Liste des groupes Metal Gothique Itinerum Resurgence

Mû par un vent d'inspiration renouvelé, voici le combo originaire de Guipuscoa – l'une des trois provinces du Pays Basque espagnol – enfin revenu dans les rangs. Une éternité pour la fanbase du groupe, lorsqu'on sait que près de trois années sépareront leur chatoyant premier album, « Dream and Fly » de son successeur, « Resurgence » ! Aussi effeuille-t-on une galette modeste de ses 34 minutes, où s'enchaînent sereinement neuf pistes, dont les trois singles « My Serenity », « Inequality » et « Symphony of Rage », sortis quelques semaines plus tôt. Ce faisant, cette seconde offensive constituerait-elle une arme de défense suffisante pour voir le collectif tenir en respect la sévère concurrence continuant d'agiter l'espace metal gothique à chant féminin ?

Déjà remarqué pour ses exigences en matière de production sur son premier méfait, le méticuleux collectif n'aura pas davantage dérogé à la règle concernant son successeur. Produit, enregistré, mixé et mastérisé à son tour aux Chromaticity Studios par Pedro J. Monge (pluri-instrumentiste (Southern Skies, Vhäldemar) et producteur (Blackhearth, Dormanth, Evil Seeds, Rise To Fall, Valkyria...) de son état), ce set de compositions bénéficie notamment d'enregistrements de bonne facture, où s'esquisse une belle profondeur de champ acoustique tout en ne concédant que d'infimes sonorités résiduelles. Cela étant, ce second élan permettra-t-il au collectif sud-européen de rejoindre dès lors les valeurs montantes de cet environnement metal ?

Dans cette seconde aventure, de l'équipage de la dernière traversée ne subsistent plus que Jorge Banobre à la basse et Ruben Conejo à la batterie, auxquels s'adjoindra Federico Wuttke, en remplacement de Matias Kamelman, aux guitares ; sans oublier la fraîche et cristalline empreinte vocale d' Anne. Avec le concours, pour l'occasion, de la chanteuse Leire Tejada (guest chez Incursed, Mercury Rex...) – déjà convoquée sur le premier opus – et du puissant vocaliste Unai Maestre (feu 13 Left To Die, feu Minerva).

Le groupe ainsi constitué évolue à nouveau dans un environnement metal gothique aux relents symphonique, atmosphérique et électro, cette fois davantage dans le sillage de Delain, Xandria, Lunatica et de Nemesea que dans celui de Phantom Elite ou encore de Lacuna Coil. Un essai à la fois bouillonnant, rayonnant, truculent et enivrant se dessine, jouissant, là encore, d'une technicité instrumentale bien huilée et judicieusement exploitée, ayant pour corolaire des sentes mélodiques, certes, parfois convenues, mais d'une redoutable efficacité. Mais suivons sans plus attendre nos quatre corsaires dans leurs pérégrinations marines, dans le secret espoir d'y déceler quelque îlot enchanteur...

Comme il nous y a déjà accoutumés, le combo se plait à distiller de prégnantes séries d'accords, comme en témoignent déjà ses pistes les plus endiablées. Ainsi, c'est cheveux au vent que l'on parcourra « My Serenity », engageant mid/up tempo aux riffs épais à mi-chemin entre Xandria et Nemesea ; doté de couplets finement ciselés, relayés chacun d'un refrain catchy mis en habits de lumière par les fluides impulsions de la sirène, le ''tubesque'' effort ne se quittera que pour mieux y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. Dans cette dynamique, c'est d'un battement de cils que l'impulsif « Inner War » aspirera le tympan du chaland, tant au regard de la délicatesse de ses orientalisantes oscillations que des insoupçonnées et galvanisantes montées en régime de son corps orchestral. Dans une même mouvance, difficile également de résister à l'envie d'esquisser un headbang subreptice sur l'entraînant « Under Rain », et ce, sous le joug de ses furieux et inaltérables coups d'olives et d'une ligne mélodique des plus invitantes, où semblent danser à l'envi les célestes modulations de la princesse. Enfin, le puissant et "gorgonesque" « Inequality », quant à lui, nous prendra dans ses filets sous l'impact d'un duo mixte en voix de contraste bien habité, les growleuses attaques de Unai Maestre faisant écho aux limpides patines de la belle.

Quand la cadence du convoi instrumental se fait moins alerte, nos acolytes trouvent là encore les clés pour nous happer. Ce qu'atteste, en premier lieu, « The Nobodies », ''delainien'' mid tempo aux riffs crochetés et à la basse vrombissante ; instillé de sémillantes séquences d'accords et pourvu d'un entêtant refrain mis en exergue par les angéliques inflexions de la déesse, ce hit en puissance poussera assurément à une remise en selle sitôt l'ultime mesure évanouie. Dans cette énergie, on ne saurait davantage esquiver ni le félin et ''xandrien'' mid tempo syncopé « Mother of Chaos », eu égard à l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre et à ses enchaînements intra piste ultra sécurisés, ni l'organique et ''nemesien'' « Till Dawn Do Us Apart », à la lumière d'un duo féminin en parfaite osmose et des plus grisants, où les claires ondulations de la frontwoman donnent le change à la chatoyante empreinte de Leire Tejada. On pourra non moins opter pour l'enjoué et orientalisant « Askja » pour son atmosphère délicieusement capiteuse comme pour la sensualité du filet de voix de l'interprète. Et comment ne pas se sentir porté par les vibes enchanteresses insufflées par l'aérien et ''lunaticien'' mid tempo « Symphony of Rage » ? Peut-être bien l'une des gemmes de l'opus.

En définitive, le combo espagnol nous livre une œuvre à la fois émoustillante, solaire, faisant fi de toute irrégularité harmonique et jouissant à son tour d'une ingénierie du son plutôt soignée. Plus varié que son aîné quant à ses ambiances et à ses lignes de chant, et doté d'un petit supplément d'âme le rendant particulièrement liant, c'est sans ambages que ce nouvel élan se fera incitatif à une remise en orbite dès la chute finale amorcée. Si ballades et fresques sont encore peau de chagrin et si une quelconque prise de risque n'est pas encore inscrite au cahier des charges, ses magnétiques sentes mélodiques, l'habileté de sa technicité instrumentale comme l'actuelle et ensorcelante couverture oratoire sont autant d'atouts permettant à ce second élan d'en atténuer les effets. Bref, un frénétique et troublant propos insufflé par le collectif ibérique, susceptible de le propulser désormais parmi les valeurs montantes de son univers metal d'affiliation. Affaire à suivre, donc...