Resurrection

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18/20
Nom du groupe Celtic Legacy
Nom de l'album Resurrection
Type Album
Date de parution 05 Octobre 2003
Style MusicalHeavy Metal
Membres possèdant cet album13

Tracklist

Limited to 1000 copies.
Special 2-CD Set
Bonus Disc - rare demos and remixes with 24 pages booklet about Resurrection's history
DISC 1
1. The Fallen 02:30
2. Live by the Sword 04:13
3. Guardian Angel 03:55
4. Resurrection 10:12
5. Children of the Sky 06:33
6. Timeless 05:35
7. Sloidephuch Doin 03:31
8. Shine 04:18
9. Always the Hero 05:42
10. Emania - Shadows of Moonlight 08:33
11. When a Stranger Comes 05:42
Total playing time 1:00:44
DISC 2
1. The Lonesome Boatman (Demo 1999)
2. Long Ride Home (Demo 1999)
3. Guardian Angel (Demo 1999)
4. Wandering Free (Remix 1999)
5. Lost Soul (Remix 1999)
6. Waterfront (Remix 2002)
7. Slóidephuch Dóin (Ack-Bye Mix 2003)
8. Stop Before You Kiss Me Goodbye (Demo 1995)
9. You Want It ? You Got It (Demo 1995)
10. Emania - Children of Moonlight (Demo 2003)
11. The Lonesome Boatman - Reprise (Demo 1999)

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Celtic Legacy


Chronique @ LeLoupArctique

15 Juin 2014

L'histoire d'un groupe qui a persévéré ...

Peu de groupes peuvent se targuer d'avoir traversé autant d'épreuves que le combo irlandais Celtic Legacy. Pour faire simple, trois albums autoproduits ont été sortis entre 1997 et 2009, et le groupe a connu trois séparations, une après chaque album. Ce sont principalement les problèmes d'argent qui ont eu la peau du groupe, qui subissait en même temps d'incessants changements de line-up (plus d'une vingtaine de musiciens ont fait partie du combo). Ah, un petit détail au passage : même si je doute que vous lisiez ce texte à voix haute, faîtes tout de même l'effort de prononcer "Keltic Legacy", c'est comme ça.

À Dublin en 1997 se forme un petit groupe, qui prend alors le nom de Mischief. Ce groupe est constitué sur les bases de Stomp, un groupe de reprises où sévissaient déjà Dave Morrissey, Dave Boylan ainsi que Sean McBride et Dezzie Joy qui apparaîtront plus tard dans l'histoire de Celtic Legacy. Mischief prend rapidement le nom de Celtic Legacy, et les musiciens sont plein d'entrain pour enregistrer un premier album. Si Stomp officiait dans un registre entre Hard Rock et Heavy Metal (en vouant une admiration sans borne à Thin Lizzy), Celtic Legacy en revanche prend une tournure beaucoup plus Folk, sans pour autant oublier ses racines heavy. En 1998, après déjà quelques modifications dans le line-up, le premier album éponyme sort, financé exclusivement avec l'argent des musiciens.

C'est là que les problèmes commencent réellement. L'album peine un peu à se faire reconnaître, mais c'est surtout le manque d'intérêt des maisons de disque pour le jeune combo qui agace. Tommy Branagan, le chanteur d'origine part, mais Celtic Legacy continue tout de même son chemin, et après avoir essayé divers remplaçants derrière le micro, c'est en la vocaliste Mel Shields que le groupe croit voir la résurrection.
Plein d'enthousiasme encore une fois, Celtic Legacy veut enregistrer une démo, essayant divers moyens pour se faire remarquer. Les nouvelles compositions affluent, Mel participant en plus des deux Dave à la création des morceaux. C'est à ce moment que sont composés les Guardian Angel, Slóidephuch Dóin, ou encore la ballade When a Stranger Comes. Mais c'est juste un peu plus tard qu'arrivent Live By the Sword, Children of Sky, et Resurrection, qui vont définitivement changer la musique de Celtic Legacy. En effet, les dublinois s'orientent de plus en plus vers le Heavy Metal, revenant un peu vers ce que jouait Stomp. Ces trois morceaux novateurs par rapport au premier album avaient donc été prévus pour figurer sur une démo, accompagnés d'une reprise de Massacre de Thin Lizzy.

