Cinq ans de silence radio envolés déjà depuis leur élégant et charismatique premier album, «
Symphony of Dawn »... Une éternité pour la fanbase du sextet belge fondé à Gand en 2018 par le compositeur et guitariste Tijmen Matthys ! Aux fins d'un travail des plus exigeants et de longue haleine en studio, le combo lui fera alors patienter quelque quatre années avant que ne soit dévoilé le single «
Unwind Our Story », auquel en succédera un second, «
One with the Stars », un mois plus tard, soit deux des onze pistes que compte leur second et présent mouvement de longue durée, «
Rhapsody of Life », sorti dans la foulée. Ce faisant, les quasi 54 minutes du ruban auditif de cette auto-production constitueraient-elles un arsenal défensif suffisamment sécurisé pour permettre à nos valeureux gladiateurs de se lancer sereinement dans une arène metal symphonique à chant féminin encore en proie à une féroce concurrence ?
Plus encore, munis de ce second et pléthorique élan, nos acolytes pourraient-ils, sept ans après leur sortie de terre, caresser l'espoir de se hisser dès lors parmi les valeurs montantes de cet environnement metal ?
Dans cette nouvelle aventure, nous retrouvons l'équipe de la précédente cordée au grand complet, à savoir : Tijmen Matthys en maître d'oeuvre et investi aux guitares, la soprano et parolière
Valerie De Kempe, Ewoud Dekoninck à la basse, Wout Debacker (Lucid
Dream) à la batterie,
Jakob Declercq au violon, sans oublier Robbe Adriaens aux claviers. De cette indéfectible collaboration nait un propos rock'n'metal mélodico-symphonique gothique classique, à la fois solaire, enjoué et romantique, dans la veine coalisée de
Nightwish (première période),
Xandria,
Dark Sarah,
Beyond The Black,
Diabulus In Musica,
Elvellon,
Lyriel,
Delain et d'un
Within Temptation des premiers émois. S'observe parallèlement une ''symphonicité'' renforcée par la participation, pour l'occasion, de la violoniste Amelie Verhelle, et de pas de moins de quinze vocalistes internationaux sollicités en qualité de choristes, chacun dans sa langue, sur le titre éponyme et outro de l'opus.
Comme il nous y avait déjà accoutumés, le combo a porté, une fois encore, un soin particulier à sa production d'ensemble, signée Tijmen Matthys : co-enregistré par ce derrnier et par Arjan Bogaert (Barefootstudio), mastérisé par Frederik Dejongh (Absynth,
Kludde, Left Eye Perspective...) et mixé par
Ace Zec (batteur de
Cobra The
Impaler et producteur de
Spoil Engine,
Caldera,
Off The
Cross, feu
Diablo Blvd, feu
King Hiss...), le propos n'accuse par l'once d'une sonorité parasite ; s'y adjoint une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation ainsi qu'une saisissante profondeur de champ acoustique. Il semble dès lors que la troupe soit animée non seulement d'une sérieuse envie d'en découdre mais également d'un souhait communément partagé d'élever encore d'un cran supplémentaire le niveau de ses exigences propres en matière de composition. Mais embarquons sans plus attendre à bord du cargo et laissons-nous guider par nos six corsaires dans leurs pérégrinations marines...
A l'aune de son devancier, c'est à la lumière de ses passages les plus enfiévrés que cet opus marque ses premiers points, non sans aspirer le tympan du chaland, bien souvent. Ce que révèle, en premières intention, « Familiar Skies », entraînant mid/up tempo aux riffs crochetés, au carrefour entre
Xandria,
Delain et
Within Temptation ; recelant un refrain immersif à souhait mis en exergue par les angéliques impulsions de la déesse, enserrant un bref mais vibrant solo de guitare et inoculé d'un frissonnant coup d'archet, ce hit en puissance ne se quittera qu'à regret. D'autre part, c'est cheveux au vent que l'on parcourra «
Unwind Our Story », mid/up tempo aux riffs épais et à la basse résolument vrombissante, à la confluence d'
Elvellon et
Lyriel. Pourvu d'un entêtant refrain qu'encensent les fluides inflexions de la sirène, d'insoupçonnées et grisantes accélérations et d'un crépitant final en crescendo, le ''tubesque'' élan poussera assurément à une remise en selle sitôt l'ultime mesure envolée, On ne saurait davantage se soustraire à l'onde vibratoire insufflée par « Breaking Free », chavirant et ''nightwishien'' mid/up tempo syncopé. Eu égard à l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre et à la soudaineté de ses vibrantes accélérations, le seyant effort n'aura pas tari d'armes efficaces pour asseoir sa défense et se jouer des nôtres. On pourra, enfin, s'orienter vers le ''xandrien'' et bien-nommé «
Enchantment », tant pour la richesse de ses poignantes harmonies que pour son énergie aisément communicative ; parallèlement instillé d'un ample et opportun pont techniciste surmonté d'un fin legato à la lead guitare, ce pulsionnel et solaire mouvement serait à appréhender tel l'une des pépites de l'opus.
