Revangels

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17/20
Nom du groupe Akoma
Nom de l'album Revangels
Type Album
Date de parution 13 Janvier 2017
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album13

Tracklist

1. Enticing Desire 04:37
2. Revangels (ft. Liv Kristine) 04:38
3. Change of Propensity 05:31
4. Mesopotamia 04:39
5. Hands of Greed 05:22
6. Vira 04:09
7. Humanity 04:49
8. Heartless Deceiver 05:42
Bonustrack
9. Bittersweet Memories (re-recorded) 06:13
Total playing time 45:40

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Akoma


Chronique @ ericb4

02 Janvier 2017

Muni de cette généreuse et jouissive offrande, le combo danois a une belle carte à jouer...

Ayant laissé votre humble serviteur sur une impression favorable à l'instar de leur troisième et révélateur EP « The Other Side » (2012), sorti 5 ans suite à l'encourageante démo « Lost Forest », elle-même succédant, une année après, au premier et discret EP « Angels of Revenge », le quintet danois originaire de Silkeborg revient courageusement dans les rangs, caressant désormais l'espoir d'une ascension effective au sein d'un registre metal symphonique à chant féminin pourtant déjà surinvesti. Aussi, le temps a passé, celui de la maturité compositionnelle et scripturale du combo également, et nous voici en 2017, soit 13 ans après la création commune du collectif scandinave par la touchante mezzo-soprano et claviériste Tanya Bell et l'inspiré compositeur, programmeur et fin guitariste Morten H. Bell (ex-Slay The Shepherd). A la fois minutieux et opiniâtre dans son travail en studio, d'une extrême rigueur quant à l'écriture de chacune des portées de ses partitions, on comprend qu'il s'est surtout avéré patient, très patient, pour nous octroyer sa toute nouvelle production à la logistique passée au peigne fin.

Lorsqu'on sait que la sarabande a fait appel à la patte experte d'Alexander Krull (Leaves' Eyes, Atrocity, The Sirens...), suffisamment convaincu par son potentiel pour lui assurer à la fois la production d'ensemble, l'enregistrement, le mixage et le mastering de cet opus (réalisés aux Mastersound Studios, à Steinheim, en Allemagne), nul doute que le combo danois ambitionne de faire un grand bond en avant, cette démarche symbolisant une tout autre aspiration musico-sociale dans la carrière de nos cinq compères. Il en ressort une prégnante profondeur de champ acoustique où chaque instrument se décèle plus qu'il ne se devine, n'étouffant ni ne se substituant aux lignes de chant, ici parfaitement intégrées. Autre indice révélateur d'un changement de fond, répondant mieux aux objectifs actuels de la troupe : Un véritable lifting s'est opéré au sein de l'équipe. En effet, outre les initiateurs patentés du projet et le bassiste Stefan Nielsen (présent depuis plus de 10 ans), le line-up intègre désormais, et ce, depuis 2016, les talents conjugués de Rune Frisch (en lieu et place de Peter Buur) à la batterie et d'Andreas Pedersen à la guitare. Aussi, une frappe sèche ensanglantant véritablement les fûts ainsi qu'un legato effilé et rutilant se font ouïr plus que ce ne fut le cas jusqu'alors.

Mû par l'indicible désir de marquer plus en profondeur les âmes déjà sensibilisées aux vibes de Within Temptation, Xandria, Epica, Imperia, ses principales sources d'influence, à l'instar de « Revangels », force est d'observer que le groupe a mis les petits plats dans les grands. S'il s'est montré plus ambitieux aujourd'hui qu'autrefois dans la mise en relief de son projet, le collectif scandinave est néanmoins resté prudent dans sa démarche, ayant échafaudé pierre par pierre chacune des 9 pistes de son propos, ne laissant dès lors échapper que très peu de notes résiduelles sur les 45 minutes de cet initial et méticuleux album full length, sorti chez Massacre Records, une première chez nos acolytes. De plus, soucieux de valoriser son image, l'artwork de l'album d'inspiration fantastique, aux tons sobres et au trait affiné, a été confié à Stefan Heilemann, connu pour avoir réalisé la plupart des illustrations des livrets et des pochettes de Leaves' Eyes, Epica ou encore Kamelot.

Ayant harmonisé d'authentiques et de nouvelles sonorités, mis en regard des riffs agressifs et une orchestration massive, un tantinet épique, et un chant lyrique au large spectre vocal, le spectacle proposé pourrait être à la mesure des aspirations d'un auditorat sensibilisé à ce courant d'influence. En outre, a été réenregistré « Bittersweet Memories », l'une des plus savoureuses pistes de « The Other Side », démontrant par là que le groupe ne tourne pas le dos à son glorieux passé tout en orientant le regard vers l'avenir. Enfin, comme un heureux trait d'union entre l'orientation metal mélodico-symphonique de l'oeuvre, ses solides fondements logistiques et techniques et son concept vocal éminemment romantique, le combo danois a fait appel à l'angélique empreinte vocale de Liv Kristine (ex-Leaves' Eyes, ex-Theatre Of Tragedy), en duo avec Tanya, sur le titre éponyme de la galette.