Les six partent donc en studio, jouent leurs nouvelles compositions, et en repartent assez fiers. Dave Morrissey dira plus tard que les trois morceaux joués sur l'album n'ont pas du tout les mêmes vibrations, et manquent de fraîcheur pas rapport aux versions originales de cette démo. Les deux jours d'enregistrement se déroulent normalement, et à la fin de ces deux jours Dave Morrissey demande à l'ingénieur une première cassette de ces enregistrements. Grand bien lui en prit, car actuellement c'est la seule et unique trace de cette démo. Le lendemain il reçoit un appel lui disant que le studio a fermé, les enregistrements ont disparus, et l'ingénieur du son est parti en Espagne ...

Dave Morrissey a depuis diffusé sur YouTube les morceaux tirés de la seule cassette de la démo perdue. Malgré un son de très mauvaise qualité (dû au support utilisé), l'écoute de ces morceaux est un petit plaisir. Il en ressort aussi un sentiment de frustration, un sentiment de gâchis. C'est le seul enregistrement que l'on ait de Celtic Legacy avec Mel, et donc le seul avec une voix féminine. Le rendu est saisissant. L'adéquation entre le chant de Mel et le son heavy est troublante mais fascinante. Une grande sensibilité émane de sa voix, en particulier sur la reprise de Thin Lizzy.

La perte de cette démo est un nouveau coup dur pour Celtic Legacy, car ce sont eux qui ont encore une fois tout financé. Le groupe se retrouve ainsi vite à court d'argent, et des tensions internes refont surface. Après les départs consécutifs de la violoniste et du batteur, le groupe décide de se séparer complètement.
C'est là que Vladimir Hrubik entre en jeu. Cet allemand, fan de Celtic Legacy de la première heure, contacte Dave Morrissey fin 2002, lui demandant s'ils pouvaient enregistrer un nouvel album. Vladimir comprend vite quelle est la source de beaucoup de problèmes du groupe, et propose de réunir les fonds nécessaires en vendant un maximum de disques du premier album. Vladimir revient trois mois plus tard avec plus de quatre mille euros en poche, et entraîne une première reformation de Celtic Legacy. Une histoire semblable a eu lieu avec le groupe de rock progressif anglais Marillion, quand des fans ont financé la tournée américaine du groupe. Le phénomène est encore plus impressionnant ici, puisque Celtic Legacy n'avait sorti qu'un seul disque sans gros succès.

Des musiciens sont recrutés autour des deux Dave, et le nouvel album prend forme peu à peu, sur la base des compositions écrites avant la démo perdue. L'album sort en octobre 2003 ; son nom est Resurrection, faisant écho au long titre éponyme mais aussi bien sûr au renouveau du groupe. La musique du combo dublinois a beaucoup évolué depuis le premier album, et les cinq jouent maintenant un heavy metal aux guitares bien saturées, mâtiné d'éléments folk, tout en prenant la direction d'un son plus épique. Les influences de la NWOBHM se font sentir, de même que certaines inspirations Thrash et progressives.

