il ressortira indemne de cette véritable plongée dans l’horreur de notre propre être. D’une noirceur effroyable, cette œuvre parfois mécanique (notamment sur le premier morceau « the path of darkness »), mais surtout démoniaque, n’est pas à mettre entre toutes les mains, et rien n’est exagéré !!
L’écoute passionnante mais éprouvante de «
Shadow self » ou encore de l’exceptionnel « The dark side » est tout sauf facile. Il faut littéralement s’imprégner de ces ambiances malsaines mais captivantes, presque ritualistes, mais rien de tout cela ne serait possible sans la présence du maestro Kelly Carpenter qui passe haut la main l’examen de remplacement du non moins talentueux
Jorn Lande qui avait fait de l’album précédant une œuvre unique. A la fois possédé («
Section X », « The dark side ») ou magnifiquement théâtrale dans « Sleeping beauty », il chante avec ses tripes et ce déluge de noirceur est exécuté sans la moindre trace de hurlements qui ne correspondrait de toute façon aucunement à la musique de l’alchimiste expérimentaliste Finn
Zierler, claviériste du combo danois et véritable âme torturée. Un homme s’étant livré personnellement dans le création de ce disque en vivant clochard une semaine dans les rues de Londres, en restant enfermé trois jours dans le noir complet d’un grenier sans aucune nourriture ou en écrivant ses impressions dans les profondeurs gelées d’un lac danois, un homme voulant retranscrire au plus juste les plus purs sentiments de noirceur de l’être humain, un pari parfaitement réalisé… et plus encore tant l’on pourrait épiloguer sur cette album, tant il ne ressemble à rien que l’on ait pu écouter avant, jusque dans ce son si originale, à la fois lourd et oppressant.
Et au-delà du compositeur se cache un musicien si talentueux qu’il ferait frémir tous les pianistes digne de ce nom. Le magique intermède «
Portrait F in dark waters » est un véritable sommet de démonstration pianistique et d’interprétation tant il arrive à véhiculer des images avec ce seul instrument, incroyable !! Et que dire du phénoménale « Ecstasy arise », le titre le plus « groovy » de l’album mais tellement bien pensé dans sa structure (quelle partie de batterie !!!) et ce refrain, certes le seul qui est facilement mémorisable mais comment critiquer un tel travail, l’on ne peut que saluer très très bas un talent comme celui-ci, un album où les idées fusent dans tout les sens pour créer une œuvre magistrale, unique, inclassable et intemporel.
Un opus à écouter absolument, il existe un artiste de cette trempe tout les dix ans, la dernière décennie avait vu l’émergence de l’inclassable
Devin Townsend (peut-être l’homme le plus doué que le métal ait jamais vu, une âme également en constante évolution et en marge de tout), celle-ci pourrait bien être celle de Finn
Zierler.
L'alchimie douloureuse et dense que le groupe propose procure beaucoup de frissons car chaque élément est utilisé avec beaucoup de justesse : les hurlements du chanteur, le jeu faussement mièvre et caricatural du clavier, la lourdeur des riffs (qui d'ailleurs contraste avec la légèreté surprenante des très jolis solos de guitare).
le tout dans des compositions tout droit sorties d'un cerveau barré !
Magnifique !
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