Qui s’attendait à ça ?
Thy Catafalque est un groupe presque inconnu et pourtant ce one man band originaire d’Hongrie (maintenant établie en Angleterre) a tout pour devenir un très gros poison de la scène
Metal. Ceux qui ont pu écouter les premiers albums ont constaté que depuis le fameux
Róka Hasa Rádió (qui a considérablement participé à la popularité du groupe) les influences Black
Metal ont presque disparu pour laisser place à une musique beaucoup plus expérimentale et plus avantgardiste. A l’origine le groupe était constitué d’un autre membre (János Juhász) mais pour des raisons que je ne connais pas il a dû quitter le groupe car les deux membres étaient trop éloignés pour pouvoir travailler ensemble.
Rengeteg marque le premier album de Tamas Katai en solo. Le départ de son confrère semble avoir eu beaucoup d’effets sur
Thy Catafalque car dans plusieurs interviews Tamas Katai avoue avoir appris la guitare pour pouvoir enregistrer ce nouvel album.
Comment décrire la musique de
Thy Catafalque ? Cette musique qui n’est pas très technique est pourtant d’une complexité incroyable. On retrouve plein de genres musicaux mélangés dans cet album. On passe par le Black
Metal, l’Electro, le Prog, le Folk, le Heavy enfin par tout ce que vous voulez. Ce qui est extraordinaire c’est que ça se mélange incroyablement bien. Tout s’emboite tellement bien que ça en devient déconcertant. Les genres s’enchainent sans que ça agace l’auditeur. A la première écoute, je me suis dit mais qui est ce mec ? Il est dans un gros délire. Mais après un nombre incalculable d’écoutes, je me suis rendu compte que ce mec est un génie.
L’album entier est dédié à la nature (dont Tamas Katai est très attachée). Les passages folkloriques et le chant nous plongent dans un univers totalement différent du nôtre. Du début à la fin on voyage dans les contrés hongroises, dans une forêt très loin de notre monde. Et quand on termine ce voyage on en redemande encore (cet album tourne en boucle chez moi et dès qu’il est fini, je me le repasse tellement c’est bon). Le thème de la forêt est très largement mis en avant avec la pochette et le titre de l’album (en hongrois ancien,
Rengeteg est une vaste forêt sans chemin). La pochette est magnifique. Même si ce dessein est très simpliste il représente tout à fait la musique de
Thy Catafalque. Tout le long de l’album on navigue dans une forêt très aérée et claire (référence au soleil en haut à gauche). Alors qu’à certains moments c’est complètement l’inverse. Cette forêt qui semble si paisible devient sauvage et inquiétante (référence à la lune en haut à droite). Ce nouvel opus marque l’arrivée du groupe chez Season Of
Mist et enfin
Thy Catafalque a des gros moyens pour produire sa musique. Le premier constat c’est que la production est énorme et qu’elle convient énormément à ce genre d’album plutôt lourd. Cette production qui favorise les guitares (qui ont une forte distorsion) ne noie pas les mélodies et le chant clair.
Rengeteg s’ouvre sur Fekete Mezok un morceau très lourd au niveau de la guitare et de la batterie (une lourdeur qui sera présente sur la totalité de l’album surtout sur la guitare rythmique). Ce morceau est plutôt trompeur car ce qui semble être une piste très Black
Metal avec son chant écorché se transforme vite en un morceau aux caractéristiques folkloriques avec son clair (chanté en hongrois sur tout l’album) et ses mélodies de guitare. Après ce morceau l’album devient beaucoup plus folklorique avec Kel Keleti Szél, Trilobita, Ko Koppan et Vashegyek. Kel Keleti Szél et Trilobita sont des titres directs et moins posés que Ko Koppan. L’ambiance est plutôt à la fête même si la batterie et la guitare rythmique apportent toujours ce côté assez noir. Ce qui est vraiment plaisant sur ces morceaux ce sont les montées en puissance à la fin surtout sur Kel Keleti Szél avec la double pédale. Ko Koppan est par contre beaucoup moins violent (pas d’instruments électriques sur ce morceau). Ici l’ambiance est mise plus en valeur que sur le début de l’album. La guitare acoustique mélangée au chant clair, aux cordes et aux claviers crée une atmosphère paisible et donne vraiment l’impression de se balader en pleine forêt.
Le morceau suivant (le plus long de l’album) est certainement la pièce maitresse de
Rengeteg avec ces deux invités aux chants (
Attila Bakos et Agnes Toth). Vashegyek est un morceau aux ambiances complètement différentes et scindé en deux parties. Ces deux parties sont très contrastées. La première est beaucoup plus joyeuse et plus aérée alors que la deuxième est très chaotique. Au début ça démarre doucement avec seulement une guitare et quelques percussions. Puis arrive le chant féminin. Grosse claque, jamais j’avais entendu un chant aussi beau. Les guitares prennent le relais pour enfin laisser place à l’autre invité. Et là aussi le chant est tout simplement magnifique. Tout le début du morceau prend aux tripes et est très émouvant. Après huit minutes, le morceau devient plus inquiétant et violent. La batterie part en double pédale, les guitares et la basse suivent au même rythme jusqu’au retour du chant clair. Et ça repart pour ce déluge de violence jusqu’à la fin.
Le reste de l’album est plus expérimental et moins violent (sauf Minden Test Fu qui reste dans le même ton que le premier morceau). Kék Ingem Lobogó, Az
Eso, Az
Eso, Az
Eso et Tar Galyak Végül gardent toujours ce côté folklorique mais leur caractère change et créé une ambiance plus épique. Contrairement au début de l’album, la guitare rythmique qui était menaçante change de ton et provoque l’effet inverse (surtout sur la fin de Tar Galyak Végül). Le truc qui frappe beaucoup aussi c’est la sonorité de l’album vers le milieu et la fin. Le son est beaucoup plus moderne sur Az
Eso, Az
Eso, Az
Eso et Holdkomp (s’approchant même de l’Electro pour Holdkomp).
Franchement qui s’attendait à ça ? Qui aurait pu deviner qu’un groupe comme
Thy Catafalque arriverait à pondre un album de cette trempe ? Oui je mets 20/20 car cet album le mérite complètement (même si l’album parfait n’existe pas pour moi c’est celui qui s’en approche le plus). C’est violent, c’est mélodique, c’est émouvant et c’est beau. Pour moi tout est là et je ne me suis pas ennuyé du tout. Tamas Katai est un artiste accompli et un avenir radieux lui sourit.
Rengeteg est certainement un des meilleurs albums sorti en 2011. En tout cas il figure dans mon Top 3 de cette année avec
Torn Beyond Reason de
Woods Of Desolation et Maastaden de
Vildhjarta.
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