Malgré l'aide de M.Hrubik, Celtic Legacy ne roule pas sur l'or. Ils tiennent cependant à faire les choses bien, et c'est pour cela que, si 1000 copies à peine voient le jour, les irlandais proposent en réalité un double CD (l'autre contenant des bonus) accompagné d'un livret très complet sur l'histoire du groupe. L'album connait un relativement gros succès à sa sortie, la popularité du groupe monte en flèche, et Resurrection se retrouve au bout de quelques années en rupture de stock. Il n'y a eu aucune réédition de la version originale, avec même double CD et volumineux livret. La seule réédition de Resurrection est sortie en 2008 dans le même boitier que le premier album. Si vous voulez cette version originale vous pouvez toujours essayer l'occasion sur internet ; il y a un an les enchères sont montées à plus de 2000 € ... Il y a environ six mois, Vladimir Hrubik recontacte les irlandais, et leur annonce avoir trouvé une vingtaine d'éditions originales de Resurrection, qu'il revend au prix d'origine. Mais là non plus ce n'est pas la peine d'essayer, votre serviteur a eu la toute dernière ...

Après ce cours d'histoire, passons si vous le voulez bien (mais avez-vous vraiment le choix ?) à la musique. Les dix morceaux qui composent cet album (en plus de l'introduction) sont dix bombes ; directes, puissantes, mais aussi tellement touchantes ...
The Fallen donne le ton de cet album : la musique sera triste dans l'ensemble, avec comme un air de nostalgie. La pluie et l'orage se font entendre, ainsi qu'une mélodie lointaine aux claviers qui se rapproche peu à peu. Cette belle intro montre que Celtic Legacy n'a pas oublié ses racines folk pour autant.

Les grosses guitares de Live by the Sword arrivent, et c'est parti pour de bon. On reconnait le thème qui figurait dans l'intro, mais qui bénéficie ici de la puissance des instruments électriques. Le Heavy Metal joué ici par Celtic Legacy est profondément épique et entraînant. La voix de Mark Guildea, mélodieuse mais rocailleuse, convient parfaitement à la musique et ses guitares bien saturées. Le pont avant le refrain donne un regain d'agressivité agréable, tandis que le solo, très "vieux heavy" dans le style, impressionne tant par sa technicité que sa mélodie. C'est un titre finalement assez simple de composition mais terriblement accrocheur.
Dans le même genre heavy épique on retrouve un Always the Hero un brin plus léger, mais tout aussi entraînant. La mélodie de début peut faire penser à du Tyr, mais le violon qui appairait à la fin donne une ambiance clairement celtique. Les deux morceaux sus-cités se terminent sur des sons de cloches qui confèrent à l'ensemble une atmosphère mystérieuse.

Slóidephuch Dóin l'instrumental joue les intermèdes, et donne une teneur beaucoup plus folk à l'album, sans pour autant utiliser d'instruments folkloriques. La mélodie se suffit à elle-même pour évoquer une musique plus traditionnelle.

Celtic Legacy joue aussi sur des titres plus longs, peut-être un peu plus recherchés et progressifs, mais moins rentre-dedans. Ce sont des titres où le côté épique est renforcé, de même qu'une légère tendance à la grandiloquence. Children of the Sky est une chanson basée sur la légende de l'enfant de Lir et qui bénéficie d'ailleurs d'une magnifique aquarelle dans le livret. Les guitares sont très mélodieuses, créant de beaux passages instrumentaux, ou des soli longs et langoureux, c'est selon. Le refrain montre les capacités de Mark à chanter dans un registre plus mélodique, et sa voix se fait plus douce.
Dans le même mouvance on retrouve un magnifique Timeless, un des morceaux les plus tristes de l'album. Le refrain est d'une beauté ineffable, la voix de Mark s'adaptant parfaitement à l'atmosphère, terminant ensuite la chanson par un cri aigu et puissant.

Emania continue dans cette lignée, avec huit minutes de pur bonheur épique et mélodique. Force est d'admettre que tous les titres de cet opus sont extrêmement bien composés, et très soignés malgré une apparence parfois assez simple. Emania voit par exemple en son centre une très belle partie folk et atmosphérique très reposante. Le solo est encore une fois impressionnant de technique et de mélodie. Et que dire de ce final ... Époustouflant ? Fascinant ? Transcendant ?

