Parfois, dans la galaxie du black metal, on découvre de véritables étoiles. Ça avait été le cas avec
Cepheide l’année dernière dont la réédition de leur deuxième EP,
Respire, m’avait complètement scotché et avait fait office de véritable révélation. Les Parisiens reviennent début octobre, toujours en auto production, pour nous présenter leur premier véritable album longue durée,
Saudade, et l’on reconnaît immédiatement le style unique du trio : certes moins rapide et haineux que par le passé, les cinq titres qui composent cette galette s’inscrivent toujours dans un black atmosphérique abrasif et intense de qualité même si d’une manière générale, on remarquera que l’ensemble de ces quarante minutes est plus contemplatif et apaisé, guidé par un feeling plus mélancolique.
Sur Une Nuit qui te Mange, ce sont les plaintes pures et désolées de la guitare électrique qui viennent dessiner les contours gris d’un paysage qui émerge de la brume, entrée en matière poignante et progressive qui nous met en condition : lorsque le premier hurlement de
Spasme résonne, porté par cette douce explosion électrique, on est déjà bercé par les sanglots des six cordes, et on se laisse facilement emporter ; le rythme est lent, posé, d’une sérénité presque sépulcrale, et le titre déroule tranquillement ses ambiances aussi belles que mortifères dans une paix glacée, flirtant parfois avec le post rock dans ces atmosphères éthérées. Ce riff majestueux qui jaillit comme une flamme dans la nuit à 3,35 minutes nous dévore et nous consume, comme cette fameuse nuit dont il est question dans le titre, et
Cepheide n’a jamais sonné aussi spirituel, mystique et possédé, proposant une musique belle, atmosphérique, chavirée d’émotions, mais finalement moins bruitiste, violente et torturée que sur l’opus précédent.
Ici, la batterie sonne en retrait, au profit de ces mélodies scintillantes et diffuses de claviers et de guitares, qui embrasent les titres en des tisons d’émotions incandescentes. Les grattes de Détresse sont toujours en mouvement, tissant un tapis de notes célestes qui nous assaillent et se déchirent, toujours tiraillées entre violence et douceur (Madone et ses guitares très aériennes, le début de La Lutte et l’Harmonie, presque symphonique). La voix de
Spasme agit plus comme un instrument à part entière, sorte de grognement sourd et plaintif qui se mue en un murmure spectral, et le tout est dilué dans cette distorsion sonore unique où tout hurle à l’unisson en un chaos parfaitement maîtrisé semblant nous parvenir de très loin. C’est finalement lors de certains des passages les plus lents que
Cepheide nous ébranle le plus (la mélancolie désolée du troisième titre, superbe), et finalement, on se surprend à apprécier cette orientation plus mélodique : il semblerait que, après la haine explosive de
Respire, les Parisiens soient parvenus à trouver la paix, à gagner en maturité pour proposer un travail plus onirique et apaisé, semblant nous inviter à ce spectacle aussi unique qu’extraordinaire qu’est la naissance d’une étoile et la destruction d’un univers.
Pour conclure,
Saudade n’est pas moins bon ou meilleur que
Respire, il est simplement différent. Peut-être un peu moins abrasif, plus réel et palpable dans ses lignes mélodiques que l’entité précédente, ce premier véritable album nous confirme l’énorme potentiel de
Cepheide et impose définitivement le trio parisien comme un groupe à suivre de très près. A recommander à tous les fans de Wolves in the Throne Room, Terra, et
Nyss et à écouter à plein volume au casque, seul et dans les ténèbres opaques et silencieuses d’une longue nuit hiver.
Respire m'avait carrément envouté lors dés les premières écoutes, et là ta chronique me donne grave envie d'écouter leur nouvel album.
Merci à toi. ;-)
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