Ce qui frappe d'entrée de jeu, c'est la propension qu'a eue le combo danois à nous octroyer de tubesques morceaux, au dynamisme avéré et plutôt de bonne facture, et ce, sans pour autant avoir cédé aux chimères d'une trop immédiate accessibilité, celle-là même qui serait susceptible de nuire à leur aura à long terme. Et le titre éponyme de l'opus est de ceux-là. Ainsi, l'entraînant « Revangels », propos symphonique gothique dans la veine atmosphérique de « Meredead » (quatrième album full length de Leaves' Eyes), est une réelle invitation au voyage pour nos sens en quête d'intenses et libertins frissons. Lorsque les deux sirènes évoluent de concert, l'âme est touchée de plein fouet, notamment à l'abord d'un refrain catchy. Sur une piste aux allures d'un hit en puissance, avec de faux airs du single « Paradise » de Within Temptation (unissant Tarja et Sharon den Adel), on restera d'autant moins de marbre qu'elle s'enorgueillit d'un bref mais saisissant solo de guitare. Luminescent titre pop-metal symphonique aux arrangements effilés et sous-tendu par de jolis arpèges au piano, l'engageant « Mesopotamia », pour sa part, s'offre telle une ode ''delainienne'' délicatement entonnée, à la façon de Dianne Van Giersbergen (Xandria, Ex-Libris). Vibrant instant, s'il en est, que l'on se plaît à parcourir le long d'un ravissant cheminement mélodique. Une fois de plus, les montées en puissance de la belle font mouche où qu'elle se meut, plus encore sur un refrain dont les séries d'accords laisseront quelques traces dans les mémoires de ceux qui se seront engagés dans cet océan de félicité. Dans cette énergie, le tonitruant « Vira », sous le joug de riffs crochetés, fait brûler ses fûts et claironner ses choeurs, sur une soyeuse sente mélodique, dans un prisme combinant les enivrantes harmoniques de « Mother Earth » de Within Temptation et l'atmosphère grandiloquente de « The Divine Conspiracy » d'Epica. C'est à l'unisson que convole le corps oratoire sur une sereine et captatrice ligne mélodique, octroyant de fines nuances, parallèlement à moult variations rythmiques susceptibles de nous retenir plus que de raison.

Lorsque l'on touche aux passages moins percutants, à l'instar de ses galvanisants mid tempi, le collectif scandinave offre une kyrielle d'espaces d'expression où la charge émotionnelle insufflée demeure délicate à éluder. A commencer par « Enticing Desire », aux arrangements typiquement nightwishiens. Dans le sillage atmosphérique d'Epica, à l'aune de leur dernier opus « The Holographic Principle », le méfait magnétise le tympan lorsqu'il dissémine ses riffs écorchés vif conjointement à des blast beats réguliers et bien sentis, parallèlement à une impondérable pénétration d'une solide cohorte de choeurs dans l'ample toile instrumentale. Plus encore, au fil d'une ligne mélodique avenante et épurée que n'aurait pas reniée un Xandria à l'époque de « Sacrificium », on reste suspendu aux sinueuses et caressantes inflexions de la mezzo-soprano. D'autre part, une entame violoneuse ouvre le bal sur le plantureux « Hands of Greed », saisissant titre metal symphonique aux nappes synthétiques enveloppantes doublées d'une pugnace et perforante armée de choeurs. Dans ce bain orchestral aux doux remous, à mi-chemin entre la sculpturale tessiture de Helena Michaelsen et les aériennes oscillations de Kate Bush, Tanya témoigne d'un spectre vocal éminemment élastique tout en rendant le complexe exercice accessible et naturellement aisé. Une insoupçonnée performance qui a pour corollaire une jubilatoire articulation de l'ensemble choralisé, et dont l'harmonisation n'a désormais plus rien à envier aux modèles identificatoires du combo scandinave. Chapeau bas.