Quand elle desserre un tantinet la bride, la troupe trouve à nouveau de convaincants arguments pour tenter de nous rallier à sa cause, pour le moins, susceptibles de faire plier l'échine aux plus récalcitrants des pavillons. Et la sauce prend sans tarder, la plupart du temps. Ce à quoi nous sensibilise, en premier lieu, « The Calling », engageant low/mid tempo aux riffs émoussés, à mi-chemin entre
Delain,
Elvellon et
Xandria. Reposant sur un enchanteur paysage de notes, de sémillantes séquences d'accords sur lesquelles se greffent les cristallines modulations d'une interprète bien habitée et enorgueilli d'un fringant solo de guitare, le romanesque élan a toute sa raison d'être. Difficile également de résister à l'envie d'esquisser un headbang subreptice sous le joug du rythme chaloupé et des truculentes mesures dont se nourrit «
Beyond Reality » ; essaimant d'immersives gammes soulignées par les ''siréniennes'' ondulations de la princesse, le rayonnant low/mid tempo au croisement de
Beyond The Black,
Delain et
Lyriel demeure, à son tour, une belle surprise de ce set de partitions. Un poil plus enlevé, le polyrythmique et ''nightwishien'' « The Spark » tire également son épingle du jeu, à la fois pour ses enchaînements intra piste ultra sécurisés et pour son break sous forme de pont instrumental à mi-morceau, alimenté de fins arpèges au piano et d'un violon un poil libertaire.
Lorsqu'ils en viennent à nous mener en des espaces plus tamisés, nos compères se muent alors en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre, tout d'abord, «
Sleepless Dreams », ballade atmosphérique et progressive d'une confondante légèreté, que n'auraient sans doute reniée ni
Beyond The Black ni
Diabulus In Musica ; sous-tendu par des arpèges pianistiques d'une infinie délicatesse, décochant un poignant solo au violon à mi-morceau et mis en habits de soie par les célestes volutes de la maîtresse de cérémonie, l'instant privilégié comblera assurément les attentes de l'aficionado de moments intimistes. Entamée d'un violon mélancolique, alors relayé d'un frissonnant solo de guitare, et calée sur une mélodicité toute de fines nuances cousue sur laquelle se calent les ensorcelantes oscillations de la belle, la gracieuse et progressive ballade « The Moment », quant à elle, s'assimilerait à une véritable invitation au voyage en d'oniriques contrées. Et comment ne pas se sentir aspiré bien au-delà du plancher des vaches sous l'impact des soufflantes séquences d'accords dont se pare «
One with the Stars » ? D'une sensibilité à fleur de peau, porté à son paroxysme par les magnétiques notes en voix de tête de la soprano et se dotant d'un petit supplément d'âme la rendant particulièrement liante, cette ballade romantique jusqu'au bout des ongles constituerait une autre gemme à mettre à l'actif de nos inspirés concepteurs.
Message a, par ailleurs, été reçu par la formation belge de revenir munie d'une plage symphonico-progressive dans sa besace. Une pièce manquante au puzzle, qu'elle dévoile, ici, à l'aune du titre éponyme et outro de l'opus. Ainsi, «
Rhapsody of Life » se pose telle une fresque déroulant fièrement ses quelque 10:18 minutes d'une traversée à la fois épique et romanesque. Non sans renvoyer concomitamment à un
Nightwish de la première cuvée, au regard de la finesse de ses arrangements instrumentaux, à
Lyriel, pour sa petite touche folk symphonique, et à
Dark Sarah, pour sa colorature opératique, cette plage de la démesure se plait à multiplier ses coups de théâtre tout en sauvegardant une sente mélodique des plus enveloppantes. Magnifié par les frémissantes envolées lyriques de la diva, alors escortée d'une imposante muraille de choeurs que rien ni personne ne songerait à enrayer la marche en avant, ponctué de notes aigres-douces échappées d'un violon diablotin et pourvu d'un ''floydien'' solo de guitare, le dantesque manifeste s'assimilerait, selon votre humble serviteur, au masterpiece de la goûteuse galette.
Pour son retour dans la course, le groupe belge nous convie à une œuvre à la fois rayonnante, épique, d'un rare raffinement mélodique et fortement chargée en émotion, se savourant à chaque fois davantage au fil des écoutes. Bénéficiant à son tour d'une ingénierie du son rutilante, témoignant non seulement d'une technicité instrumentale éprouvée et savamment exploitée, mais aussi et surtout d'une signature oratoire aisément identifiable assortie d'un filet de voix d'une confondante pureté, ce second élan se parcourra assurément sans escale prématurée. Dans la lignée atmosphérique de son prédécesseur, le cadet ouvre cependant plus large le spectre en matière d'exercices de style, pour un résultat tenant toutes ses promesses, et même un peu plus...
D'aucuns, pour se sustenter, auraient sans doute espéré un propos un poil plus enlevé qu'il n'apparait et offrant davantage de variété quant aux lignes vocales investies, l'interprète patentée monopolisant, là encore, le micro sur la quasi totalité de la rondelle, si ce n'est sur l'ultime plage, où la part belle est alors faite aux choeurs. Par ailleurs, pour se dissocier plus nettement de ses pairs, le combo se fera fort d'accoler un zeste d'originalité à un message musical qui, pour l'heure, ne manque ni de luminescence ni de panache. Etat de fait qui, au vu des progrès réalisés, ne saurait empêcher la formation belge de rejoindre dès à présent les valeurs montantes de l'exigeant registre metal symphonique à chant féminin. Bref, une seconde ogive à la longue portée et aux effets dévastateurs lancée par l'escadron belge...
Note : 16,5/20
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