62ème sortie de
Senmuth,
Sebek est souvent considéré comme le meilleur de ses albums
Metal, et à ce titre est sans doute le plus connu avec
Sekenenra. Précédant de quelques mois ce dernier, il partage avec lui la thématique égyptienne mais se révèle être cependant très différent de celui-ci musicalement parlant. Si,
Senmuth oblige, l'utilisation de sonorités traditionnelles est toujours aussi importante, on a affaire ici à un changement radical au niveau de la composition. Alors que quelques mois plus tard Valery Av utilisera les instruments folkloriques pour créer une masse plus ou moins indivisible d'ambiances, il intègre ici les instruments orientaux directement à la structure des morceaux, pratiquement au même niveau que batterie et guitares... On est ainsi très loin du brouillard de sonorités orientales ( excellent au demeurant ) apposé sur une structure
Metal simple de
Sekenenra...
L'exemple le plus parlant est sans doute celui des percussions qui ici se chargent directement de rythmer les morceaux, à place égale avec la batterie. Un mélange assez efficace, comme sur le morceau "Pouchenie K Merikare" où les accélérations combinées des tambours et de la batterie se révèlent assez jouissives ! De même de nombreux morceaux voient leur mélodie jouée par des instruments ethniques. A ce titre, il faut aussi remarquer de légères touches symphoniques, toujours aussi synthétiques à l'oreille (un défaut visiblement rédhibitoire chez
Senmuth) mais toutefois moins présentes que sur
Sekenenra.
Mais si l'ambiance est en partie sacrifiée à l'efficacité, que vaut ce
Sebek à ce niveau-là ? Et bien il ne se débrouille pas trop mal, les morceaux étant au final assez variés, entre le légèrement festif mais un peu long "Vladyka Trostnikovyh Zavodey Nila" et le triste et nostalgique "Kolybel'naya Nefru
Sebek". Ce dernier morceau, chanté sur un ton inhabituel pour
Senmuth, ressort par ailleurs du lot. En effet le reste de l'album est globalement assez agressif, de part la voix de Valery Av, plus hargneuse que sur
Sekenenra et de par l'orientation générale des morceaux, souvent assez violents. Car le présent album est, malgré ses passages très mélodiques, bien plus énervé que son successeur, le martial mais assez discipliné
Sekenenra... La différence entre le calme de l'armée organisée et la frénésie des cérémonies rituelles, somme toute.
De la violence, des chants de célébration religieuse et une pointe de nostalgie, telle est la recette que nous propose ce
Sebek. Car qu'elles soient guerrières, traitent de l'après-vie ou invoquent la fertilité, les chansons ont pour point commun d'en appeler à Sobek, dieu du Nil à tête de crocodile représenté sur la pochette de l'album. Les différentes facettes du dieu des inondations, à la place extrêmement importante dans le panthéon égyptien (pour rappel, les crues du Nil ont de tout temps été la principale raison de la fertilité de la vallée du Nil et de la puissance de l’Égypte lors de son apogée )sont donc mises en musique ici. Une thématique typique de
Senmuth, qui nous prouve une fois de plus son amour de l’Égypte antique...
Plus efficace et accrocheur que
Sekenenra, plus classique que
Eastextures of Soundstones, ce
Sebek est sans doute le meilleur album pour découvrir la facette orientaliste du musicien russe. Un bon album, à la fois facile d'accès et profond, dont je ne peux que reconnaître la qualité malgré ma préférence toute subjective pour son successeur...
"Sobek ! Fils de la grande Neith. Sobek ! Entends la voix de nos milliers de flûtes, fils de la grande Neith" ????? ?????? ? ???????? ????
15/20
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