Liste des groupes Thrash Metal Recipients Of Death Recipients of Death

Cela peut paraitre un peu ridicule à notre ère où certains styles ont repoussé les frontières du concept de violence musicale, mais Recipients of Death jouait en 1988 du thrash brutal, sans doutes l'un des plus acharnés du genre et de l'époque jamais entendus aux côtés de l'incontournable "Darkness Descends" de Dark Angel.

Comme son illustre contemporain, l'album éponyme évolue dans un thrash underground et véhément, bien que toujours très distinct du death. Le son est crépitant, les riffs s'écorchent en aiguë en fin de séquences comme sur "Carnage" ou encore "Gunned Down", s'abbattent à toute allure et s'enchainent de manière presque indiscernable car les transitions sont bien trop impulsives pour cela. Ce manque de distinction donne une impression de rideau infranchissable, monolithe de riffs nourri d'un tapis de bombes rythmiques à l'instar de "Raping Death".

Toutefois, là encore comme l'opus de 2 ans son aîné, tout le plaisir réside dans cette sensation de chute intraitable de cette fameuse épée de Damocles que l'on subit sans préambule de tout son poids, insoutenable, comme pour un bon vieux Slayer. A ce jeu-là, un "Fleshburn" tient tête aisément à un "Merciless Death" ou un "Raining Blood" même si son impact reste indéniablement moins percutant que ces deux classiques.

Rugueuse, brut, la production quelque peu sale joue beaucoup dans ce ressentiment de thrash de garage, ce qui lui attribue une valeur authentique de tout premier choix. Plus que sale, imaginez plutôt une absence de production, Wild Rags Records n'ayant pas l'air d'avoir misé un kopeck sur l'avenir du groupe de Los Angeles.

Malgré tout ces aspects opiniâtres, Recipients of Death parvient à conserver une certaine fraicheur avec un tempo entraînant sur lequel danse la violence comme sur les "Seizure" et autres "The Aftermath". Dans le même ordre d'idée, le chant est comparable à Nicke "Ripper" Johansson d'Hexenhaus notamment dans "Necropolis" et, malgré un ton acéré, évite judieucement la surenchère et donne plus d'équilibre à la balance générale de l'album.

L'EP "Final Flight" joint à l'album offre une musique indiscutablement similaire, mais bénéficiant d'une production plus poussée lui offrant un aspect plus carré au prix de la perte d'un poil d'authencité. Le titre du même nom est époustouflant de justesse: un véritable classique refoulé avec son flow assasin de lyrics dans la seconde séquence. "Behing Closed Doors" nous delivre ensuite ce même bonheur.

On notera quand même des sonorités plus heavy avec un jeu de guitare plus languissant comme dans "Recrimination" ou même typées bon vieux hard rock comme un "Democratic Lie" qui, après un soli "F.O.A.D (Intro)" sympathique car grésillant, finit la boucle avec un bon thrash de roadies, à l'instinct rock'n'roll et au parfaum d'asphalte fumant.

La conclusion semble s'imposer d'elle-même. Sans aucune prétention ni moyens et avec un minimum d'ambition, Recipients of Death nous délivrait un album étonnament extrême pour l'époque. Même de nos jours, il reste encore très digne. Il fait partie de ces albums oubliés de la mémoire collective dont certains puristes ou archéologues du thrash rêveraient de tomber dessus tous les jours.