Dans cette mouvance rythmique, mais selon un regard alternatif, certaines pistes suivent plus volontiers, consciemment ou non, les vibes d'Imperia. D'une part, on prend plaisir à retrouver « Bittersweet Memories », rayonnant et mystérieux mid tempo symphonique gothique empreint d'une atmosphère propre à Imperia. Si les arrangements ont été retravaillés, nous octroyant désormais une ronde de saveurs plus propre, on retrouve aussi bien le timbre mordoré que les puissantes impulsions vocales et le léger vibrato de la belle, qui ne sont pas sans faire penser à Simone Simons (Epica), avec des notes plus fermement tenues en arrière-fond. De même, un innocent xylophone ouvre les hostilités sur le chevaleresque et altier mid tempo « Change of Propensity » qui, non sans renvoyer à la prégnante et sulfureuse ambiance de « Tears of Silence », dernier opus d'Imperia, avec une touche de Dark Sarah relative au sillon mélodique emprunté (à l'instar de « Behind the Black Veil »,), capte l'attention d'un battement de cils. Et ce ne sont pas les profondes et envoûtantes modulations dans les médiums de la déesse qui démentiront cette assertion. L'habile interprète s'octroie même quelques envolées lyriques judicieusement amenées, d'une redoutable tenue et nous conduisant peu ou prou vers la note qui tue, différemment que ne le ferait Tarja mais avec non moins d'efficacité.

Non, ils ne les ont pas oubliés les moments intimistes, qu'ils nous livrent avec sensibilité et maestria sur l'une des plages de l'opus. Tendre instant au sein duquel tant l'espace feutré que les féeriques séries d'accords au piano de « Humanity » s'insinueront sous l'épiderme sans que l'on ne puisse rien y faire. Sans omettre un fondant solo de guitare au cœur d'une imperturbable et reposante mer d'huile. A la maîtresse des lieux, par ses voluptueuses et angéliques patines, de nous prendre la main, nous élevant haut, très haut, en direction d'enchanteurs espaces oniriques.

Enfin, et c'est peut-être le très relatif bémol de la rondelle, une piste rythmiquement plus nuancée se situerait en-deçà de de ses voisines. Ainsi, c'est sur des charbons ardents que nous accueille le mid/up tempo « Heartless Deceiver », avenant et roboratif titre au riffing graveleux dans le sillage mélodique de Delain. Parfois déroutant, en raison d'incessantes séquences relayant accélérations et ralentissements, le brûlot déconcerte d'abord, mais n'en demeure pas moins propice à un insolent headbang, et l'adhésion finit par opérer, ici comme ailleurs.

Si leurs prestations ont pu être observées et appréciées au cours de nombreux concerts auprès de Leaves' Eyes, End My Sorrow, Wintergarden et s'ils ont déjà joué lors de plusieurs festivals (Jelling Festival, Rock Island Festival, pour les derniers en date), cette dernière et louable proposition devrait leur ouvrir plus largement encore les portes de la reconnaissance à la fois auprès d'un auditorat déjà sensibilisé aux travaux de ses maîtres inspirateurs et de ses pairs. D'un niveau de production désormais comparable et fort bien inspiré, ce sculptural mais néanmoins classique manifeste renferme son lot de pépites et de surprises. Indéniablement, le temps a été vecteur de maturité de composition et a permis de rendre compte d'un potentiel plus affirmé, techniquement respectable, artistiquement moins friable, jouant habilement avec nos émotions. Cependant, en dépit d'efforts consentis pour tenter d'exister par lui-même, le collectif ne parvient pas toujours à s'extirper de ses modèles identificatoires. Pour s'en démarquer, il lui faudra diversifier encore les exercices de style, les joutes oratoires, élargir le spectre de ses influences, et tendre vers un projet moins convenu, avec quelques prises de risques, voire une pointe d'originalité. Pour l'heure, muni de cette généreuse et jouissive offrande, qu'il brandit tel un bâton de maréchal, le combo danois a une belle carte à jouer...

10 Commentaires

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Castou - 04 Janvier 2017: C'est bien, j'aime aussi beaucoup la voix. Je doute que dans la futur il puisse y avoir d'autres collaborations qui impliquent Liv Kristine et Alexander Krull en même temps...
ericb4 - 08 Janvier 2017: Je comprends qu'on puisse ne pas forcément adhérer à la manière qu'à le combo d'échafauder et d'articuler les morceaux de cet opus. Simplement, pour faire court, j'y ai perçu une évolution technique et mélodique au fil du temps, et surtout une qualité de production d'ensemble bien plus aboutie aujourd'hui qu'hier. Certes, si les lignes vocales sont encore en-deçà de ce qu'on pourrait espérer dans ce registre, elles ont, elles aussi, évolué favorablement. On pourra à cet effet réécouter les albums précédents, qui ne m'avaient pas laissé indifférent, eu égard aux chroniques publiées.

