Un nom répugnant, une pochette assez douteuse, un son très perfectible, un chant du commun des mortels et des titres de chansons de mauvais goût (Wanker,
Chainsaw Massacre, I Wanna F..k Ya, etc...), cela vous convient-il pour l’introduction d’une chronique qui se veut élogieuse ?
Alors je continue.
Mieux vaut avoir le goût du second degré pour apprécier cet album et ce n’est pas évident. Mon expérience personnelle parle. Ecouter de manière platonique la jouissance d’une femme, à qui on martèle depuis deux minutes qu’on aimerait bien mélanger ses fluides vitaux («I Wanna F**k ya ») doit se prendre à la légère de la même manière qu’un bon sketch des Inconnus (Memento : Est-ce que tu b***es ?).
Le second degré est partout avec des intros pour le moins farfelues, un morceau de 5 secondes où le chanteur se contente d’hurler « Bullshit », ainsi que certains interludes étranges placés en plein milieu de titres d’une extrême intensité. «Quasimodo» vous en apporte la preuve dès le début de l’album.
La grosse claque que réalise en 1986 (année décidément bénie des dieux) réside dans l’intensité. Tout va vite, mais alors vraiment très vite. L’énergie déployée par
SDI est tout simplement incroyable !
Cela semble inné et même irrépressible, à l’image du titre « You’re
Wrong » qui se voulait plus calme mais qui ne peut s’empêcher d’accélérer de nouveau. Que voulez vous ? Cela doit être dans le sang. 1986 était vraiment une année pour dépasser les limites, et les allemands ont choisi leur propre manière de faire.
SDI joue la provocation. Essayez de vous resituer à cette époque plutôt puritaine et vous saisirez peut être la controverse que pouvait susciter ce qui reste leur plus grand titre : encore ce «I Wanna F**k Ya». La provocation se traduit également à la manière d’un thrash aux relents de crossover (mot interdit !
DRI ne l’a pas encore inventé à l’époque…) plus maîtrisé qu’il n’en à l’air.
Faut l’avouer, à la première écoute, ça passe pour du grand n’importe quoi. On a l’impression que l’unique finalité est de jouer plus vite que les autres. Peut-on leur reprocher, alors que d’autres voulaient à la même période être plus violent, plus satanique ou que sais-je encore ? C’est le fait d’une génération.
Derrière ce rythme effréné se cachent pourtant des riffs efficaces («Absolut Banger») et des refrains bien léchés («
Panic In
Wehrmacht») souvent frénétiquement répétés («Young
Blood», l’inévitable «I Wanna F**k Ya» ou encore «Disappointement»), tout cela ajoutant un sentiment de puissance à la rapidité. Enfin, les quelques soli apportent de la richesse à un son au premier abord très brut.
Enfin, on se doit de rendre également au chant, dont j’ai précédemment critiqué la banalité de la voix, l’hommage d’une agressivité justement maîtrisée, j’en veux pour preuve le titre «I Don’t Care».
Ce premier album de
SDI est d’une profondeur insoupçonnée. Perdu dans la masse des albums de thrash sortis la même année, il ne connaîtra pas le succès qu’il mérite mais constitue une des nombreuses perles cachées d’un genre à explorer indéfiniment.
Merci pour la chro!
Un album tout simplement indispensable !
Y’a une énergie hallucinante sur ce disque. J’adore le côté plutôt « décalé » des paroles et j’adore les influences punk (même si les musiciens sont loin d’êtredes branquignoles).
J’adore le « I wanna fuck youuuuuuu » qui lance… ben « I wanna fuck ya ». J’adore le titre tout aussi génial« You’re wrong ». J’adore en fait tous les morceaux de cette galette.
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