Né d'une idée originale de l'auteur/compositeur, guitariste, claviériste et vocaliste Federico Mondelli (
Frozen Crown) et de la chanteuse au cristallin grain de voix Federica Lana (
Sleeping Romance), Volturian est un projet metal moderne harmonisant la patte power de
Frozen Crown, la mélodicité épurée de
Delain, les grisants harmoniques d'
Angelical Tears, les troublantes lignes vocales de
Within Temptation (dernière mouture) et l'empreinte électro d'
Amaranthe. Une nouvelle aventure à laquelle ont également participé le bassiste Massimiliano Rossi et le batteur Alberto Mezzanotte (
Frozen Crown), avec le concours, pour l'occasion, de la vocaliste aux puissantes inflexions Giada “
Jade” Etro (
Frozen Crown,
Ashes You Leave, ex-
Tystnaden). Un pari osé, s'il en est, mais parfaitement assumé par l'expérimentée formation transalpine...
De cette fraîche mais étroite collaboration émane «
Crimson », introductif, pulsionnel, fringant et organique album studio d'une durée n'excédant guère les 36 minutes, écoulé chez le puissant label italien Scarlet Records. Enregistrées, mixées et mastérisées par Andrea Fusini, connu pour avoir oeuvré auprès de
Frozen Crown,
Forgotten Tears,
Proud Of That, entre autres, les 10 pistes de la galette bénéficient d'une qualité d'enregistrement de bonne facture doublée d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation et d'une belle profondeur de champ acoustique. Loin de sa zone de confort, power mélodique et metal symphonique pour l'essentiel, souhaitant dorénavant élargir le champ des possibles stylistiques et loin d'être sans armes efficaces pour assurer sa défense, le quartet italien n'en annonce pas moins la couleur de ses intentions...
C'est le plus souvent au cœur d'un torrent de lave synthétique que nous propulse le combo, avec quelques pépites placées çà et là sur notre parcours. Ainsi, passé la brève et dispensable entame instrumentale d'obédience électro «
Crimson Dust », la magie ne tardera pas à opérer. Et ce, à l'aune de «
New Life », premier et vibrant single à mi-chemin entre
Amaranthe et
Delain, où d'amples et dévorantes nappes synthétiques s'unissent tant à ses riffs crochetés qu'à ses inaliénables coups de boutoir. A la sirène, eu égard à ses délicates fêlures, et aux serpes oratoires de son acolyte de growler, de contribuer à magnétiser le tympan sur ce hit en puissance. Dans cette veine, tout en témoignant d'arrangements de fort bon aloi et suivant un infiltrant cheminement d'harmoniques, le second et mordant single «
Broken », quant à lui, revêt l'aspect d'une ogive qui aura bien peu de chances de rater sa cible. Et comment esquiver la délicieuse onde vibratoire générée par «
Forevermore », convenue mais rayonnante offrande pop metal que l'on entonnerait à tue-tête ?
Dans une même dynamique, certes moins directement orientés vers les charts, certains passages parviennent néanmoins à nous retenir plus que de raison. Ce qu'attestent l'entraînant « The
Killing Joke » et le pimpant « Days Before You Died » qui, au carrefour entre
Amaranthe et
Sleeping Romance, déversent leurs enjoués arpèges d'accords qui longtemps vous resteront gravés en mémoire. Dans chacun de ces champs de turbulences, où une plus discrète couverture synthétique au profit de riffs ici en retrait eût été préférable, évolue l'enivrant et identifiable filet de voix de la princesse. Et la sauce prend, une fois encore. Enfin, « Fading Like a Flower », l'un des titres emblématiques du groupe pop rock suédois Roxette, prend-il ici une inattendue, et somme toute magnétique, coloration électro metal, lui conférant ainsi une touche d'originalité, sans pour autant le dénaturer de son adn rock mélodique.
Sur un même modus operandi, mais en réponse à un désir d'élargissement de son offre, la formation italienne a opté pour un duo féminin au chant clair des plus inattendus, et in fine, des plus prégnants. Ainsi, calé sur des riffs corrosifs adossés à une frondeuse rythmique, harmonisant la féline colorature de Federica et les puissantes impulsions de Giada “
Jade” Etro. l'éruptif « In a Heartbeat » ne lâchera pas sa proie d'un iota. Headbangant à souhait, ce tubesque up tempo offre une heureuse fusion des genres entre l'empreinte symphonique de
Sleeping Romance, les aspérités et fulgurances de
Frozen Crown et la touche électro d'
Amaranthe. Sans doute l'un des gemmes de la galette.
D'une coloration power plus prononcée, nous faisant plus volontiers renouer avec la tradition metal de ses auteurs, d'autres pistes ne sauraient davantage être éludées par le chaland. Ce qu'illustre, d'une part, «
Haunting Symphony », up tempo à la croisée des chemins entre
Frozen Crown et
Angelical Tears, doté d'un tapping effilé, glissant sur une enchanteresse rivière mélodique et mis en habits de lumière par les fluides inflexions de la déesse. On retiendra, d'autre part, l'offensif « Between the
Sleepers » aussi bien pour ses insoupçonnés et ondulants gimmicks guitaristiques, son inébranlable et galvanisante énergie percussive, qu'au regard de son entêtant refrain.
Nous éloignant le plus souvent des fondamentaux stylistiques de chacun de ses membres, le quartet italien nous propose ici un original patchwork où s'harmonisent metal mélodique, symphonique, power et électro, assortis d'une touche pop-rock. A la fois volontiers accrocheur, éminemment tonique et sans fausse note, le méfait se dote parallèlement d'arrangements instrumentaux et d'une ingénierie du son plutôt soignés. Cependant, accusant un manque cruel de diversité atmosphérique et rythmique, les exercices de style dispensés tendant, peu ou prou, à l'uniformité, en dépit de lignes de chant difficiles à prendre en défaut et du confort auditif procuré, l'opus ne pourra prétendre inscrire dores et déjà le collectif transalpin parmi les valeurs montantes du metal moderne à chant féminin. Arguons qu'il s'agit-là d'une heureuse fusion de styles et de talents unifiés pour l'occasion dans un projet metal à part entière, tel une parenthèse dans la carrière de chacun de ses membres. Une sémillante respiration, un brin stéréotypée, toutefois susceptible de pousser le chaland à une remise du couvert sitôt l'ultime mesure de la rondelle envolée. Pour le plaisir de la (re)découverte...
Note : 14,5/20
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