Liste des groupes Metal Moderne Volturian Red Dragon

Suite à son introductif et sémillant opus, « Crimson », le quartet italien cofondé en 2019 par l'auteur/compositeur, guitariste, claviériste et vocaliste Federico Mondelli (Frozen Crown, Nocturna) et la chanteuse au cristallin grain de voix Federica Lana (Malefistum, ex-Sleeping Romance) n'allait pas s'arrêter en si bon chemin... Le voici donc de retour, deux ans plus tard, muni de son second effort dénommé « Red Dragon » ; galette de 10 pistes signée, elle également, chez le puissant label italien Scarlet Records. Dans ce dessein, aux côtés de nos deux maîtres d'oeuvre évolue à nouveau le bassiste Massimiliano Rossi, Alberto Mezzanotte (ex-Frozen Crown) se voyant, lui, remplacé par Andrea Zannin (Eternal Silence) derrière les fûts. Ce changement partiel de line-up symboliserait-il l'amorce d'un changement de cap pour nos acolytes ?

Pour rappel, Volturian est un projet metal moderne harmonisant la patte power de Frozen Crown, la mélodicité épurée de Delain, les grisants harmoniques d'Angelical Tears, les troublantes lignes vocales de Within Temptation (dernière mouture) et l'empreinte électro d'Amaranthe. De nouvelles sonorités estampées pop metal et électro gothique doublées de riffs plus aériens et de frappes un poil plus en légèreté s'insèrent désormais dans la trame de leur propos, inondant alors de leur présence les 37 minutes d'une rondelle à la fois vitaminée, fringante et solaire. Enregistré, finement mixé et mastérisé, une fois encore et tout comme pour Frozen Crown, Forgotten Tears, Proud Of That et Nocturna, par un certain Andrea Fusini, le méfait n'accuse que peu de sonorités résiduelles tout en offrant une belle profondeur de champ acoustique. Mais suivons plutôt nos quatre acolytes dans leurs pérégrinations...

A l'image du précédent effort, c'est sur une vivifiante cadence que s'effectue une partie de la traversée. Lui aussi introduit par une brève et linéaire entame instrumentale estampée électro, intitulée « Rebirth », le méfait ne saurait tarder à s'enflammer. Lui succédera alors un up tempo pop metal à la confluence entre Angelical Tears et Metalite, dénommé « Stay ». Voguant sur une sente mélodique certes convenue mais des plus entraînantes, sauvegardant sa tonicité percussive tout au long du parcours, et mis en exergue par les fluides inflexions de la sirène, le tubesque manifeste ne se quittera qu'à regret. On n'esquivera guère plus le ''delainien''« Freeze » au regard de ses riffs crochetés et de ses couplets finement sculptés. Plus en légèreté mais non moins pulsionnel, l'enjoué « Torn Asunder », lui, confère le double sentiment d'être en totale lévitation et de se voir propulsé dans un monde céleste à la vitesse grand v. On regrettera toutefois la brutalité du break, lui-même suivi d'inconsistants clapotis synthétiques, à une longue minute du point de rupture. Mais nos quatre compères ont encore d'autres arguments pour asseoir leur défense...

Quand il retient davantage les chevaux, le combo milanais trouve à nouveau matière à happer le pavillon. Ce qu'attestent, d'une part, « Harley » et « Burn It Up », félins mid tempi pop metal moderne, à mi-chemin entre Metalite et Delain. Décochant tous deux un refrain rendu immersif à souhait par les sensuelles patines de la déesse et faisant montre d'enchainements intra piste des plus sécurisés, ces engageants méfaits auraient les armes requises pour se voir aisément inscriptibles dans les charts. Dans cette mouvance, on ne saurait davantage éluder les aériens et organiques « Empty World » et « Bury Me » eu égard à leurs infiltrants cheminements d'harmoniques, même si la légèreté de leurs riffs les rapprocheraient bien plus de l'électro pop que du metal moderne originel du groupe. Ce dernier en viendrait-il peu ou prou à changer son fusil d'épaule ?

Lorsqu'il nous mène en d'intimistes espaces, le collectif nous élève loin au-dessus du plancher des vaches sans nous y faire redescendre une seule seconde. Ce qu'illustre « Distant Caress », ballade a-rythmique et céleste greffée sur un tapis synthétique aux portées sujettes, hélas, à de persistantes linéarités. Bien que mise en habits de soie par les troublantes volutes de la maîtresse de cérémonie, l'atmosphérique et tendre aubade se voit desservie par une ligne mélodique des plus insipides et une instrumentation minimaliste et peu loquace. Un secteur à reconsidérer par la troupe afin d'empêcher son propos d'y perdre en charge émotionnelle.

Au final, le combo italien nous convie à une œuvre à la fois pimpante, céleste et enivrante, jouissant tout comme sa devancière d'une ingénierie du son difficile à prendre en défaut. Fringant et engageant mais un brin stéréotypé sur les plans rythmique et atmosphérique, ce second méfait aux forts accents pop metal nous éloigne plus encore des fondamentaux stylistiques de chacun des membres du groupe. En dépit de la magnétique présence vocale de la frontwoman et bénéficiant de la qualité de ses arrangements instrumentaux, ce souriant manifeste se fait en revanche moins accrocheur, car bien plus convenu que son prédécesseur. Et ce ne sera pas le bien terne cheminement mélodique dont s'abreuve la laconique outro instrumentale, « Descent », qui démentira cet amer constat. On comprend que son argumentaire en dents de scie place ce 'Red Dragon' dans l'ombre de son aîné...