Realscapes

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13/20
Nom du groupe In.Verno
Nom de l'album Realscapes
Type Album
Date de parution 2009
Labels Self-Produced
Style MusicalMetal Mélodique
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1. Scapes of Reality 01:46
2. Living in Vain 07:53
3. 30 Hours of Pain 05:55
4. Human's Inside Pt 1 - Weakness 04:29
5. Human's Inside Pt II - Doubt 02:52
6. Human's Inside Pt III - Strength 06:41
7. Unmask 06:21
8. Confession 11:01
Total playing time 46:58

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In.Verno


Chronique @ ericb4

24 Mai 2016

Des efforts louables pour une œuvre honnête aux multiples rebondissements...

Encore discret sur le circuit metal mélodique gothique à chant féminin international, le groupe espagnol originaire de Vigo œuvre pourtant activement en studio depuis quelques années déjà tout en se laissant le temps de peaufiner ses travaux. Pour preuve, en guise de préambule, le combo n'a sorti « In Darkness Again », initiale et modeste démo, que 4 ans après sa création. Il aura fallu patienter 4 autres longues années pour que sorte de terre « Realscapes », premier et généreux album full length de 47 minutes sur lesquelles s'enchaînent 8 titres d'inégale longueur inspirés tour à tour par les vibes de Lacuna Coil, All About Eve, Evanescence ou encore Dream Theater. Une œuvre qui témoigne d'une qualité d'enregistrement convenable et d'un léger sous-mixage des lignes de chant, tout en ayant soigné ses enchaînements inter pistes et laissé peu de notes parasites perturber l'écoute de la galette. C'est sur ces bases logistiques et techniques que le collectif ibérique nous embarque dans ses fines compositions metal mélodique gothique et progressif, aux relents symphoniques, avec quelques touches dark. Tel est le programme auquel nous convient Laura Comesaña (chant), Xan Bellón (guitare et growls), Fran Álvarez (guitare), Juan Fernández (basse), Jorge García (batterie) et Enrique Martín (claviers). Aussi, avec cet équipage en comité accueil, prenons le large à bord de la goélette.

Là où le combo marque déjà ses premiers points concerne les pistes d'obédience metal gothique progressif, exercice dédoublé selon un même modus operandi. D'une part, de doux arpèges au piano nous introduisent dans l'atmosphère sulfureuse de « Scapes of Reality », bref instrumental progressif aux allures de générique d'une production hollywoodienne. Peu à peu, blasts bien enlevés, riffs vrombissants, rythmique resserrée et nappes synthétiques virevoltantes prennent le pas et, ce faisant, nous aimantent déjà le tympan. Le combo, par un habile fondu enchaîné, nous immerge dans les entrelacs d'un corpulent et martelant « Living in Vain », frondeuse piste mélodique gothique aux relents prog et dark. Le riffing se fait incisif et la rythmique enjouée, pour une traversée aux harmoniques bien amenées et selon des gammes finement esquissées. En outre, un pont mélodique autorise une pause bienvenue avant une reprise aux multiples rebondissements instrumentaux et vocaux, où la belle, avec de faux airs de Julianne Regan (All About Eve) dans les notes médianes, se fait talonner par un bestial et tranchant growler. Par moments, une ambiance mordorée typée cabaret sur fond de piano en goguette offre des effets de contraste supplémentaires à une plage qui n'en manque pas.

Ce schéma se retrouve sur un second enchaînement. L'instrumental « Human's Inside Pt II - Doubt », d'obédience metal gothique progressif, conjugue à merveille un fringant et habile piano et une romantique guitare acoustique le long d'un séduisant cheminement mélodique aux séries de notes parfaitement harmonisées entre elles. Lorsque les feux follets s'installent, eu égard aux riffs graveleux qui, peu à peu, embrasent la forêt, et qu'ils taquinent le vénéneux serpent synthétique, l'impact s'effectue sans sourciller. Lorsque piano et lead guitare s'infiltrent dans le bouillon, le spectacle est total et l'on frissonne. Dommage cependant que la clôture soit aussi brutale. Mais, l'enchaînement s'opère sainement sur son voisin de bobine « Human's Inside Pt III - Strength », dans la même veine stylistique. Cette fois, on croirait se perdre en de complexes frasques technicistes sur les couplets, dont le tracé mélodique s'avère approximatif. Les jeux de correspondances entre lead guitare, synthé, basse et batterie offrent de larges espaces de libre expression autorisant quelques passages aux forts contrastes atmosphériques, aux accords effilés, quelque peu inattendus, voire déroutants. Cela dit, si l'on suit le convoi instrumental avec intérêt, la sirène tendrait à perdre de son aura dans ce pléthorique environnement orchestral. Lorsque la machinerie s'emballe, on se prend au jeu, même si les refrains manquent un peu de ce sel qui les aurait rendus magnétiques. La fin de l'acte ne le rachètera pas, nous déboutant par des impulsions vocales peu ragoûtantes et une césure abrupte.

