Liste des groupes Metal Mélodique 23 Acez Redemption Waves

Toujours en quête de jeunes groupes prometteurs, nous allons, cette fois-ci, faire escale chez nos voisins belges puisque nous allons nous intéresser à un groupe issu de la scène locale. Le Royaume de Belgique n’est pas vraiment connu pour être une pouponnière de jeunes groupes pratiquant dans notre style de prédilection me direz-vous… et pourtant. Vous me citerez volontiers une poignée de formations extrêmes telles que les prolifiques Aborted et Enthroned, ou encore Ancient Rites. Cependant, aujourd’hui, nous nous écarterons de l’antre du Malin pour rejoindre des rivages beaucoup plus paisibles avec ce bien curieux groupe qui se définit lui même comme la réunion d’une bande de potes désireux de faire partager leur identité musicale bien au-delà des frontières du Plat Pays.

23 Acez…Un nom assez original pour une musique et des textes qui ne le sont pas moins. Déjà papa d’un premier album « Crossroads » pas franchement mauvais mais immature, le multi-instrumentaliste Benny Willaert a, de nouveau, exprimé son esprit créatif pour nous composer ce « Redemption Waves », enrichi de l’expérience scénique et d’une collaboration avec des musiciens issus de courants divers et variés. Globalement, nous pourrions qualifier la musique de Heavy Rock, j’insiste sur « globalement » car nos musiciens puisent leur inspiration dans un univers éclectique animés par de nombreux styles plus ou moins actuels.

Vous l’aurez donc compris, « Redemption Waves » n’offre pas un concept unique servant une seule étiquette mais une multitude d’influences insufflant une atmosphère et un caractère propre à chaque composition. Certains déploreront ce choix et soutiendront qu’un tel manque de constance ne peut être que le signe d’un manque d’inspiration évident engendré par l’impatience de sortir prématurément son album. Pour vous rassurer, sachez que les titres de cet album possèdent un certain charme et une identité propre.

Les dix compositions possèdent, en effet, une bonne dose d’énergie et de créativité. Les premières notes du très réussi « Loopholes » nous renvoient à un Heavy Rock racé de qualité avec un refrain taillé sur mesure pour la scène et pour faire adhérer le plus grand nombre. Mention spéciale pour la créativité des lignes de batterie qui osent la présence de roulements de double grosse caisse qui se veulent peu communs dans le style pratiqué.

Rien qu’à la première écoute, le groupe montre sa volonté de rendre sa musique accessible, animée par une fougue faisant oublier les quelques faiblesses dont il souffre, telles que certaines mises en place des lignées vocales ou un mixage parfois un peu approximatif.

Changement de titre, changement d’ambiance. Après un « Alone » typé FM/AOR un peu moins convaincant que son prédécesseur car noyé dans des nappes de claviers et dans la facilité (malgré une énergie indéniable), la sympathique ballade feutrée « The Bigger Picture » s’envole, fidèle à une tradition qui semble séculaire. Sans prise de risques et sans grande originalité, elle prouve toutefois que le groupe sait être versatile. La maitrise musicale est bel et bien présente, sans être grandiloquente… simplement au service de la musique pratiquée par 23 Acez.

Le changement de cap le plus intéressant pour nous s’opère avec le titre éponyme de l’album. Plus heavy, le grain de la distorsion devient rugueux et la voix se fait beaucoup plus agressive, pour notre plus grand bonheur. La transition entre les passages calmes et l’énergie brute de décoffrage déployée sur le reste de « Redemption Waves » se fait de manière naturelle. On décèle une bonne dose de créativité et d’initiatives musicales payantes, empruntées au courant alternatif US sous une forme alambiquée, très proche des Américains de Red, du moins dans l’esprit.

« Descending » et « From The moment » sont les points forts de cet album : le premier possède une structure qui me fait immédiatement penser au vieux spectre du feu et néanmoins talentueux « Psycho Drama » avec une cavalcade à la fois power (toutess proportions gardées) et progressive. Cette symbiose entraînante montre la capacité du groupe à maîtriser avec assurance les changements d’ambiance, de rythme, voire de style au sein d’une même composition. « From The Moment » est plus calme certes, mais toujours aussi attrayant de par la qualité de ses variations rythmiques et ses mélodies implacables. L’apport de nappes de claviers apporte un relief supplémentaire aux compositions de cet album.

Certes, il existe aussi du moins bon, notamment avec « My Blood » qui fait un peu pâle figure et minore notre engouement avec un côté électronique un peu indigeste. « Looking Back », avec son côté pop rock, ne décolle pas malgré l’énergie déployée. Peut-être est-ce ce côté un peu trop convenu et répétitif qui nous déçoit ?

Nous finirons cette écoute par "Morning Sun" dans la continuité de l’album. Rien à ajouter sauf un léger rictus lors de l’introduction au clavier, similaire à celle que l’on peut retrouver dans certaines oeuvres Viking/Black Metal. La suite nous dévoile un excellent titre de Heavy teinté FM où les refrains sont au top et l’énergie intacte du début à la fin.

En ce qui concerne le son, nous avons à faire à un son typé rock traditionnel, à savoir équilibré, peu puissant mais avec un spectre suffisamment large pour obtenir une belle définition sonore de l’ensemble des instruments. Le mixage met parfois un peu trop les arrangements, claviers et autres effets en avant, bien que ces derniers soient souvent réussis.

Il en résulte donc un album qui tient la route, à la fois classique, inspiré et possédant de multiples influences bien digérées. Il existe encore quelques petites failles qui n’occultent en rien le côté agréable de l’album, animé par une passion sincère qui mérite notre intérêt. A l’heure du revival hard FM, ce groupe a une carte à jouer…