Après la sortie de leur premier album
Ordered to Kill,
At War part sur les routes des tournées. Il y aura tout l’abord la tournée avec
Agnostic Front en décembre 1986 puis quelques mois plus tard leur fameux concert de
New York en première partie de
Possessed et
Slayer ; ces derniers utiliseront d’ailleurs le matériel d’
At War.
Tout se passe donc à merveille dans le plus beau des mondes.
At War a vraiment tout le potentiel pour faire partie des grands : du talent et une fanbase solide. Les maisons de disques comme Combat ou
Metal Blade leur font des yeux doux. Mais voilà, uniquement par sentiment de loyauté, le groupe décide de garder un gros boulet au pied : leur label New
Renaissance Record.
Il faut signaler que l’enregistrement de
Ordered to Kill a été entièrement financé par le groupe, New
Renaissance n’y a pas mis un sou. Le travail du label se cantonnait uniquement à la distribution. Pour
Ordered to Kill, on va dire que le boulot aura été satisfaisant pour ce qui est du continent américain ; puisque l’album sera même distribué en Amérique du Sud par l’intermédiaire d’un label brésilien. Par contre, chez nous, il n’y avait que dans les bacs import que l’on pouvait dénicher du
At War. Heureusement que nous autres, Parisiens, avions Juke Box !
En 1988, New
Renaissance demande au groupe une nouvelle démo. Celui-ci s’exécute et enregistre quatre morceaux du futur prochain album. Le label décide de les utiliser et sort un EP en édition limitée censé aider à la promotion de
Retaliatory Strike. En fin de compte, New
Renaissance avait surtout besoin de pognon et sortir un EP à moindre frais était bien venu pour eux.
Retaliatory Strike sera enregistré dans un studio de
New York. Aux manettes ce sera Alex Perialis qui avait déjà travaillé avec
Overkill,
Carnivore,
Testament et pleins d’autres. Le genre de producteur qui connaît bien son métier et sait comment doit sonner un groupe de thrash.
Et effectivement, l’enregistrement se passera à merveille et Perialis offrira au disque un son puissant et guerrier.
La recette ne change pas,
At War nous envoie toujours un gros speed thrash à la
Venom / Motörhead aux accents de guerre. Disons que par rapport au premier album,
At War ici se thrashise encore plus avec une influence de
Slayer assez nette. Sensiblement plus speed que le premier album,
Retaliatory Strike nous emmène en virée à bord d’un AH-64 pour aller pilonner les positions ennemies. A ce sujet, l’intro est d’ailleurs très explicite puisque c’est une conversation radio entre équipage d’Hélicoptères militaires en train de visualiser une cible et nous promet un feu très intense.
Ce feu très intense ce sont les neuf morceaux de l’album.
At War met les gaz tellement à fond que par moment on n’est vraiment pas loin du vieux hardcore thrashisé, surtout sur « Thinkin’ », ce brulôt de 45 secondes qui nous renvoie au
Agnostic Front de
Cause For Alarm et au
Corrosion Of Conformity de Animosity. Sur certains titres – le refrain de « Conscientious Objector » par exemple- on pourrait même trouver un petit côté
Nuclear Assault dans sa forme la plus thrashcore.
Un disque réellement monstrueux qui vous bombarde la tête d’images de guerre pendant 35 minutes. Il faut le dire,
Retaliatory Strike est supérieur à
Ordered to Kill à tout point de vue : musical ainsi qu’au niveau de la puissance et des atmosphères.
Ce disque avait le potentiel de faire partie des classiques du genre. Malheureusement, à cause de leur label bon marché, il sera très mal distribué avec une promotion égale ou inférieure à zéro. Un sabotage complet.
D’ailleurs pour le troisième album qui devait s’intituler Calculated
Risk, New
Renaissance voulait envoyer le groupe dans un studio bon marché et leur flanquer un producteur russe qui devait travailler pour rien. C’est là que le groupe a dit stop et s’est mis en arrêt. Une pause qui durera quand même 13 ans.
N'étant pas parisien, je comprends maintenant pourquoi je n'avais pas aperçu leurs albums dans les bacs ...
Encore des albums à inscrire sur ma liste de futurs achats !
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