Il peut-être amusant de constater à quel point les étiquettes, au début mises en place par souci de clarté, peuvent se mêler en de surprenants hybrides, tellement surprenants qu'une nouvelle étiquette serait nécessaire pour les qualifier. Mais la beauté de la chose est que certains groupes trouvent, entre les différents genres, des symbioses parfaites capables de nous renverser de notre fauteuil.
Noveria est un groupe de
Power Metal italien (vous avez pensé
Rhapsody...oui, réaction des plus naturelles), se proposant de nous faire partager son premier album, "
Risen". Composé de deux membres du groupe de
Metal Progressif
DGM (Emanuele Casali aux claviers et Andrea Arcangeli à la basse), autant dire que la jeune formation montre, d'office, quelques qualifications.
Pourtant, qui aurait pu s'attendre, pour un premier essai, à un mélange aussi rafraichissant, cohérent et captivant...
Dans l'ensemble, nous sommes face à un
Power Progressif dont
Symphony X et Nevermore sont les principales influences, influences auxquelles sont ajoutées les délicieuses notes mélodieuses du
Power à l'allemande.
Par exemple, le sublime "Downfall", s'ouvrant sur un growl renversant et quelques soli dissonants, se propose de nous faire partager les sublimes contrastes entre rythmiques syncopées dévastatrices et couplets théâtraux à la
Blind Guardian. Le refrain est d'un pur dépaysement, tandis que la formation nous ballade entre ses lignes de guitare prédatrices et ses solos d'une grande beauté (sans compter ce pont vocal à la splendeur démesurée).
Dans la même veine, nous pourrons évoquer le titre éponyme "
Risen" aux parties de batterie débridées et aux breaks déroutants d'efficacité. Les parties mélodiques évoquent tout de suite les oeuvres des géants allemands tels que
Orden Ogan (et ces putains de choeurs qui rappellent "Nobody's Leave" du sublime Easton
Hope...).
Noveria est parfaitement à son aise sur ce terrain où la violence et le lyrisme se mêlent en une parfaite harmonie. Les contrastes entre brutalité intense construite sur des rythmiques quasi Death
Metal et refrains aériens d'une grande sensibilité sont d'une rare fluidité. Et, de par ces changements d'atmosphères, le résultat est d'autant plus touchant...
Comment ne pas chavirer à l'écoute de "
Paralysis", aux quelques touches électroniques, et dont l'ouverture n'est pas sans nous évoquer les géniaux
Evergrey ? Frank Corigliano y débite tout son répertoire, entre voix éraillée, criarde ou, au contraire,
Power et lumineuse à souhait. En effet, le génial chanteur, après un couplet des plus menaçants, nous balance un refrain d'un grand optimisme, comme le
Power nous en a déjà proposé des centaines. Mais ce coup-ci, la mélodie est dénuée de toute niaiserie, les envolées vocales finales permettant à nos frissons de nous figer sur place...
De même, "
Fallen From Grace" nous tient en haleine durant six minutes avec un tempo de mammouth, l'ambiance glaciale maintenant nos esgourdes ouvertes. Le refrain, quant à lui, est purement atmosphérique et se cale sur un tapping qui achève de lui donner toute sa cohérence et toute sa profondeur.
A d'autres moments,
Noveria se fera plus sombre, tout en gardant un travail de composition hors-pair. "Fear", aux quelques notes exotiques, sera le titre le plus oppressant de l'album. Quelques arpèges de claviers viennent supporter un riff assassin, le résultat aura tôt fait de nous évoquer les travaux de
Symphony X. L'instrumentale est plus déchaînée que jamais, multipliant les transitions, les ponts, les duels de solos entre guitares et claviers et les breaks pour un titre qui semble ne jamais vouloir nous laisser respirer...
Album parfait ?
Pas tout à fait... par moments, la formation se rapproche beaucoup trop de ses sources d'influences, et une oreille extérieure aura tôt fait de les confondre sur certains passages (ce passage sur "
Ashes" qui nous évoque beaucoup trop "
Iconoclast"...). Cependant, il ne s'agit que de quelques rares moments d'égarement au milieu d'un déluge de technique, de maturité, de puissance et de beauté. Il y a fort à parier que le groupe trouvera son public, et que s'il continue sur cette lancée, le carton est assuré. Muni de son
Risen, agrémenté d'une fougue et d'une jouissive envie d'en découdre,
Noveria fait un bras d'honneur aux clichés, démontrant que le
Power peut être aussi technique et violent que beau et mature...
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