Pour précision, cette analyse, comme toutes les autres, repose sur de bonnes conditions d'écoute, où chaque détail (technique, mélodique, artistique...) est disséqué de façon à ne retenir que ce qui mérite que l'on s'y attache. Pas moins de 5 écoutes approfondies (non nécessairement en continu) permettent de prendre un peu de recul, évitant ainsi que le ressenti ne prenne le dessus sur l'analyse à froid.

Il en résulte que, malgré une identité artistique qui doit encore s'affermir, par l'élan d'inspiration dont il témoigne, cet album m'a procuré un certain plaisir, qui ne s'est pas démenti au fil des écoutes, et ce, depuis plus d'un mois.

Etant pourtant habitué à écouter et tester de nombreux albums de cette obédience stylistique, je dois reconnaître que ce groupe n'est pas à mésestimer autant que certains critiques (pas tous) ont pu le faire. Il s'agit de laisser le temps faire son oeuvre, et soit la magie finit par opérer, soit l'adhésion s'affadit. Difficile à prévoir. Mais, à mon humble avis, on peut laisser une chance à ce groupe de sortir de l'ombre sans trop l'égratigner.

Tout n'est pas parfait (comme précisé dans le dernier paragraphe), ce qui était déjà le cas pour certaines de ses illustres sources d'influence, mais je pense en toute honnêteté qu'on est sur la bonne voie. Je n'ai absolument rien à gagner à défendre ce projet qui est à appréhender pour lui-même, indépendamment des autres. Cela dit, j'avoue avoir un peu hésité pour la note mais, si je me réfère aux productions précédentes du groupe, cette dernière marque un pas en avant, même si elle ne révolutionne pas le style.
ericb4 - 09 Janvier 2017: @ MisterMayhem : Pas de soucis, on a le droit de ne partager ni mon point de vue sur cet album ni sa notation, que tu trouves plutôt généreuse pour ce qu'il te parait valoir dans l'absolu. Loin de moi le souhait de chercher à te convaincre de l'absolue nécessité d'aller plonger dans les entrailles de cette galette. Mais peut-être qu'à l'écoute de l'ensemble des morceaux mis bout à bout, à l'issue de plusieurs écoutes, sait-on jamais... Mais, je respecte ton avis, je ne vais pas chercher à le discuter. Si tu souhaites écrire à ton tour une contre chronique, pas de problème. Au contraire, il est toujours intéressant d'avoir deux ou plusieurs avis sur un album. Preuve qu'il suscite le débat, les passions, qu'il ne laisse pas indifférent. Une critique constructive, en somme, est toujours la bienvenue.

Comme dit, ce 16 (qui a fait l'objet de longues hésitations avec un 15, au vu de ma grille d'évaluation (reposant sur des critères bien précis)) est à relativiser, par rapport à l'évolution logistique et technique du groupe au fil du temps, indépendamment d'autres formations de même obédience stylistique. Or, pourtant moins bien produits, les premiers albums se révélaient déjà encourageants.

C'est dire que cette très bonne note est une note maximisée (coup de coeur compris), dans le sens où on ne peut dépasser ce seuil puisque l'opus ne se révèle ni excellent (17), ni brillant (18), ni très brillant (19) et encore moins parfait, en raison des quelques points qui restent à retravailler (vus en conclusion), pour en faire une oeuvre irréprochable. Certes, ils ne sont pas à mésestimer, mais n'entravent ni le confort ni l'agrément d'écoute procurés par cet effort, qui se parcourt d'un seul tenant, sans trop de problèmes. Et ce n'est pas parce qu'Alexander Krull est aux manettes, mais plutôt par ce qu'il m'a inspiré.
ericb4 - 09 Janvier 2017: @ Furia : les critiques ne sont pas unanimes sur cet album, c'est un fait. Mais il est clair que le considérer comme l'album de l'année, (comme je l'ai lu également), avec un 20 à la clé, ne se justifie pas. Tout à fait d'accord. En effet, malgré ses qualités et ses quelques carences, on ne peut pas en un seul album full length prétendre ajouter une pierre à l'édifice de son registre metal d'affiliation qui en ferait un incontournable manifeste du genre. C'est extrêmement rare dans le metal symphonique à chant féminin, en tout cas. Et celui-ci ne déroge pas à la règle.

Pour précision, personnellement, les notes dépassant le 16 ne sont pas légions. Pas plus de 4 en 2016 sur l'ensemble des albums chroniqués (et celui-ci n'en fait déjà pas partie pour 2017). Et quelques uns aussi qui n'ont pas atteint la moyenne, pour diverses raisons. Après, je n'ai pas la prétention de détenir la vérité absolue ou la totalité du sens conféré à une oeuvre. Il y a toujours une place à l'inachèvement que certains membres motivés peuvent prendre à leur profit en nous communiquant leur point de vue sur un même album. Pourquoi pas après tout, et même sur celui-ci...

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