Cepheide est un sombre trio de black atmosphérique parisien encore inconnu du grand public qui voit le jour en 2014. La même année, la formation sort sa première démo,
De Silence et de Suie, qui, bien qu’auto produite, parvient à accrocher l’oreille de quelques amateurs du style, puis c’est le tour de
Respire l’année suivante, excellent EP de deux titres pour 35 minutes de musique qui se voit aujourd’hui réédité sur Soulfood pour le plus grand bonheur des amateurs de black mélancolique et intense.
Le Souffle Brûlant de l’Immaculé commence en douceur, avec ces guitares au chant hypnotique et irréel, rappelant fortement Wolves in the Throne Room, tissant une mélodie pure, mélancolique et glaciale. Puis la batterie arrive, lente et catatonique, avec ce profond écho des abîmes qui semble nous provenir d’un monde lointain et brumeux, imprimant ce rythme décharné typique du DSBM, avant que le tempo ne s’emballe et que les premiers hurlements de
Spasme ne résonnent, plaintifs, stridents et vibrants d’une folie nauséeuse, à la limite du supportable.
Cepheide évolue à la limite de la béatitude éthérée du black atmosphérique américain et du déchirement morbide du black dépressif, sorte de bâtard halluciné de Wolves in The Throne Room et Make A Change…
Kill Yourself, imposant sa pâle lueur morbide et irrésistible. L’EP se constitue de deux longues plages incandescentes suspendues entre rêve et cauchemar, oscillant sans cesse entre grâce et damnation avec ces guitares lumineuses trouées par ces cris déments insoutenables de douleur et le martèlement funèbre et implacable de cette batterie légèrement en retrait.
On a parfois quelques longues plages rédemptrices qui laissent
Respirer les langueurs d’un post rock à la fois froid et apaisant (à partir de 11,10 minutes de Le Souffle Brûlant de L’Immaculé) et des moments de bravoure où l’intensité atmosphérique se fait encore plus poignante dans cet enchevêtrement de guitares, presque dramatique dans sa force d’évocation extraordinaire (la fin du premier titre, superbe, avec cette mélodie qui nous transperce et nous chavire), mais d’une manière générale, le rythme est soutenu et l’expérience à la fois belle et dérangeante, sorte de déchirement de l’âme à la douleur extatique qui nous apaise autant qu’il nous enivre.
Ce premier titre de presque 17 minutes se termine sur une mélopée tranquille au clavier, qui se fond subtilement En La Chute d’Une Ombre, second morceau de la galette. On est bercé par cette douceur contemplative et on se sent flotter au milieu d’un inconnu lointain et paisible, au gré de ces mélodies funéraires et placides que l’on croirait échappées du Dear
Insanity d’Eye of
Solitude ou de Shape of
Despair.
Cette longue introduction semble guérir pendant plus de sept minutes notre humanité malade pour mieux nous précipiter dans la souillure de ses turpitudes, montant progressivement en intensité avec cette basse dont les secousses sournoises semblent annoncer un fracas imminent, avant d’exploser en un black atmosphérique rapide, furieux et déchaîné, hanté par les hurlements de
Spasme qui se répercutent dans la vacuité de notre tristesse et de notre désespoir. Un long passage central ambiant vient plonger les contours frissonnants de ces 19 minutes dans une brume encore plus épaisse, et la longue litanie prend alors les allures d’un rituel, avec ces percussions feutrées et l’écho lointain de ces guitares qui continuent de nous envelopper de ces myriades de notes aussi belles que délétères. La fin du titre est particulièrement meurtrière, maelstrom d’émotions tiraillées et extrêmes, avec ce riff apocalyptique qui nous pénètre le cœur et nous foudroie l’âme et ces guitares célestes qui nous font entrevoir la lumière.
Et c’est ainsi que s’achève ce voyage saisissant de 35 minutes dans les limbes d’un black metal déchiré et grandiose. Il n’y a pas grand-chose à reprocher à ce
Respire : si la musique du trio n’est pas franchement originale, elle est tout simplement parfaite dans son exécution et d’une intensité émotionnelle inouïe. Que dire de plus ? Voilà une œuvre à ne manquer sous aucun prétexte pour les amateurs de black atmosphérique intense, puissant, onirique et bouleversant, ni plus ni moins.
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