Faisant suite au bon et brut de décoffrage
The Lady Rides a Black Horse, le second album de
Gorgon s’inscrit dans une certaine continuité d’un Black
Metal épuré et rendant hommage aux grands noms des origines comme
Samael et
Bathory. Cependant plusieurs évolutions notables propulsent
Reign of Obscenity (1996) un cran au dessus de son prédécesseur, notamment une production un peu plus compacte (juste un petit bémol par rapport au son de grosse caisse trop fort) obtenu par Thierry Duhamel et son I.K.S. Studio, ainsi qu’une maîtrise instrumentale bien supérieure que par le passé.
Au niveau de l’artwork les antibois n’y vont pas avec le dos de la cuillère et annoncent la couleur clairement avec un rat éventré et empalé sur la croix… Le livret et les photos (je vous conseille le dessin noir et blanc au dos du livret) font également beaucoup plus pro qu’auparavant.
Dès l’entêtante instrumentale de départ enchaîné avec
Exhumed Under a
Shooting Star, on retrouve les éléments typés
Gorgon : riffs épurés, ambiances noires ainsi que la voix terrifiante de Chris. Mais les compos du groupe ont gagné en précision, en puissance et en subtilité et les journalistes de
Hard Rock parlerait sûrement d’album de la maturité… En effet les guitares de Chris et Brice se font plus travaillées comme sur le redoutable
Spiritual Incest résumant à lui seul la force du quatuor : l’agressivité mêlée à des parties plus atmosphériques grâce à des pointes de clavier judicieuses de la nouvelle arrivante, Florence, un titre aux consonances Heavy assez prononcées avec nouveauté, un solo en fin de titre.
Les labels semblent bien être les seuls à ne pas avoir remarqué le talent de nos gars, mais c’était l’époque où être français était un énorme handicap pour être signé (c’est un petit peu moins le cas désormais heureusement). Du coup,
Gorgon produit le disque par ses propres moyens, limitant la diffusion de l’album à un domaine confidentiel. Quel dommage, ce disque respire pourtant l’esprit « true », même les titres plus lents et atmosphériques comme The
Negative Light en sont imbibés jusqu’à la moelle. Quoi qu’on en dise le clavier est ici d’un grand intérêt, les réfractaires à cet instrument diront sûrement que c’est parce qu’il n’intervient qu’avec parcimonie… In Another Sea et son black atmosphérique permettent d’ailleurs à Florence de placer quelques notes judicieuses, qui combinées aux breaks, arpège de départ et riffs dynamiques, donnent au morceau un aspect réellement hypnotique.
Les hurlements de Chris sont un élément prépondérant dans la musique de
Gorgon. Sur In a
Grey Sky, celui-ci nous balance des hurlements d’agonie plus vrais que nature. Parmi les autres titres au dessus du lot, on citera aussi The
Lady Still Rides épique et noir.
Reign of Obscenity est de plus parfaitement équilibré, oscillant régulièrement entre des compositions posées et atmosphériques tel The
Negative Light et des choses rentre dedans comme Dance of the
Coffins.
True, puissant, mélancolique, atmosphérique sont des qualificatifs adaptés pour décrire cette bombe de Black
Metal français complètement et injustement passée inaperçue. Je conclurais bien en vous incitant à vous procurer d’urgence ce skeud mais ça risque d’être relativement compliqué vu le peu d’exemplaire en circulation.
Bonne chance.
BG
Réédité en 2019 par Osmose Productions.
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