Un vent d'inspiration renouvelée déboulant fraîchement des terres danoises vient nous titiller les tympans. Et ce, à l'instar d'une fluette rondelle d'un groupe de metal alternatif encore relativement peu expérimenté, mais désireux d'en découdre pour tenter de s'imposer à son tour comme une référence de ce registre. Pour ce faire, le trio, issu de Copenhague, compte actuellement dans ses rangs : la chanteuse au timbre chaleureux, Maja Schønning, dans l'esprit de Marjan Welman (
Autumn), le pluri-instrumentiste Mikkel Haastrup, à la fois guitariste, bassiste, batteur et claviériste et Dennis Post, guitariste au joli toucher. Le message musical qu'il nous envoie est bref : une dizaine de minutes à peine, sur lesquelles évoluent trois titres aux belles compositions, éminemment dynamiques et mélodieux.
Il s'agit d'une troisième production-maison, suite aux EP «
Scars » (2014) et «
Breaking Free » (2013), où le maître d'oeuvre n'est autre que Mikkel Haastrup, celui-ci ayant veillé à la qualité des compositions autant qu'à celle de l'enregistrement de ces pistes, mais également à l'ingénierie du son et au mixage. A ce titre, une attention particulière a été apportée à ces aspects techniques, permettant de jouir pleinement de l'instant musical proposé.
D'autre part, il s'est partagé le travail avec Maja concernant les arrangements ainsi que l'écriture des paroles, cette dernière ayant mis également ses talents de designer et de photographe au service de cette petite galette. Aussi, l'artwork de la pochette s'avère soigné, superposant un dessin d'inquiétant insecte à une photographie en noir et blanc, à l'arrière-plan flou, sur laquelle l'animal coloré semble évoluer. Etrange décor qui renseigne sur le message contenu dans le titre de l'opus «
Save Me ». Enfin, à chaque titre, son univers et ses spécificités, comme nous allons le vérifier.
L'EP est construit selon une logique de dégressivité de la dynamique rythmique au fur et à mesure de notre avancée dans l'oeuvre. Aussi, une diversification du terrain harmonique est de mise autant qu'une variation des arpèges et des enchaînements.
C'est par un mordant «
Awake the Fire », à la vrombissante rythmique, aux riffs écorchés et à la voix chatoyante que l'auditeur se fait accueillir. Les inflexions affectueuses de la sirène se déploient allègrement sur des couplets bien charpentés, invitants, et surtout sur les refrains qu'elle contribue à maquiller fort agréablement. Ce qui contraste avec un climat instrumental incisif, vivifiant, tonitruant par moments, à la façon de
One Without. Ce morceau nous entraîne alors dans d'incandescents accords et dans une mer orchestrale à la profonde agitation intérieure. L'ensemble demeure convaincant par une profusion d'harmonieuses séries de notes.
Le combo danois s'est montré plus atmosphérique sur la piste voisine. Une impulsion vocale feutrée et un peu écaillée déambule au sein d'une rythmique en mid tempo. Apparaissent alors des nappes synthétiques enveloppantes d'inspiration électro. Les refrains ainsi mis en exergue par la sirène sont lumineux, voire catchy. Sans qu'on s'y attende, des grunts caverneux s'invitent au bal, comme si la bête avait été malencontreusement réveillée par la belle, cette dernière attisant ainsi sa colère. Et à la bête de finir le morceau en l'engloutissant d'un ultime coup de serpe vocale. Mais là s'achèvent les turbulences pour laisser place à une conclusion plus sulfureuse et délicate.
Autre ambiance, privilégiant le feutrage des percussions et les riffs arrondis, le long d'une rythmique desserrée sur l'émouvante ballade «
Save Me ». Sur ce titre éponyme de l'EP, on ne reste pas longtemps insensible au joli filet de voix, aérien, d'une grande pureté, mais sans lyrisme, de la belle, dans la lignée de
The Flaw, câlinant nos pavillons sur tout le parcours auditif de la piste. Ainsi, des refrains pénétrants et des couplets bien ciselés s'observent et où les fêlures vocales se calent parfaitement. Des perles de pluie à la guitare s'insèrent sereinement avant un petit break, suivi d'une reprise vocale mélodieuse et un poil teintée de puissance. On comprend que l'atmosphère s'avère fondante, évoluant crescendo sur le plan vocal, Maja tutoyant un instant les étoiles, avec une grande maîtrise. Et ce, au moment où elle se fait rejoindre par quelques heureuses gammes à la guitare. Bref, un espace ouaté de pure jouissance auditive.
On ressort de l'écoute de cette humble production avec l'envie de remettre le couvert. On aurait aimé davantage d'espace auditif pour se convaincre d'avoir fait un choix judicieux en optant pour cette rondelle. Pour l'instant, celle-ci souffre de peu de carences susceptibles d'affecter notre plaisir à une écoute prolongée si ce n'est un manque d'allonge sur les morceaux, apparaissant parfois insuffisamment développés pour emballer plus largement encore.
Cette œuvre pourra convenir aux amateurs de metal alternatif, atmosphérique, gothique, voire symphonique, à chant féminin non lyrique. Plutôt accessibles, les compositions pourront rencontrer un auditorat élargi au rock mélodique, notamment. C'est dire que le groupe n'est pas resté rivé sur une seule position, un style défini, mais a cherché, au contraire, à diversifier les atmosphères, en attendant peut-être de trouver son courant propre. Avec l'ambition affichée, nul doute qu'à l'avenir, il nous concoctera un album full length de bonne facture. Comptons sur lui, donc...
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