Sinon, le collectif a également musclé son propos, intensifié ses frappes, le propos regorgeant de plans rythmiques aussi émoustillants que ravageurs. Ainsi, l'offensif « 30 Hours of Pain », titre metal gothique aux riffs graveleux et à la rythmique syncopée, dans la lignée d'un Lacuna Coil des premiers émois, dissémine quelques perles de pluie synthétiques inattendues et de sémillants gimmicks à la lead guitare. Alors qu'un piano par ses gammes prend des airs d'engageant fil conducteur, la sirène déambule sur sa piste avec célérité, nous plaçant au contact d'inflexions bien senties dans les médiums. Dans cette atmosphère à la fois vivifiante et évanescente, les refrains se montrent plutôt agréables, voire prenants même s'ils s'avèrent relativement triviaux. Dans cette mouvance, le puissant et magmatique « Human's Inside Pt I - Weakness », diluvienne piste gothique aux relents orientalisants, use de riffs effrénés, d'une rythmique sèche et plombante et d'une solide et fouettante assise percussive pour nous rallier à sa cause, et ce, non sans rappeler Dream Theater. Quelques gammes organiques infiltrent en douce les rayonnantes harmoniques et les plans guitaristiques successifs témoignent d'une technicité éprouvée. Mais hélas le spectacle n'offre qu'une pâle lueur, desservi par une ligne mélodique linéaire aux accords complexes, voire inextricables, pour le moins, peu propices à l'adhésion. Dans cette profusion instrumentale émerge en creux une légère empreinte vocale, ayant malgré elle subi les affres d'un persistant sous-mixage, frustrant d'autant plus largement ses furtives apparitions.

Par ailleurs, exercice souvent convenu dans les œuvres prog, une longue plage aux multiples rebondissements nous est octroyée, à considérer à part entière dans ce message musical. Ainsi, le groupe n'a pas omis de nous octroyer sa fresque, à l'instar de « Confession », monumental morceau de clôture à tiroirs de 11 minutes, dans la lignée de Dream Theater. Sur ce titre polyrythmique on évolue au fil d'un riffing grésillant, d'un fringant piano aux chatoyantes teintes ibériques et où la belle se cale dans de séduisants médiums, parfois rejointe par les growls caverneux de son comparse. Un joli solo de guitare au picking alerte retient l'attention ainsi que la pureté des gammes et des rampes au piano. Par moments, la rythmique devient syncopée tout en s'asséchant, conférant alors une pointe d'agressivité à un ensemble bien habité et installé sur un cheminement harmonique sécurisé. Cela dit, les effets de contrastes s'avèrent un poil trop marqués, les breaks non nécessairement opportuns et la ligne mélodique est en proie à des oscillations pas toujours bien contrôlées. On appréciera toutefois les derniers arpèges à la guitare acoustique, fermant la marche sur une note tamisée. La prestation s'avère donc techniquement convaincante, surprenante, parfois déconcertante, agréable à défaut d'être imparable.

Pour terminer sur une note positive, le groupe s'est révélé particulièrement à son aise dans le secteur des passages tamisés, livrant ses mots bleus avec une grande sensibilité et faisant montre d'une recherche mélodique approfondie. D'abyssaux arpèges au piano nous immergent dans l'univers enchanteur de « Unmask », soyeuse ballade progressive en deux temps, dans la veine d'Evanescence, mise en habits de lumière par une inspirée et touchante déesse. Couplets et refrains alternent avec fluidité, offrant leur grâce et leur subtil parfum de rose à nos tympans alanguis. Les séries de notes ainsi coalisées et investies restituent à la perfection chacune des portées contenues dans la partition. Ce faisant, elles offrent une rayonnante lumière mélodique, témoignant d'une inspiration de tous les instants de la part de leurs auteurs, délivrant une charge émotionnelle difficile à contenir. Aussi, le déclenchement inconscient d'une larme ne pourra être esquivé, notamment à mi-morceau, dès les premiers assauts d'une ample orchestration, où une heureuse combinaison des éléments s'installe, octroyant une délectable gourmandise pour une totale jouissance de nos pavillons. On remarquera enfin un souci accolé aux finitions, le titre ayant bénéficié d'un serein et prolongé dégradé de l'intensité sonore. On l'aura compris, le combo détient, à l'aune de cette féérique composition, son arme fatale...

Au final, on aborde un propos qui s'est laissé le temps nécessaire à sa pleine maturité, les qualités logistiques et techniques observées en attestant sur la longueur de la roborative galette. Un travail rigoureux et créatif sur les contrastes d'ambiance et les effets de surprise transpire par tous les pores de la rondelle, au grand dam de déroutantes variations rythmiques, brisant d'autant quelques lignes mélodiques a priori avenantes. C'est précisément dans ce secteur que le combo devra ajuster le tir pour espérer l'emporter avec les honneurs et ainsi opposer une farouche résistance à une concurrence galopante dans ce registre metal. Toutefois, la plupart des exercices ont été réalisés avec soin et un zeste d'inspiration, notamment les pièces instrumentales, progressives et la ballade, permettant aux amateurs de metal gothique mélodique à chant féminin de se familiariser et d'apprécier les talents conjugués de nos acolytes. On attend dorénavant un second effort de longue durée qui, nous l'espérons, aura pu monter en gamme et gommer les quelques irrégularités de leurs premiers travaux. Wait and see...


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