Liste des groupes Metal Alternatif Ilia Reborn

Dans le registre hétéroclite du metal alternatif, nombreuses sont les formations à avoir opté pour une oscillation du metal vers le rock. Et ce jeune quartet texan n'a pas échappé à cette tendance. Prudent dans sa démarche, il ne s'est pas aventuré dans la création d'un album full length, exercice éminemment aléatoire lorsqu'on est en phase de démarrage. Le combo a plutôt opté pour l'auto-production d'un mini cd.

Pour se démarquer des groupes à chanteuse lyrique, devenus légion, ce combo nous livre un autre paysage oral à l'instar de la voix aigre-douce, quasi linéaire et un poil écorchée vive de Suzi Martinez. Ce qui n'est pas sans évoquer Paramore ou encore The Cranberries, selon les morceaux. Tout aussi sobre, l'instrumentation se limite au classique et sommaire trio guitare/basse/batterie, accompagné de quelques arrangements, mais sans effusion inutile.

Cette rondelle inclut sept titres d'une durée standardisée, s'étalant sur moins de vingt-huit minutes. Précisons que deux des morceaux incluent d'une part une version acoustique de l'un des titres originaux, d'autre part, une option radio edit d'une seconde piste. Ce qui nous ramène, sommes toutes, à vingt minutes à peine de création pure, témoignant néanmoins d'une instrumentation honnête et d'une technicité relativement convaincantes. Cela étant, le mixage encore approximatif ne permet pas toujours aux parties vocales et orchestrales de communier sous les meilleurs auspices. Toutefois, les lignes mélodiques ne sont pas de mauvais aloi et suivent une rythmique rafraîchissante.

Le point d'orgue de l'opus ne se laisse pas capturer immédiatement. En effet, celui-ci se love au cœur de l’œuvre. Et ce, lorsque apparaissent les premières mesures à la guitare acoustique de la ballade progressive "My Allegiance". De fins arrangements permettent une mise en valeur des sensibles inflexions de l'interprète. Parallèlement, les notes de guitare roulent et d'inquiétants screams s'invitent à la noce. C'est alors qu'un break au piano vient interrompre le fil du morceau avant de se faire prendre en étau par une énergique reprise en guitare/voix. Un véritable embrasement progressif se fait jour aussitôt, contrastant ainsi avec quelques savants arpèges au piano, ces derniers venant fermer la marche. Aussi, ce titre s'apparenterait dans sa forme à un hit. D'ailleurs, il a justement été repris en outro en version radio qui, toutefois, n'apporte pas de réelle variation à la mouture originale.

Lorsque le tempo s'accélère, l'exercice s'avère encore impactant, à la lumière du trépidant "Young Diaries" ou du revigorant "Loving Led". Le premier titre se pare d'un tapping mordant, d'une puissance de basse étonnante et d'une prestation vocale monocorde mais aux subtiles nuances, à la façon des Cranberries. Cela dit, c'est surtout le break au piano, suivi d'une voix éthérée de femme marmonnant quelques propos indicibles que vient interrompre un imposant screamer, qui attire l'oreille. Et ce, notamment lorsque l'orchestration se fait rugissante au fil des notes en suspension de ce fringant clavier. Belle dynamique aussi concernant la seconde piste. Sur une rythmique rock, cette fois, les guitares rutilent et quelques perles de pluie synthétiques s'échappent comme pour nous inviter à suivre les filets harmoniques jusqu'au bout. Dans la même veine s'inscrit l'entame "As Winter Stays" aux riffs frondeurs et aux belles nuances atmosphériques. Si les couplets se montrent ici incitatifs, les refrains affadissent quelque peu l'ambiance. Un break vocal suivi d'une reprise en guitare/voix interpelle néanmoins le pavillon. Dommage que la chute soit aussi radicale en fin de parcours.

Le combo a su varier également sa rythmique d'ensemble. Ce qui se remarque sur le plombant "God Disguised", aux accords lumineux et aux savants changements de tonalité. Un duo mixte apparaît alors au beau milieu d'une rythmique devenue syncopée. Cependant, l'accroche s'opère différemment sur la version acoustique. Forcément plus dépouillée dans son instrumentation, elle permet toutefois une belle mise en relief des qualités vocales et des jeux de correspondances entre les deux interprètes. Les nuances relatives aux impulsions vocales de chacun sont alors rendues plus perceptibles. D'où l'intérêt des deux approches mises côte à côte dans la tracklist.

Si l'ensemble se laisse parcourir sans encombres, les défauts de production ne sont pas rares et les finitions sont encore à parfaire, ce qui peut s'avérer usant à la longue. D'autre part, les enchaînements se montrent plus convaincants certes, mais le dispatching autant que les répétitions de titres peuvent éroder l'attention. On aurait aussi souhaité des textes mieux ciselés et une empreinte vocale plus affirmée. En l'état, la jeunesse affichée du combo est apte à nous stimuler, mais sans nous faire oublier pour autant ni le manque de prise de risques techniques, ni l'insuffisance béante des soli.

Bref, pour une écoute ou deux, ou simplement pour le plaisir de la découverte, ce premier opus pourra intéresser les férus de metal alternatif à chant féminin. Mais, sans un effort supplémentaire sur les détails de la production ainsi que sur les prestations en live, ce groupe court le risque de ne pas se démarquer suffisamment de ses homologues artistiques pour s'imposer, ou pire, de rester en retrait de cette scène metal-là. C'est dire qu'en l'état, il en faudra bien plus pour retenir un auditoire élargi.