Si je perds mes mots pour Emania, comment pourrais-je décrire Resurrection, le titre éponyme ? Ce début calme et grandiose ... La voix de Mark qui nous parle encore une fois d'une bataille, de ses souffrances et ses tourments ... Mais les tambours de la guerre arrivent, rappelant au passage le Soldier of Fortune de Thin Lizzy, et on nous ramène à la réalité. Les envolés de Mark sont proprement jubilatoires (Until the resurrectiooooooon !), de même que les lignes de basse de Dave "Slim" Boylan. Dave Morrissey avoue que c'est la composition dont il est le plus fier, et on le comprend. Il s'est d'ailleurs taillé la part du lion, effectuant un solo à couper le souffle en milieu de morceau. Ces quelques lignes, issues de ce titre, sont peut-être celles qui résument le mieux l'opus :
"Marching off to war to the beating of a drum,
How many die until the war is won.
On this isle of love there is passion in our hearts.
We will prevail, we'll make a brand new start !"

La version normale de l'album se termine sur une somptueuse ballade, nommée When a Stranger Comes, véritable monument de mélodie. La voix de Mark nous berce jusqu'à la toute fin, pour terminer ce voyage en douceur ; voyage sensoriel au cœur de la verte Éire, ses paysages et ses légendes ...

Mais ce n'est pas fini ! Celtic Legacy a tenu à offrir un tour d'horizon complet de leur musique et leur personnalité, en adjoignant un deuxième disque. Ces bonus sont composés de versions démos de certains morceaux, de cet album et du précédent, ré-enregistrés ou remixés, souvent à la demande des labels. On peut par exemple entendre deux versions du magnifique The Lonesome Boatman, où Ciara Roe, la violoniste d'origine, fait des merveilles. On y trouve quelque inédits, comme le sympathique Long Ride Home, très heavy, peut-être trop d'ailleurs pour figurer sur le premier album. On a aussi l'occasion d'entendre la voix de Dave Boylan sur Guardian Angel, qui s'en sort très bien. Pour l'anecdote, cette version de Guardian Angel ne comporte pas de solo de guitare, M.Morrissey avait trop mal aux doigts pour faire son solo, donc c'est le violon qui s'en est chargé.

On retrouvera aussi un très beau Waterfront, ainsi qu'un majestueux Lost Soul. Les autres morceaux viendront détendre l'atmosphère, et conclure pour de bon ce disque impressionnant et fascinant.

Il aura été bien difficile d'évoquer cette période de l'histoire de Celtic Legacy. Tant de choses se sont passées, et il y a tellement à dire sur ce groupe ... Voilà un groupe qui a une histoire, et qui a une musique à faire partager. Dave Morrissey est conscient qu'avec cet album il ne gagnera pas beaucoup d'argent et qu'il n'y aura peut-être pas de bénéfice, mais il s'en fiche. L'effort fourni est plus important que le succès. Et le résultat est à la hauteur.
Cet album est le fruit d'un remarquable travail de groupe, alors que le line-up a été construit en très peu de temps ! Les morceaux sont eux-aussi tous de véritables perles, alors que certains ont été écrits à peine quelques mois avant la sortie du disque ! Quelle production aussi ! Ce son est unique ; modulable à souhait, permettant le meilleur impact quelque soit le type de composition. La production a néanmoins ses petites erreurs, ses grésillements (on jurerait parfois entendre un vinyle). La performance technique est elle aussi remarquable : les instruments sont au meilleur niveau. Il en va de même pour la voix de Mark Guildea. Quelle erreur de la part d'Iron Maiden de le refuser lors d'une audition en 1993 ! Quoiqu'il est peut-être meilleur ici, avec cette musique humaine et si chaleureuse ...

Resurrection c'est simplement l'histoire d'un groupe qui a persévéré. Et les fruits récoltés n'en sont que meilleurs.

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