Berlin 1993.
Post Mortem, groupe formé en 1987, propose ici son premier full-lenght «
Screams of Blackness » après deux démos et quelques apparitions aux côtés de
Crematory. Rassemblant quelques titres des démos, en plus de nouvelles compositions,
Screams of Blackness (produit sous le label Husky Records), lance véritablement le groupe allemand au début de ces années 1990.
Entrons dans une description technique de l’opus. D’un point de vue purement généraliste, ce
Screams of Blackness inscrit le groupe comme officiant dans la catégorie «
Death/Thrash à tendance Mélo ». Définition un peu rocambolesque certes mais néanmoins assez proche de la vérité.
La première piste Gods and Sins s’ouvre sur une introduction à la guitare acoustique, suivie ensuite par un ensemble de violons « synthétisés » et de chœurs féminins, donnant à l’ensemble un certain aspect symphonique, l’idée visée étant d’introduire une dimension divine (en rapport au titre). Passé cette longue entrée en matière (1 minute 25), le véritable commencement de l’album s’opère en mid-tempo, avant l’arrivée fracassante de Mathias Rütz au chant (guttural) qui s’accompagne d’une accélération rythmique notable. Vient ensuite un refrain mélodieux orchestré par la guitare rythmique. Le break à la fin du second refrain annonce le retour de la guitare acoustique et l’arrivée d’un solo assez dissonant, et il faut bien l’avouer relativement peu intéressant, réalisé sur un rythme soutenu.
La seconde piste de l’album,
Suicide est caractéristique d’un départ beaucoup plus incisif, totalement dans un esprit Thrash. Signalons d’emblée le rythme effréné de la composition tout au long du premier couplet. Le refrain, réalisé sur une harmonie descendante casse justement ce rythme et contraste de façon équivoque avec le couplet. L’auditeur n’en apprécie que plus les mélodies de ce refrain, qui s’achève après une mise en avant de la basse. Derrière, structure classique, second couple couplet/refrain. Antichambre de la fin de cette seconde piste, et furieusement exécuté, le solo est l’occasion d’enregistrer la véritable entrée du guitariste soliste.
Ces deux premiers titres donnent finalement le ton à tout l’album. Si une description en détail de l’ensemble des titres aurait l’avantage d’avoir une perception précise de l’ensemble de l’opus, elle aurait néanmoins l’inconvénient d’être quelque peu rébarbative. Car en effet, la première impression que donnent de multiples écoutes est la ressemblance, tant au niveau de la construction qu’au niveau des riffs, de nombreuses pistes. Ainsi,
Reincarnation et Lunacy semblent être les échos de
Suicide, tandis que Bad Times (7ème piste et milieu de l’album), semble renouer avec l’esprit de Gods of Sins, à savoir une introduction acoustique et une suite Thrash/
Death, à tendance mélo lors des refrains.
Mais tomber dans la faiblesse de considérer cet album comme une suite de compositions globalement articulées autour du même esprit serait une erreur. Il est vrai que la première partie de l’album (globalement jusqu’à Shadows of Memory, 8ème piste de l’album) donne cette impression. Mais derrière, le surprenant Assvibrator (dont le nom dénote par rapport à celui des autres titres, dans l’ensemble porteurs d’une certaine dimension eschatologique) nous livre un Thrash/
Death sans concessions, au riffing certes simple mais diablement efficace, intégrant, on s’en serait douté, des cris de jouissance féminine. La plus longue piste de l’album,
Destroy the World, avec ses 5 minutes 44 secondes, est à l’inverse caractéristique d’une volonté de ralentir la machine, notamment avec une entrée mid-tempo, un break acoustique, un solo de basse, et surtout avec cette conclusion très typée symphonique d’une minute, par ailleurs particulièrement intéressante.
Enfin, l’album s’achève sur deux pistes, en décalage par rapport au reste de l’album. Treibjagd mélange, après une entrée en matière sur fond sonore de discours inintelligible d’un homme ivre mort, éléments de musique traditionnelle allemande et de Thrash/
Death. Gutes Gefuehl est, quant à elle l’occasion de voir à quel point les allemands ont pu partir loin dans leur délire, avec la présence de nombreuses voix assez déjantées. A noter pour ces deux dernières compositions le chant en allemand et non en anglais comme le reste de la galette. L’ensemble de ces deux titres forme un surprenant bazar.
En définitive,
Post Mortem nous offre ici un album non sans qualités, mélangeant habilement la mélodie et la brutalité, mais qui souffre d’un manque en originalité, et surtout d’inspiration. Les deux pistes de sortie ne semblent en être, outre la dimension comique, que la pure illustration. 13 titres pour un album qui aurait tout aussi bien n’en contenir que 8 ou 9, c’est fort regrettable. Alors oui, on se lasse rapidement de cet album, pour n’en retenir finalement que deux ou trois titres (
Suicide, Gods and Sins ou encore
Destroy the World), mais il n’en reste pas moins un bon premier album, porteur d’un potentiel évident, que les allemands auront à exploiter dans leur futures productions.
Beber.
Merci !
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