Quand on parle de
The Kovenant actuellement, beaucoup pense à ce groupe de cyber metal très bizarre et kitsch, faisant autant d'adeptes que de détracteurs. Et pourtant, ces Norvégiens là n'ont pas toujours eu ce parcours. Leur début avait été très prometteur, avec la sortie de « In Times Before the Light » (1996) et du culte «
Nexus Polaris » (1998). Le groupe, sous le nom de
Covenant, officiait alors dans un black symphonique de grande qualité, pris dans une période riche en rebondissements où
Arcturus et
Dimmu Borgir avaient imposé leur marque de fabrique, forgeant alors une nouvelle facette au black metal. Ces deux groupes n'étaient pas étrangers à
Covenant, composé de Nagash/Blackheart/Astennu (DB), de Sverd (
Arcturus) mais aussi d'
Hellhammer (
Mayhem).
En 1999,
Covenant subit des pressions quant à son patronyme et dut le changer, à cause d'un autre
Covenant, Suédois, officiant dans l'EBM. Les Norvégiens se choisissent
The Kovenant et entament un beau virage en prenant une nouvelle orientation, un peu à la manière de
Samael deux ans plus tôt avec « Passage » . Non seulement ils s'éloignent de leur black metal mais en plus ils adoptent une tournure électronique, un concept futuriste, de nouveaux noms de scène et un nouveau look. C'est ainsi que naît « Animatronic », montrant déjà la couleur.
Ce changement de style s'avère irrévocable.
The Kovenant s’emmanche davantage dans ses nouvelles idées. La réédition de « In Times Before the Light » (2002) version black electro symphonique montre la décadence de ce groupe, tourné vers quelque chose de plus commercial. L'électro metal est très en vogue à cette époque tandis que le cyber metal se découvre sans être reconnu,
Sybreed n'ayant pas encore fait des siennes. Les Norvégiens, opportunistes, oublient leur passé black metal et pondent « SETI » en 2003 ('
Search for Extra-Terrestrial Intelligence', à traduire par « Recherche d'une Intelligence Extra-Terrestre').
Ce qui avait été fait sur « Animatronic » au niveau des sonorités se confirme ici. Il s'agit d'électronique à tendance cyber, ensemble froid, mécanique et futuriste, alternant passages rapides et passages plus atmosphériques, voix claires et voix synthétiques. Les choeurs et les parties symphoniques n'ont pas été mises de côté et contribuent au côté spatial de certaines compositions. Toutefois, la mayonnaise ne prend pas...
« SETI », bien qu'étant objectivement original dans l'approche, n'en demeure pas moins raté.
The Kovenant se perd dans ses bidouilles électroniques et laisse peu de place aux guitares, qui perdent du poids. Tout se base donc sur les claviers et les vocaux qui en dérangeront plus d'un. Lex
Icon aurait dû, soit garder sa voix black, soit ne pas intégrer de voix tant il chante faux. Il est donc difficile de rester concentrés, que ce soit sur « Cyberthrash » ou l'atmosphérique « Pantomine », face à cet ensemble vocal non maîtrisé et sauvé par le synthétique. Malgré une tendance à vouloir imiter des figures importantes en matière d'indus, que ce soit Till
Lindemann (
Rammstein) ou Marylin Manson, il est difficile de s'y faire et l'overdose n'est jamais très loin.
Bien que « Planet of the Apes » ou « Via
Negativa » restent les plus proches, dans l'esprit, de la période « Animatronic » avec cet ensemble plutôt sombre, renforcé par les choeurs et la présence de vocaux féminins, la suite peine à ravir, surtout quand l'électronique est utilisée à outrance, sans réelle ligne directrice, et que le rythme – quasi transe – nous cogne trop dans les oreilles. « Keepers of the
Garden », par exemple, nous propose trop de choses à la fois, et le résultat est inaudible.
Écouter cet album d'une traite relève de l'exploit tant il est (trop) long et embourbé dans des idées, qui auraient pu être bonnes, mais qui restent mal exploitées. « Subtopia » met bien en valeur l'aspect extra terrestre, avec ces bruits bizarres et ces vocaux quasi robotiques. Mais l'assemblage est trop maladroit, idem sur «
Hollow Earth ». A croire que le tout ait été bâclé.
Ca fait quasiment dix ans que cet album est sorti et pour l'instant, pas de successeur. Il semblerait que
The Kovenant ait eu vent de ses erreurs, pas pour rien que
Hellhammer (ici sous le nom de
Von Blomberg) ait mis les voiles peu de temps après l'enregistrement de l'opus. Les Norvégiens sont tombés dans la facilité et ont raté leur tour de force en tombant bien bas, à savoir dans un cyber de mauvais goût. « SETI » est un album que beaucoup retiennent, mais pas forcément pour ses bonnes qualités, tant il signe la déchéance d'un combo ayant pourtant vécu son heure de gloire. Décevant.
Pour en revenir à Kovenant, c'était un premier pas comme tu le soulignes Molick, et s'ils sortent un nouvel album (patience, peut-être...), l'occasion sera belle de voir si le groupe transforme l'essai...
D'en parler, je vais aller m'écouter Nexus Polaris!
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